Burn out. Le diagnostic était tombé. Profonde dépression due au stress d'une vie professionnelle trop intense. Hé oui ! j'ai fait un burn out à cinquante ans. ça fait plus d'un an et demi maintenant et c'est ma petite soeur qui a pris mon existence en main. Elle gère tout, mes trois ex femmes, mes comptes en banque, mes biens immobiliers, ... et le lieu où je vais vivre. Ma vie de courtier est terminé, j'ai bien failli me foutre en l'air. L'alcool, les femmes, les potes ; donc le manque de repos, le stress du rendement : un magnifique cocktail. Après pas mal de séances avec mon psy, "j'ai mis des mots sur mes maux" comme il dit. J'ai le droit à une pause de tout : du psy, de mon boulot, de la vie stressante en ville. Mathilde, ma petite soeur, avocate dynamique, va m'installer dans la vieille bicoque de notre grand mère, à la campagne. Inhabitée depuis des années, elle doit sentir le renfermé. Mathilde s'est chargée de la faire nettoyer, remeubler, et d'arranger un peu les extérieurs pour que je n'ai rien à faire, aucun soucis. Je me dis que je vais m'y emmerder dans sa maison à la campagne, loin de la civilisation. Elle m'a juste relié au monde par le téléphone fixe et la télévision. Heureusement que nos parents y avait fait installer l'eau courante et donc les toilettes, ainsi que le chauffage central sinon j'avais droit à une vie d'ermite.
Bref, elle a fait mes bagages pour quelques semaines d'abord, puis un carton de ravitaillement, et elle a promis de me rendre visite régulièrement, et de m'appeler tous les jours. C'est pour mon bien m'a t elle assuré. J'ai de la chance, nous sommes au printemps. Avril, les beaux jours reviennent, je vais pouvoir me reposer. C'est pour cette raison qu'elle me range dans cette vieille maison, pour ne plus m'avoir dans les pattes à trainer dans son bel appartement d'avocate surbookée. Je lui ai prédit un burn out à elle aussi, elle a rigolé.
Arrivés devant la vieille demeure de notre ancêtre, je cherche à reconnaitre les murs, la porte, les fenêtres. Je n'ai que de vagues souvenirs, on ne restaient jamais longtemps quand on venaient avec nos parents ; à peine quelques heures une ou deux fois dans l'année quand on étaient petits. Après, nos parents sont venus seuls voir notre grand mère, et à son décès s'y installaient pour une semaine une fois dans l'année pendant l'été.
Ma soeur a bien fait les choses. Dans la cuisine, première pièce de la maison, en plus d'un frigo neuf, d'une table et de 4 chaises, il y a un micro onde et une cafetière à capsules, l'essentiel. Dans la suivante, un fauteuil, la télé et un guéridon où est posé le téléphone : c'est parfait. Et la pièce suivante, ma chambre avec un grand lit comme j'aime ; mon 1,90 m demande de l'espace, même si je risque d'y dormir tout seul. Isolé et sans libido depuis presque deux années entières, la gente féminine ne risque rien de mon coté, c'est en berne. Les fenêtres sont réparties sur tous les cotés de la maison en enfilade laissant le soleil répandre sa lumière et sa douce chaleur dans ses vieux murs. La salle d'eau, accueillant à la fois toilettes et douche, a été installée à coté de la cuisine dans une partie de la vieille grange attenante à la maison. Le reste sert de débarras, et de cachette à une faune locale importante à mon avis : il faudra que je veille à bien fermer les portes.
Avec Mathilde, nous faisons le tour de la maison au pas de course pour un rapide contrôle des travaux effectués et elle me tend les clés en me souhaitant de bonnes vacances. Elle me laisse seule, sans moyen de me sauver de cet endroit puisqu'elle repart avec sa voiture. J'ai eu droit aux recommandations de ne pas me laisser aller, d'aller me promener, de manger équilibré, ne pas me coucher tard, ne pas me lever tard,etc, etc.
Après avoir ranger mes vêtements et inspecter toute la maison, l'étage est vide, je m'ennuie dès le premier soir, alors je flâne dans le jardin. Au fond, je retrouve les pieds de framboises de mon aïeule. Ma grand mère nous invitait à les manger dès leur cueillette. J'ai encore en tête son sourire amusé de nous voir barbouillés moi et ma soeur. C'était une bonne personne ma grand mère, avec du recul je me dis qu'on aurait du être plus souvent vers elle.
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deux merveilleux petits boutons précieux
RomancePierre, 52 ans, se retrouve coincé dans une vieille maison à la campagne pour se remettre doucement d'un burn out. Sa rédemption viendra t elle de la maison d'à coté ?