Humide Cicatrice

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Ethan était un lycéen assez populaire dans son établissement, et la raison était toute simple : il était beau. Très beau même. Que ce soit au niveau de son visage ou au niveau de sa carrure, il plaisait énormément aux filles. Mais comme tout le monde, Ethan avait un secret : il était gay. Pas bisexuel, pas pansexuel, non, gay, vraiment gay. Et plus important encore, il avait un crush. Un garçon dont tout le monde se foutait : Gabriel Anderson.

Ce-dernier était magnifique. Des joues un peu rondes qui ne faisaient que le rendre encore plus mignon, un peu plus petit et plus gros que la moyenne, discret. Ses yeux disparaissaient quand il souriait, et ses lèvres pulpeuses étaient un appel au pécher. Et puis tout cela, c'était sans parler de ses petites et adorables mains boudinées. Il était plus âgé qu'Ethan, d'un an exactement, mais ils étaient tous deux en terminal, puisque Gabriel avait redoublé pour des problèmes de santé l'année passée. Ethan ne l'espionnait pas vraiment, mais quand il pouvait attraper une information ou deux à son sujet, il n'hésitait pas.

Habituellement, le grand brun se contentait d'épier le plus vieux de loin, discrètement. Mais cette fois, la situation était différente. Parce que cette fois, Ethan venait de voir Gabriel tomber à la renverse dans la rivière glaciale d'Aroostook. Le jeune étudiant n'hésita pas avant de plonger dans l'eau pour récupérer le corps inconscient et froid du blond. Bien sûr, il l'aurait fait pour n'importe qui, mais le fait qu'il s'agisse ici de Gabriel, augmentait d'autant plus son inquiétude.

Il remonta son ainé à la surface sans grande difficulté et le posa au sol. En touchant son cou, il remarqua avec anxiété que le blond était glacé, il venait probablement de subir un choc thermique important. Naturellement, Ethan allait appeler les pompiers mais avant qu'il ne commence de composer le numéro, une chose le frappa : le pull long et blanc que portait Gabriel était devenu transparent. Et non, bien sûr, ce ne fut pas les abdominaux, d'ailleurs peu présents, du garçon qui le stoppèrent dans son action, mais bien les traces rouges sur ses poignets.

Lentement, Ethan releva les manches du plus âgé et ouvrit les yeux en reconnaissant ces marques. Ces marques d'automutilation. Une question s'imposa dans son esprit : pouvait-il réellement appeler les pompiers, les mettre au courant du mal que Gabriel s'imposait ? Non, clairement pas. Parce que lui, plus que quiconque, savait que s'infliger ça n'était pas anodin, pas sans raison. Et tant qu'il ne connaitrait pas cette raison, il ne pouvait obliger Gabriel à là dire à des médecins.

Le brun prit le blond dans ses bras, traversant la simple rue qui séparait la rivière de son petit appartement. Il monta les marches quatre à quatre avant de poser l'homme frigorifié dans son lit. Sa température inquiétait Ethan, et honnêtement, il ne savait pas quoi faire. Il décida finalement d'appeler Ezra, un de ses amis qui rêvait de finir infirmier. Peut-être aurait-il une solution ? La sonnerie retentit trois fois avant que l'étudiant au bout du fil ne réponde :

- Allô ?

- Allô, mec ? Dis, j'ai pas trop le temps-là, mais tu saurais comme réchauffer quelqu'un ?

- Tu veux dire autrement qu'en le baisant ?

Ethan souffla.

- Oui, autrement. Sérieux Ezra, c'est important.

- Pourquoi tu veux savoir ça, déjà, toi ?

- J'ai repêcher un mec dans le lac en face de chez moi.

- Hein ? Mais appelle les urgences, crétin !

- Ouais mais nan.

- Comment ça "ouais mais nan."

- Je ne peux pas.

- Pourquoi tu ne peux pas ?

- Mec, je ne peux pas, c'est tout ! Tu sais comment je pourrais faire ou pas ? Il est glacé.

Lectures du soirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant