L'air était frais et sec, les rayons vifs du soleil dévorant l'humidité habituelle des bois. La lumière fit du bien à Lerte qui inspira lentement, chassant son humeur noire. Elle devenait irrationnelle avec son mentor. Je lui en veux toujours, de ce jour là...
Secouant la tête, elle se mit en marche, suivant le chemin de terre qui partait de la masure des maudites au village à proprement parlé. Tout était fait pour les isoler du reste de la population, tout était fait pour renforcer l'idée que Lerte n'était pas comme les autres. Qu'elle n'avait pas les mêmes droits. Elle serra les mâchoires.
Le chemin serpentait entre quelques champs ; la population des Villages augmentait lentement ces dernières années, accueillant des réfugiés chassés par les guerres lointaines. Il fallait donc plus de nourriture : plus de nourriture voulait dire plus de champs. Ce qui signifiait grignoter le territoire de la forêt. La jeune fille sentait confusément qu'un jour, ils ne pourraient plus faire face.
Quelqu'un déboula brusquement d'entre deux champs. Une femme, le visage horrifié, un gamin dans les bras. C'était Jani, une femme maigre souvent malade et toujours angoissée. Perdue dans ses pensées, Lerte ne les avait pas entendu.
"La Forêt soit louée, Maudite ! Mon petit...", commença-t-elle d'un voix tremblante, "mon petit s'est coupé, il saigne, je...
— Faites-moi voir ça Jani."
Le garçon fronçait les sourcils, en se tenant le front d'une main crispée. Du sang maculait sa veste brune de lin. Lerte se pencha sur lui une fois que la femme le déposa à terre. Elle écarta la main du gamin qui se laissa faire avec mauvaise grâce. Une coupure entaillait son cuir chevelu, saignant abondamment.
"Il jouait avec ces stupides jumeaux, il est tombé, il pleurait... J'ai eu tellement peur !"
La jeune fille ouvrit son sac, et en sorti un morceau de tissu propre. Elle l'appuya contre la blessure du garçon.
"Il n'y a pas à s'inquiéter Jani, la coupure n'est que superficielle. Tenez ça fermement pour arrêter les saignement, et allez voir la sorcière. Elle nettoiera la plaie.
— Oh les esprits ont parlé !"
Elle suivi les instructions de Lerte et disparu en direction de la masure. La jeune fille resta immobile quelques instants. En tant que maudite, la médecine était aussi son rôle. La Forêt l'avait marquée pour marcher entre la vie, la mort, et les esprits. C'était de vivre à la frontière des trois mondes qui les mettait à l'écart des hommes. C'était comme ça.
Je ne veux pas. Je ne veux plus.
C'était comme ça.
Un bruit mat. Lerte lâcha un cri. Une douleur, à l'épaule. Elle se retourne vivement, s'attendant à voir encore un de ces stupides gamins, et n'apperçoit qu'une silhouette fuir à travers champ et se fondre ensuite dans les sous-bois. Elle fronça les sourcils. C'était un adulte. Elle en était presque sûr.
Elle baissa la tête pour voir ce qui l'avait frappée. Une pierre probablement, et... Qu'est-ce que cela signifie ?
La jeune fille ramassa un caillou enveloppé dans un morceau de parchemin. Confuse, elle déplia le papier qu'elle ouvra. Un mot, écrit au charbon, se distinguait difficilement.
"Fuis."
Lerte se figea. Son coeur s'arrêta de battre quelques instants. La respiration en suspens, elle releva la tête, comme pour essayer de rattraper des yeux la silhouette inconnue. Personne ne savait écrire au village. Ce message était impossible. Impossible.
Puis la jeune fille se remémora les mots de la sorcière. Des étrangers. Ce devait être eux. Mais pourquoi lui envoyer un message ? Pourquoi de cette manière ? Ça n'avait pas de sens. Brusquement, la jeune fille pris conscience de l'absence de bruit autour d'elle. Du fait d'être seule, dehors, sans défense.
Mal à l'aise, elle se hâta en direction du village, ne pouvant s'empêcher de jeter des regards craintifs autour d'elle. Mais tout était calme, désormais.
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Celle qui voit
FantasyLerte est maudite. C'est ce que dit la sorcière du village quand elle regarde les yeux dorés inhumains de l'adolescente. C'est la justification que crachent ceux qui la rejettent. Et c'est la raison pour laquelle un groupe de mercenaires avides de r...