Deuxième café

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Ymir était revenue. Et une routine s'était installée. Le matin, la brune arrivait et demandait un café bien noir et sans sucre. Elle le buvait en se délectant des saveurs puis elle allumait son ordinateur. Parfois, quelques lignes lui venaient avant d'être aussitôt effacées. Lors de sa pause Mikasa venait la voir et elles papotaient comme de vieilles amies qui se retrouvaient. Certains jours elle pouvait aussi parler à Eren, l'un des gérants, qui s'était d'ailleurs platement excusé pour son comportement un peu déplacé. Ils pouvaient parler pendant des heures de livres sur tous les sujets possibles. Le jeune avait bien lu ses œuvres et les avait beaucoup aimées. Quand il avait compris qu'il se trouvait devant l'un de ses auteurs favoris, il avait dû se retenir de sauter de joie et de la forcer à prendre un stylo pour lui signer un autographe sur une serviette en papier. Ils avaient développé une relation particulière qui leur plaisait au quotidien. Ils s'étaient attachés et étaient devenus amis.

Au détour des conversations, la jeune femme avait fini par lui expliquer les raisons de son trouble et étonnamment, cela ne l'avait pas beaucoup étonné. « Beaucoup d'écrivains très célèbres ont eu le syndrome de la page blanche à un moment donné, lui avait-il dit. » Bien sûr, Ymir n'était pas sans le savoir mais le subir lui faisait prendre d'une toute autre facette la question. Tout est différent quand on est soi-même atteint d'un mal.

Comme tous les jours à présent, la brune était installée à la même table sur la terrasse , ne rentrant dans le café que lorsque le temps n'était pas au beau fixe. Hors le soleil brillait sans nuages à l'horizon. Elle buvait son café tranquillement, prenant son temps. Elle avait beaucoup de recherches sur comment retrouver l'inspiration et sur le syndrome de la page blanche en général. Et autant dire que pour la première recherche, le résultat n'avait pas été très concluant. Majoritairement, le premier point qui revenait sur les différents sites qu'elle avait étudié était : laissez faire le temps. Elle avait fortement dû l'aura noire qui l'avait enveloppé, de même que son irrépressible d'hurler toutes sortes d'insultes envers ceux qui avaient créé ces sites. Le second conseil récurant était de s'aérer l'esprit. Sauf qu'elle le faisait tous les jours. Ensuite c'était de changer totalement d'environnement et son avis était assez partagé sur ce sujet. Ymir s'était habituée à sa routine au café et elle se voyait mal tout plaquer pour aller faire une petite virée en campagne alors qu'elle n'aimait pas ça. Elle préférait l'effervescence de la ville. Pour faire plus simple, elle désespérait.

Mais il y avait bien un point qui s'était amélioré : c'était au niveau des maisons d'édition. Elle les avait contactés et leur avait expliqué le plus concisément possible son petit problème. Les réactions avait été assez... unanimes. Les directeurs lui avaient rapidement fait comprendre qu'elle devait se dépêcher de retrouver l'inspiration pour recommencer à écrire au plus vite. L'écrivaine avait dû se retenir de leur raccrocher au nez en les insultant de tous les noms d'oiseaux connus et d'autres mots plus ou moins fleuris.

Seule une personne avait un minimum compati à son malheur. Une certaine Hansi qui gérait une petite maison d'édition mais qui commençait à doucement se faire un nom dans le marché. Au téléphone, elle avait semblé très enthousiasmée à l'idée de pouvoir travailler avec la brune même si cela devait être dans un petit bout de temps. Peut-être même un peu trop. L'éditrice n'arrêtait pas de s'extasier à tout bout de champs durant toute la durée de l'appel et Ymir s'était récolté les regards désapprobateurs des passants étant donné qu'elle se trouvait au café à ce moment-là. Mais même avec ce caractère un peu excessif, l'écrivaine était contente d'avoir une personne qui serait toujours derrière elle, prêt à recevoir ses futurs projets. S'il y en avait...

Soudain quelqu'un posa brutalement ses mains sur ses épaules et elle manqua de s'étouffer avec la gorgée de café qu'elle venait de prendre. Une autre main, plus douce mais également plus grande, vînt gentiment lui frotter le dos pour qu'elle puis reprendre sa respiration.

Cette page blanche [YUMIKURI]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant