Texte indépendant n°4 : Une histoire transmise

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La pluie commençait à doucement tomber dehors et le bruit des gouttes s'accélérant sur les carreaux de la fenêtre m'indiquait que les enfants jouant dehors n'allaient pas tarder à partir du jardin pour se mettre à l'abri. La porte s'ouvrit en effet quelques instants plus tard et la petite Lucy rentra toute triste de ne plus pouvoir jouer dehors avec ses amis.

Au bout d'une dizaine de minutes où je la vois aller et venir dans le salon, dans le couloir, dans la cuisine, elle s'approcha du canapé où j'étais en train de lire, posa sa tête sur mes genoux et me dit l'air contrarié et bien ennuyé :

« - Mamiiiie je m'ennuiiiie, il pleut, je peux plus jouer dehors...

- J'ai vu c'est une belle pluie, tu es rentrée juste à temps avant qu'il ne pleuve encore plus, mais tu sais Lucy, continuais-je, tu peux jouer dans la maison il y a plein de choses à faire en attendant.

- C'est pas pareil, se désola-t-elle, je suis toute seule et puis être à l'intérieur c'est triste...

- Dans ce cas, lui dis-je avec un grand sourire, pour t'occuper je peux te donner des exercices si tu veux, tu veux travailler, plutôt Maths, Sciences, Français, Histoire ?

- Euh... répondit-elle avec des yeux ronds, tu veux pas me raconter une histoire plutôt mamie ?

- Si tu veux mais quel genre ?

- Mon prof nous a dit qu'un jour nos grand-parents étaient restés chez eux et que vous aviez pas eu le droit de sortir à cause du coronavirus... C'est vrai, demanda-telle doucement, tu l'as vécu ?

- Oui c'est vrai j'ai vécu la crise du méchant coronavirus, c'était il y a cinquante ans je crois, j'étais au lycée à ce moment-là. Le pays entier était confiné, personne ne devait sortir. C'était un peu impressionnant !

- Vous aviez pas le droit de sortir ? Ni de voir vos amis ? C'était interdit d'aller à l'école ?

- Non on ne pouvait pas aller à l'école mais attention on continuait de travailler, ta grand-mère a versé sueur et larmes pour continuer de travailler, exagérais-je. Et puis je suis restée en contact avec mes amis bien sûr, on ne pouvait pas se voir mais on s'est parlé au téléphone pendant des heures !

- Tu veux bien me raconter ce que tu as vécu ?

- Bien entendu !»

Lucy s'assit alors sur le canapé à côté de moi, tandis que je posais mon livre à côté de moi avant de commencer mon plus palpitant récit.

« - L'épidémie du virus a commencé, je dirais au début de l'année 2020, dès janvier même peut-être un peu avant les gens commençaient à parler du coronavirus. Alors qu'il n'y avait pas de cas confirmé encore en France, j'ai des amis qui s'inquiétaient beaucoup et au contraire d'autres qui pensaient que toute cette histoire allait très vite se terminer et faisaient de blagues dessus, moi aussi cela me passait au-dessus de la tête, j'avais d'autres préoccupations à ce moment-là.

- Mais en fait c'était plutôt grave !

- Oui ! Je me souviens de la première fois que j'ai vraiment réalisé l'existence du virus : j'étais partie à Rome, pendant le mois de janvier, tout s'est très bien passé, c'était d'ailleurs un très beau voyage, on ne se souciait pas du coronavirus, mais à l'aéroport, le soir où je rentrais, un de mes camarades de classe a dit que des cas étaient apparus à Paris et non loin de mon lycée et que l'on était partis juste à temps en Italie. C'est à ce moment-là que j'ai réalisé qu'il y avait un très méchant virus qui traînait un peu partout et qu'il fallait peut-être s'inquiéter.

De retour au lycée, les gens plaisantaient sur le virus mais le covid19 était dans presque toutes les conversations, plus célèbre que toutes les autres stars. Dès qu'une personne toussait un peu on entendait quelqu'un parler du coronavirus. Ma mère, ton arrière-grand-mère qui était médecin à l'hôpital commençait à nous en parler également.

Et puis un soir, le président de la République a fait un discours à la télé et c'est là qu'il a dit que les écoles allaient fermer ! Il nous a aussi dit que nous étions en guerre !

Et alors le lundi qui suivit je suis restée chez moi.

- Et alors ? Tu étais en vacances ou enfermée avec du travail forcé ?

- Ni l'un, ni l'autre ! Le premier jour rien ne s'est passé comme prévu et de toute manière rien n'était prévu. On avait seulement un peu de travail comme on avait très peu de contacts avec certains profs alors que d'autres étaient au taquet. Je me souviens du premier jour. Tous les élèves et tous les profs sont allés sur le site du lycée en même temps alors tout a planté ! Impossible de se connecter ! Avec le recul c'était très drôle, mais sur le moment personne ne comprenait rien, on en était presque paniqués, on s'énervait parce que rien ne marchait. On se posait beaucoup beaucoup de questions sans avoir aucune réponse, et puis finalement avec le temps on a pris des habitudes, on s'est organisés avec les profs si on ne l'était pas déjà.

- Et tu as été touché par le coronavirus ?

- J'ai eu beaucoup de chance, je n'ai pas été en contact avec le virus, je ne connais d'ailleurs personne qui a attrapé le coronavirus et qui a fait une forme grave. Malheureusement de nombreuses personnes sont montés au ciel à cause de ce méchant virus, elles ne pouvaient plus respirer.

- Et ta maman, t'as dit qu'elle était médecin ? Elle est restée aussi chez vous ? Vous aviez peur ?

- Moi je n'ai pas eu tellement peur, je pensais pas à tout ce qui se passait mais tous les jours ma maman est allée travailler à l'hôpital, l'ambiance là-bas n'était pas très joyeuse, tout le monde devait porter des masques et elle ne pouvait plus rigoler avec ses collègues, et beaucoup de monde avait peur. Beaucoup de gens ne pouvaient pas rester chez eux et ont avec courage combattu le méchant covid19. C'était une guerre contre un ennemi invisible et très méchant.

- Et c'était pénible d'être enfermée ?

- Je travaillais, je faisais mes devoirs, mon frère aussi, ma sœur révisait et mon père travaillait, je me souviens encore l'entendre en réunion depuis le salon, la situation était parfois très drôle, je n'ai pas trouvé cette période pénible. J'ai eu l'opportunité d'essayer d'apprendre de nouvelles choses.

J'ai repris le piano pendant quelques heures, j'ai appris l'alphabet d'une autre langue sans comprendre un seul mot après, je rangeais ma chambre, puis mettais le bazar quelques secondes plus tard pour chercher des affaires, des cours. J'ai aussi fait repousser quelques pousses de plantes dans ma chambre cette fois avec succès ! Je ne me suis pas ennuyée au contraire, j'aimais beaucoup pouvoir rester tranquille chez moi.

Les gens pendant le confinement ont été très inventif et faisait tout pour faire passer le temps. Et puis finalement, on a pu sortir, revoir nos amis, redécouvrir le parc et le soleil.

- C'est une histoire qui finit bien alors ?

- Oui et regarde pendant qu'on parlait le soleil est revenu, tu peux retourner dehors et sauter dans les flaques d'eau à condition que tu mettes des bottes.

- Je pense que je vais rester un peu avec toi à l'intérieur, tu peux me montrer des souvenirs ?

- Oui viens dans le grenier j'ai un tas de souvenirs, des photos du confinement, mes cours et même une rédaction que notre prof de français nous avait donné à faire, on devait s'imaginer en grand-parents, c'était un drôle et chouette exercice ! Tu vas voir les joies de rester à la maison Lucy ! »

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 10, 2020 ⏰

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