Chapitre 1

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Je pense d'abord que c'est un rêve, mais en sentant la pointe de la lance s'enfoncer dans mes côtes, je me rends compte que je suis bien dans la réalité. Je me lève doucement, et me retrouve face à trois garçons. Ils ont l'air d'avoir entre quinze et dix huit ans, pas plus. Ils portent de longues capes faites d'un tissu épais, et des vêtements de la même étoffe. Ils ont des bottes de cuirs, et de nombreuses cicatrices courent sur leurs corps. La plupart sont sur leurs bras et leurs mains, mais l'un deux a le visage coupé en deux par une longue cicatrice. Ce dernier semble être le chef, il a des cheveux blonds, des yeux bleus, la peau claire, et un menton carré. Il tient un long bâton pointu qui me dissuade de fuir.

Ils me font signe d'avancer, et j'obéis. Nous étions sur une plage, et maintenant, nous entrons dans une jungle sombre qui semble s'étendre sur toute l'île où nous nous trouvons. Il n'y a pas de sentiers, si bien que je dois batailler pour me frayer un chemin à travers les feuilles et les innombrables ronces. Nous arrivons face à une étendue de ces horribles ronces. Le chef me fait signe de m'arrêter.

 - Tu vas devoir faire très attention. Il ne faut pas que tu entre en contact avec ces ronces, me dit-il.

 - Pourquoi ?dis-je. Ce ne sont que des branches avec quelques épines, fais-je en haussant les épaules. Qu'est ce que ça peut vous faire que j'ai quelques égratignures ?

Un sourire maléfique se dessine sur son visage.

 - Ce ne sont pas de simples ronces, à leurs épines sont accrochées des ombres, qui sont un poison mortel pour ceux qui ne vivent pas sur cette île, réplique-t-il, mais tu peux toujours essayer de t'y frotter...

 - Félix, on devrait y aller. Il n'aime pas qu'on soit en retard, ajoute un autre.

Le dénommé Félix commence alors à avancer dans le parterre de ronces, en dégageant un chemin à l'aide de son grand bâton. Je le suis sans faire de commentaires. La route est longue, et je commence à me poser des questions. Qu'est ce que je fais ici ? C'est la première interrogation qui me vient à l'esprit. Je ne suis pas dans un rêve, je le sens au plus profond de moi. C'est bien la réalité. Mes prières ont été exaucées. J'ai échappé à mon monde sans vie, à ma vie solitaire, à ma vie de fille perdue. Perdue dans ses rêves, perdue dans ce monde immense et dangereux. Et j'ai la sensation que mes accompagnateurs ont vécus la même chose que moi. Je vois la même lueur d'années de solitude dans leurs yeux, mais ils ont quelque chose que je n'ai pas, du moins pas encore : l'espoir et la liberté. Seulement, je ne peux m'empêcher de me demander où j'ai atterri. Car cette île ne semble pas des plus accueillantes.

Nous arrivons dans une clairière, au milieu de laquelle trône un immense chêne. Autour de cet arbre, une quinzaine de garçons sont là, à astiquer des armes, à s’entraîner au tir à l'arc, à se battre avec des bâtons semblables à celui de Félix. Il me prend par l'épaule et m'entraîne derrière le gros arbre. Là, sur une souche, est assis un autre garçon. Il nous tourne le dos, mais je peux voir qu'il est de grande taille. Ses cheveux courts sont châtains, comme les miens. Ses vêtements sont semblables à ceux des autres garçons, à l'exception qu'il ne porte pas de cape, et que ses manches sont remontées jusqu'à ses coudes.

Il se retourne, et paraît surpris en m’apercevant. Il se reprend vite, et m'adresse un sourire malicieux. Il a des yeux verts, et un visage fin.

 - Voilà donc notre nouvelle recrue!fait-il. Bon boulot, Félix, continue-t-il en lui tapotant l'épaule. Comment tu t'appelles ?me demande-t-il avec un grand sourire.

 - Pourquoi ? ça t'intéresse ?lançai-je, méfiante.

 - Hé ! Je suis sympa pour le moment, alors essaies de faire de même !s'indigne-t-il.

Comme je ne réponds pas, il continue.

 - Moi c'est Peter. Peter Pan.

Je ris jaune.

 - Peter Pan ?! Donc tu sais voler et tout ça ?continuai-je, en m'approchant de lui. Montre moi !

 - Très bien!

Il se rapproche encore plus de moi, et à ma grande surprise, me prends dans ses bras. Je fronce les sourcils, mais mets mes bras autour de son cou. Et là, il s’envole. Je dois retenir un cri d'admiration. Nous nous élançons dans les airs, et je m'accroche à lui. De là, j'ai tout le loisir d'observer le paysage. Nous nous élevons au dessus de la forêt, qui est traversée par une rivière qui se jette dans l'océan qui entoure l'île. Un côté de l'île est fait de plages, mais l'autre est fait de falaises qui, par endroit, m'apparaissent extrêmement hautes. Je me retourne, et il met ses bras autour de ma taille pour m'empêcher de tomber. J'écarte les miens et lance un cri de joie. Je le regarde, et lui souris.

 - Moi c'est Lily. Juste Lily.

- Alors bienvenue au Pays Imaginaire, Lily, dit-il en me souriant à son tour, notre nouvelle fille perdue.

Et je ferme les yeux, laissant la sensation du vent dans mes cheveux me remplir toute entière.

Neverland NightmaresWhere stories live. Discover now