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La lourde porte en bois s'est ouverte en glissant.

Qui osait troubler ma petite vie ? 

Je suis descendu et je me suis arrêté au milieu des escaliers.

Un homme bedonnant, la cinquantaine, chauve, hurlait sur un côcher trempe, grelotant. Le pauvre avait dû donner sa veste pour couvrir son maître.

Après avoir fini de crier, il s'est affalé sur un canapé couvert d'un drap poussiéreux.

Je l'ai entendu se plaindre de l'état de la maison et du prix qu'il avait payé pour l'avoir.

Tiens, tiens, tiens, un nouveau propriétaire... Allons l'effrayer !

Une dame vêtue de blanc ? Un homme sans tête ? Qu'est-ce qui lui ferait les plus peur ?


Je me suis discrètement glissé vers le piano qui trônait à l'opposé des escaliers et j'ai entamé un petit morceau de mon cru. Mélancolique à souhait...

Il n'a pas tout de suite réagi. Quel lent d'esprit...

Cependant, lorsque je suis apparu, en pianiste sans mains et aux yeux bandés, du sang dégoulinant sur mes joues, il a moins rigolé.

Je me demande comment il a pu se lever si vite et prendre ses jambes à son cou...


J'ai ri, ma voix faisant vibrer les murs. Tous les mêmes ces petits bourgeois. Un petit fantôme et ils sont dehors, sous la pluie.

Je m'attendais à voir fuir le côcher, mais à la place, il a rigolé et m'a remercié avant de refermer la grosse porte.

Quel étrange personnage...


31.08.18

Recueil de nouvelles/histoiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant