Sa vision à lui.

27 2 6
                                    

Dans notre parc habituel.
Elle était assise parmi les fleurs.
Je suis arrivé doucement à vélo,
Ne voulant pas la déranger.
J'adorais la regarder quand elle était aussi absorbée par ce qui l'entourait.
Elle m'a aperçu et a souri.
Elle était encore plus belle que d'ordinaire.
On a échangé un baiser.
Un doux baiser.
Et j'ai parlé de ma semaine.
Elle n'avait pas l'air bavarde.
Elle avait l'air anéantie.
Sur le point d'exploser.
Et je redoutais ce moment fatidique.

Ce moment fatidique.

Je me suis assis à l'écart.
Elle semblait vouloir de l'espace.
J'ai mis ma playlist en fond.
Comme d'habitude.
Et le silence de nos voix était reposant.
Je la trouvais si belle.
Surtout sa nouvelle chemise.
Je n'ai pu m'empêcher de lui dire.
Elle a rougi.
Mais n'osait pas me regarder.
J'ai dit :

"Alors, de quoi voulais-tu parler ?"

Elle m'a enfin adressé un regard.
Un regard empli de tristesse.
Elle a allumé une clope.
J'étais tendu.
Cette fois-ci, le silence était pesant, étrangement.
Elle a ouvert la bouche.
J'ai retenu ma respiration.
Et elle a dit :

"Je te quitte."

J'ai expiré tristement.
Mes mains tremblaient.
Je réalisais ce qu'elle venait de dire.
Puis il a plu.
Et je me suis dit que ça ne pouvait pas être pire.
J'avais besoin de réponses.
Alors brusquement j'ai dit :

"Pourquoi ?"

Mais au final je ne voulais pas.
Je ne voulais pas savoir pourquoi.
C'est si simple d'être dans l'ignorance.
Je voulais rester sans réponses.
Et soudain.
C'était si soudain.
Elle a pleuré.
Et je me suis trouvé ridicule.
Ridicule de ne pas avoir remarqué qu'elle souffrait.
Ridicule d'être paralysé.
Alors j'ai ri.
Oui, j'ai ri de moi-même.
Je voulais la prendre dans mes bras.
Lui dire qu'elle n'a pas à souffrir.
Que l'amour c'est passager.
Mais rien n'y fait.
J'étais lâche.
Et en guise de réponse elle a dit :

"Cette relation ne mène à rien."

Et je l'ai détestée.
Car elle avait terriblement raison.
Elle a su mettre les mots.
Des mots que je me forçais d'ignorer.
Mais c'était inévitable.
Je ne la méritais pas.
Elle était si droite.
Je voulais m'excuser.
Mais les mots ne me venaient pas.
Alors je l'ai prise dans mes bras.
Sans rien dire.
Quelques secondes d'amour.
Mais c'était étouffant.
Et elle avait besoin d'espace.
Je le ressentais.
Alors j'ai dit :

"Je comprends."

Je voulais rester calme.
Doux.
Patient.
Compréhensif.
Mais c'était insupportable.
Au fond, j'aurais voulu la secouer.
Lui crier que je l'aimais.
Lui cracher mon amour.
Lui demander où était le mal.
Mais ç'aurait été de trop.
De trop face à sa douceur.
Elle a enchaîné sa seconde clope.
Et a dit :

"Tu vas me manquer, malgré moi."

Et j'ai ri.

"Je vais pas mourir tu sais."

Et elle a ri.
Cette scène était trop dramatique.
Puis la pluie s'est intensifiée.
Et mes larmes ont failli déborder.
J'ai regardé ma montre.
C'est nécessaire, les montres.
Je l'ai regardé, en sachant que c'était la dernière fois.
J'allais lui dire que je l'aimais.
Mais c'était inutile.
Alors j'ai étouffé un sanglot.
Et j'ai finalement annoncé :

"Je devrais y aller."

Elle a hoché la tête.
Ma gorge s'est serrée.
On s'est enlacé.
Froidement, étroitement, maladroitement.
On s'est séparé.
Le vent m'a giflé la peau.
Et j'ai détesté la sensation.
Elle s'est rassise.
J'adorais la regarder quand elle était aussi absorbée par ce qui l'entourait.
Elle était encore plus belle que d'ordinaire.

La Rupture Où les histoires vivent. Découvrez maintenant