3.Un mariage inoubliable

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Chapitre 3
« Ennui nuit jour et nuit. »
Proverbe français.

D’un geste las, Donan passa la main dans sa chevelure. La jeune femme s’ennuyait totalement. Ce n’était pas que la fête n’était pas réussie. Au contraire, elle était magnifiquement organisée. Charles était très beau dans son costume et bien que cela l’attristât, Donan dut reconnaître qu’on lisait dans ses yeux un bonheur pur et sincère. Jamais, il ne lui avait autant souri comme il le faisait actuellement à son épouse Charlène.
Ah la mariée ! Il y avait tant de mots pour décrire Charlène. Le moins que Donan pouvait dire c’était que Charlène était vraiment très belle dans sa robe. Sa robe blanche suivait certes le modèle typique des princesses mais la jeune mariée y avait ajouté son propre style. Que ce soient le voile, la traîne ou encore l’étoffe du tissu ; tout transpirait l’élégance et de la classe. Car à quoi bon se leurrer ?
Charlène était vraiment à croquer dans sa robe. Le décolleté n’était ni sage ni trop plongeant. C’était la juste mesure. Son galbe fessier avait été légèrement moulé tandis que son tissage de mèches brésiliennes avait été noué en un chignon retenu habilement par des fleurs. La mariée était à tomber !
Donan se dit à elle-même que Charles et Charlène formaient un très beau couple. Peut-être même un bien meilleur couple que celui qu’elle et lui avaient formé auparavant… Les pensées monotones de la jeune femme s’interrompirent quand Bankè la pinça.
Ramenée au présent brusquement, Donan dévisagea son amie, pour lui demander la cause de son acte. Essayant de paraître discrète, Bankè se pencha vers elle.
- Essaye au moins de jouer les intéressées ! Lui dit-elle à voix basse. Depuis près de cinq minutes, Dylan, l’un des amis de Régis est en train de faire connaissance avec toi… Et vu la tête que tu fais, c’est clair que tu t’ennuies !
Donan, prise au dépourvu, se mordilla la lèvre supérieure. Elle avait complètement oubliée que quelques minutes plus tôt Dylan un des collègues de Régis l’avait apostrophé. C’était bel et bien le seul autour de la table qui avait manifesté de l’intérêt pour sa personne. Gentil, Dylan l’avait fait asseoir à ses côtés et il avait entamé une conversation avec elle.  Au début, elle avait été intéressée quand ce dernier lui avait parlé avec entrain de son métier d’ingénieur. Créer des routes, semblait tellement passionnant pour le dénommé Dylan.
Et bien qu’elle s’était prise au jeu, Donan s’était encore désintéressée et c’était sans surprise que son regard avait cherché Charles, l’heureux du jour, dans la foule. En le voyant, elle s’était mise à l’admirer. Puis ce fut le tour de Charlène l’heureuse mariée… C’est de cette façon que Dylan le potentiel prétendant était passé aux oubliettes…
Mal à l’aise, Donan reporta son attention sur Dylan. Contre toutes attentes, ce dernier était encore de lui parler de son métier ! Exaspérée par le fait que le jeune homme n’ait pas remarqué que la construction de l’autoroute Lagos-Dakar ne la passionnait nullement, Donan souffla de frustration. « A ce rythme-là, je finirai par croire que le destin ne m’envoie que des hommes passionnés par leurs métiers et leurs propres personnes ! » Pensa Donan en regardant le jeune homme. Pourtant il n’était pas vilain ! Des yeux couleur chocolat, un double menton, des fossettes qui apparaissaient quand il souriait, un teint noir d’ébène, une belle musculature mise en évidence par son costume de couleur bleu ciel serré… Non ! Dylan était craquant et il était bien son genre d’hommes ! Cependant Donan n’envisageait pas d’avoir une quelconque relation avec lui ! Il avait un défaut qu’elle ne supportait pas chez un homme : il parlait beaucoup trop ! Et de son métier en plus !
D’un geste las, Donan passa ses mains dans son tissage de mèches brunes, jetant à nouveau des regards perdus dans la foule. Alors qu’elle reconnaissait l’un de ses anciens camarades, Donan se sentit épiée. Qui était en train de la regarder ? Curieuse, la jeune femme chercha du regard celle ou celui qui l’observait mais elle n’obtint rien comme réponse.
Dylan, le féru du boulot s’aperçut du désintérêt de Donan et le lui fit remarquer :
- Donan ! Hello ! Tu m’écoutes ? Parce que j’ai plutôt l’impression de parler dans le vide…
- Bien sûr que non, mentit la jeune femme en souriant à contrecœur. J’écoute tout ce que tu me dis Dylan ! A vrai dire… J’ai juste soif ! Voilà, appuya-t-elle, j’ai très soif !
Déterminée à fuir cette conversation qui l’ennuyait, la jeune femme se leva sans crier gare et attira l’attention des autres personnes autour de la table, en l’occurrence ses vieux amis du collège et le couple LALEYE.
- Je vais me chercher un verre ! Prétexta-t-elle avant de filer.
La jeune femme repéra le buffet et les gargouillements de son ventre lui firent comprendre que trop longtemps elle s’était privée. Donan s’y rendit donc et elle prit une assiette. Comme Bankè lui avait dit, Charles et Charlène n’avaient vraiment pas fait les choses à la légère ! Donan se sentit fondre devant cette belle bûche de Noël ! D’ores et déjà, elle savait qu’elle allait se régaler. Visiblement, Charles et Charlène n’avaient pas attendu la Noël avant de se faire plaisir ! Gourmande, la jeune femme fit la queue comme tous les autres et elle attendit impatiemment d’être devant la table des desserts. A présent, plus aucun plat de résistance ne l’intéressait. C’était juste cette bûche de Noël fondante qui était l’objet de son désir. La jeune femme soupira de soulagement quand la file d’attente devant elle s’allégea. Sans plus attendre, elle se dirigea vers la table des desserts et assouvit sa faim.
Excitée à l’idée de prendre en bouche la bûche, Donan se servit à deux reprises. La jeune femme s’attira dès lors les regards des gens autour d’elle. Faisant fi des commentaires désagréables, elle se servit une fois de plus. Cette fois-ci le chef cuistot s’approcha d’elle.
- Madame, arrêtez de vous empiffrer voyons ! Vous allez prendre du poids si vous continuez et les autres ne vont pas trouver de parts à manger ! Lui fit-il remarquer un rictus déformant sa bouche.
- En quoi ça vous concerne ? Répondit sèchement Donan en le toisant.
Le sang bouillonnait dans les veines de Donan. Dans sa mémoire, les moqueries de Carine étaient encore présentes. Elle avait été sur le point de quitter les festivités suite aux calomnies et ce n’était sûrement pas pour supporter d’autres allusions venant d’un employé comme le traiteur !
- Calmez-vous et allez manger madame, recommanda le traiteur qui commençait lui aussi à s’énerver.
- Basile ? Fit Donan en plissant les yeux pour lire sur le badge du monsieur. Ne me parlez pas comme ça ! Dites-moi est-ce de cette façon que vous parlez à vos clients ? Parce que si tel est le cas, je ne pense pas que vous ferez long feu…
Sans qu’elle ne s’en rende compte, Donan avait haussé le ton. Et pour cause ? Ce cuisinier était clairement en train de dire qu’elle était une gloutonne ! Et c’était intolérable pour la jeune femme. Bientôt, les regards des invités convergèrent à nouveau et sans surprise sur elle. A nouveau, elle était en plein milieu d’une polémique… Bankè se rapprocha de Donan afin de la calmer car Charles et Charlène les regardaient aussi.
- Donan, qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi est-ce qu’on entend ta voix depuis notre table ? Interrogea Bankè à voix basse.
- Demande plutôt à ce cuisinier ! Ah j’oubliais ! Vous n’êtes pas cuisinier mais diététicien, n’est-ce pas ? Ironisa la jeune femme en le lorgnant des pieds à la tête.
- M’dame, calmez-vous ! Je ne pensais pas que mes commentaires vous affecteraient autant… Fit le cuisinier gêné par la tournure que prenait la situation. Tenez ! Fit-il en lui ajoutant une autre part de la délicieuse bûche. J’espère que ça vous suffira et que vous retrouverez l’entrain…
Un éclair passa dans le regard de Donan. Elle souhaita intérieurement que le cuisinier s’étouffe avec sa langue car il ne cessait de s’enfoncer lui-même et elle avec lui. Détournant le visage pour ne plus le voir, Donan aperçut Charles. Il l’observait attentivement et s’apprêtait même à vouloir intervenir. Oh non ! Elle ne voulait pas ça… Gâcher son mariage ne faisait nullement partie de ses plans. Gênée, Donan fit volte-face et déposa son assiette qui était restée intacte. Il était préférable de ne plus rien faire.
- Bankè, je m’en vais ! Cette fête est visiblement pourrie ! Entre les mauvaises langues et ce cuisinier de pacotille, je ne m’en sortirai jamais ! Je suis carrément en train de me donner en spectacle et ce n’est pas ce que je veux…
Bankè préféra ne rien ajouter et elle l’escorta. Mais, alors qu’elles commencèrent par s’éloigner du buffet, Donan entendit le cuisinier marmonner dans sa barbe. Il croyait avoir parlé tout bas, mais la jeune femme l’entendit nettement.
Avant que Bankè ou que les autres n’aient pu faire quelque chose, le mal était déjà fait !
Rapide comme un éclair, Donan se retourna et en moins de deux, elle atteint le niveau du serveur et lui administra une gifle magistrale. Les gens autour d’elle crièrent un « Oh ! » à l’unisson alors que la musique se coupait. Loin d’être touchée par ce qu’ils diraient, Donan s’empara de l’assiette qui lui était auparavant destinée et l’étala sur le visage du cuisinier.
Dépassée par les évènements, Bankè attrapa le bras de Donan mais celle-ci échappa à la poigne de sa meilleure amie. Silencieuse, la jeune femme s’en alla sans prendre la peine de s’occuper des commentaires sur son passage.

Coucou ! Voilà la suite ! Dites moi tout ce que vous pensez en commentaires ! En média Cha Cha Eke Faani sous les traits de Charlène et la chanson Je me marie de la diva béninoise Zeynab Abib !
A très bientôt pour la suite !

Marriage means so much  (En Cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant