Chapitre 4 : Come on outside (1/2)

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"To the people lost and lonely

In the fortress of your mind

Come on outside"


« Je n'ai commis aucun crime » lâchai-je presque aussitôt, sans temps mort, alors que c'était précisément ce que quelqu'un qui avait commis un crime aurait dit.

Attendez une minute.

N'oubliais-je pas, coincé entre les rangées de dents de ma mâchoire trop serrée, un insignifiant petit détail ?

J'avais commis un crime.

Cela m'était presque sorti de la tête. Comment cela avait-il pu me sortir de la tête ? Je n'étais plus une citoyenne modèle. Hannah Martinet était entrée dans ma vie pour en pervertir chaque recoin. Et à présent la police s'apprêtait à m'envoyer mourir derrière des barreaux en métal.

L'officier esquissa un sourire. « Tant mieux. »

Hannah, d'ailleurs, avait-elle elle aussi des ennuis à l'heure actuelle ? Je l'espérais bien. Je regrettais même qu'elle n'eût pas, ce soir-là, été prise la main dans le sac.

La main dans le sac.

Je sombrai avec ma métaphore en baissant mon regard. Mes mains, justement, disparaissaient peu à peu. Discrètement, je les glissai derrière mon dos en essayant de paraître la plus naturelle possible.

« Serais-tu disponible pour allez boire un café ? »

« Je croyais que les interrogatoires se déroulaient communément dans un commissariat. »

J'articulai et réarticulai mes doigts comme si je cherchais à me défaire d'une crampe, et sans possibilité de constater si cela engendrait le moindre résultat positif.

« Si tu préfères te rendre au poste, il est tout à fait pos – »

« Non ! »

Hausser le ton en s'adressant à un officier de police comptait-il comme une offense à agent des forces de l'ordre ? Parce que si tel était le cas, j'étais en train de gonfler mon casier judiciaire à coup de pompe.

« Non, » répétai-je, cette fois plus calmement, « je ne le souhaite pas. En réalité, si vous avez des questions à me poser, vous devriez le faire en présence de mes parents. Puisque je suis encore mineure. Mais je ne vais pas vous apprendre la loi.»

Et un peu de sarcasme pour bien arranger mon cas. Pourquoi, pourquoi, prenais-je toujours un aussi malin plaisir à creuser ma propre tombe ?

« Tu as raison, je vais attendre ici que tu ailles chercher tes parents. Même si j'aimerais beaucoup t'accompagner pour te voir leur expliquer pourquoi un officier de police te réclame aussi prestement. Et pourquoi les mains que tu caches très maladroitement derrière ton dos sont devenues invisibles. »

Je faillis m'étrangler avec ma propre salive. Comment pouvait-il s'en être aperçu ? Et comment pouvait-il rester aussi calme face à un tel spectacle ?

« Je ne vois pas du tout de quoi vous voulez parler. »

« Alors montre-moi tes mains. »

« Certainement pas. »

Je n'étais plus à ou deux refus de coopérer avec les forces de l'ordre près.

« Rachel... » commença-t-il, plus doux.

Je ne lui laissai pas l'opportunité de terminer.

« Qui êtes-vous ? »

Il ne fallait pas se fier à ma voix. À ce ton raffermi à renfort d'artifices pour me donner un semblant de contenance : je luttais intérieurement pour ne pas prendre mes jambes à mon cou en appelant ma mère à l'aide.

INVI7IBLE (Dans le silence je perce)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant