Lectures du soir

J'ai bégayé

- B-Bonjour...

Et toujours plus de bégaiements ! On y va !

- Bonjour ! me sourit le serveur du café derrière son comptoir. Qu'est-ce que je vous sers ?

- Euh J-Je enfin on va prendre un chocolat chaud, un café vanille et puis... euh... un café noir, s'il vous plait...

De pire en pire, ça va sinon Léo ? T'es passé par la case CP où tu veux qu'on t'apprenne à parler ?

- Aucun soucis, je viendrais vous servir.

Je le remerciai d'une petite voix et repartit vers la table que nous avions choisie avec mes amis, Victor et Paul.

- Alors ?

- Alors quoi ?

- Bah alors tu lui as dit qu'il te plaisait !

- Évidement ! Vous me prenez pour qui ? J'ai des couilles moi !

Bien sûr que non crétin, tu ne lui as rien dit ! Tu bégayes carrément devant lui !

- Et alors ? Il a dit quoi ? me redemanda Paul.

- Il était trop intimidé par mon aura, mais je sais que je lui plais aussi !

Bordel qu'est-ce que tu racontes Léo ? Pourquoi tu t'enfonces toujours ? T'as aucune aura en plus, c'est lui qui t'écrase avec son charisme là !

- Puis je vais lui demander son numéro quand on s'en ira.

Et toujours plus ! Tu ne veux pas leur faire croire que tu vas le ken en public pendant que tu y es ? Comme si t'avais les couilles de lui demander son numéro ! Laisse-moi rire !

- Je n'oserai jamais faire ça moi... lança Victor, toujours aussi timide.

- Avec ton bel inconnu du bus ?

- Oui...

- Faut pas être si réservé Victor ! Regarde Léo, il va bientôt pécho son serveur ! Tu devrais aller lui parler toi aussi !

Bien sûr, prends exemple sur moi Victor ! Moi le mec qui ne sait pas aligner trois mots devant son crush !

- Le café vanille s'il vous plait ? demanda le principal concerné de notre discussion qui venait d'arriver à notre table pour nous servir.

- C'est pour lui ! s'exclama Paul en me pointant.

Un sourire apparut sur les lèvres du serveur. Il devait se moquer de moi.

En même temps quelle idée de prendre un café vanille ? Plus fragile tu meurs.

- M-Merci...

Et super ! Tu bégayes devant tes amis maintenant !

Le super beau, que dis-je, le canonnissime serveur, plaça nos trois boissons chaudes devant nous et repartit à son bar.

- C'est vrai qu'il est quand même sacrément beau. Tu as bien choisi Léo. J'ai hâte que tu aies son numéro pour voir vos conversations !

Évidemment qu'il est beau ! Beaucoup trop même ! Comment je vais faire pour faire semblant de lui demander son numéro ?

J'essayai au maximum de paraître détendu devant mes amis, puisque je n'étais pas foutu de leur dire que j'étais terrifié devant les merveilleuses fossettes de mon crush.

Putain mais pourquoi j'ai dit que je lui demanderai son numéro moi ?! Evidemment que je ne lui demanderai pas, je suis complètement paniqué devant lui ! En plus même si j'osais, il ne me le donnerait jamais, qui donnerait son numéro à un petit lycéen qui bégaye et qui boit du café vanille ?

Finalement, le moment fatidique arriva et mes amis, sortirent en vitesse, pour que je paye seul au bar.

Bordel de merde...

- P-Pardon, en fait, j-je viens payer...

- Oui bien sûr ! Alors ça fera 8,60 s'il vous plait.

Je tendis timidement un billet de 10 et il l'encaissa, cherchant 1 euros 20 à me rendre. Du coin de l'œil je vis Victor et Paul me fixer. Ca ne fit qu'augmenter la panique en moi.

- Voilà pour vous ! Je vous donne un ticket ?

- Euh...O-Oui...

Mais qu'est-ce que tu racontes Léo ? En plus de boire du café vanille tu veux lui faire croire que tu fais tes comptes maintenant ? Tu t'en tapes de ce ticket de merde !

Il trifouilla quelques trucs derrière le comptoir avant de me tendre le ticket et sans réfléchir, je le saluai en partant en du café vite fait bien fait.

- Alors, alors ? Il t'a donné son numéro ?! me demanda Paul excité.

C'était la fin pour moi ! Autant tout assumer maintenant...

- En fait c'est à dire que...

- Oh mais il écrit super bien en plus ! hurle Paul en m'arrachant le ticket de caisse des mains.

Et c'est là que je remarquai enfin, un numéro souligné du magnifique prénom "Noé" au dos de mon tiquet. Je savais que ce prénom en question était le nom de mon crush puisqu'il était inscrit sur sa blouse de travail.

- Oui haha en fait, il n'a pas su résister ! Quand je vous dis que je suis l'as de la séduction.

Et on repart dans les conneries ! Mais quand t'arrêteras-tu Léo ? Crétin !

...

- Alors, en fait, tu nous entendais ?

- Oui, enfin pas tout, mais j'ai pu comprendre l'essentiel. Comme notamment le fait que tu faisais croire à tes potes que tu me draguais alors que tu n'arrivais pas à aligner trois mots !

Il explosa de rire.

- Hey ce n'est pas drôle Noé ! Tu m'intimidais beaucoup ! J'ai honte maintenant...

Mon beau blond vint embrasser ma tempe, me tenant toujours fermement dans ses bras sur le lit de son appartement que je squattais depuis plusieurs mois.

- Pourquoi t'as honte ? Je trouvais ça mignon moi.

- T'aurais au moins pu me le dire !

- Oh je suis sûr que tu aurais été ravi si j'avais débarqué à ta table pour dire à tes deux potes qu'en fait tu faisais que bégayer fasse à moi.

Je me remis alors à bouder, gonflant mes joues et faisant ressortir mes lèvres.

Finalement après avoir été contraint d'envoyer un premier message, qui ne me ressemblait absolument pas d'ailleurs, avec Paul à côté de moi, j'avais fini par engager une conversation avec Noé. Puis, de fil en aiguille, allez savoir pourquoi, il m'avait invité à sortir plusieurs fois. Jusqu'à ce qu'il m'avoue enfin que je lui plaisais également, et qu'il voulait se lancer dans quelque chose avec moi. Evidemment je l'avais embrassé comme dans les films et on avait fait l'amour toute la nuit après ça !

Non je déconne en fait j'ai bégayé, encore une fois, et c'est lui qui m'a embrassé en se moquant de moi.

Oui bon bah ça va hein ! Et puis maintenant tout est réglé ! Je ne bégaye plus et on est officiellement ensemble.

Entre temps Victor avait même réussi à pécho le mec trop beau de son bus, Arthur.

- Par contre qu'on soit clair, ça reste entre nous hein : dans la tête de nos amis ça restera pour toujours moi qui ai fait le premier pas !

- Oui, oui, bien sûr Léo. Enfonce-toi dans tes mensonges. N'empêche que moi je sais vraiment qu'au fond tu es un petit être tout timide et tout mignon qui hurle comme une fille devant les films d'horreurs.

- Oh ! C'est bas de m'attaquer sur ça ! Ma voix je ne la contrôle pas ! T'es vraiment le pire petit-ami du monde.

Et comme réponse, évidemment, le principal concerné se mit à rire. Mais qu'est-ce que j'avais fait pour être aussi peu pris au sérieux moi ? Ah oui...

... J'ai bégayé.