☣ ¦ ２８ ＭＯＮＴＨＳＬＡＴＥＲ ¦ ☣

Ｉ ¦ Ｅｔｈａｍ ¦

16/02/2005

L'odeur du sang. Le tintement du verre qui se brise. Un souffle accéléré. Bruyant. Un tambour qui frappe beaucoup trop fort. Et trop vite. Comme si la Terre entière lui reposait dessus.

Le front en sueur et prit d'une bouffée de chaleur qui l'étouffait sous ses couches de vêtements, Etham se réveillait enfin, après avoir passé un long moment, allongé à l'arrière de cette voiture.

Le jeune homme se redressa, afin de reprendre son souffle plus aisément, et de ne pas risquer de s'étouffer alors qu'il avait l'illusion que son coeur était bloqué dans sa gorge. Il se retrouva face à la vitre embuée, sûrement gelée. Peu à peu, il tourna la tête, et recouvra ses souvenirs d'il y a quelques heures. Chaque fois, c'était la même chose. A chaque nouvelle nuit, le même cauchemar, et à chaque réveil, cette même sensation d'avoir tout oublié, cette même sensation d'être projeté ailleurs, à un autre moment.

Etham avait trouvé refuge dans cette voiture miteuse aux roues disparues et au moteur désossé pendant au moins trois heures. Trois heures qu'il dormait, et ça n'était vraisemblablement pas assez pour lui. Cependant, c'était la première fois de la semaine qu'il arrivait à dormir aussi longtemps, mis à part son cauchemar, sa petite sieste avait été très calme, sans interruption extérieure.

Il devait être à peine six heures et demi du matin. Le soleil n'était pas encore levé, mais il ne faisait pas totalement nuit. Etham tira sur la manche de son sweet à capuche noir afin d'essuyer la vitre de la portière arrière, et se baissa afin de voir le ciel entre le bâtiment à côté de lui et le dessus de la voiture. Le ciel était d'un brun particulier. Etham détestait quand le ciel avait cet aspect. Il avait l'impression qu'un nuage pestilentiel et toxique s'était levé tout au dessus de la Terre. Ce ciel donnait l'impression que quelque chose de très grave allait se passer. Il l'inquiétait.

Il s'installa au milieu de la banquette arrière, les jambes écartées, et posa ses coudes sur ses genoux afin de se frotter le visage. Il ne comptait plus les nuits où il faisait des cauchemars, car il en faisait à chaque fois, maintenant, il comptait le nombre de cauchemars qu'il faisait en une nuit.

La soirée d'hier avait été longue. Très longue. Etham avait croisé le chemin d'une quinzaine d'Infectés, rien de tel pour finir de détruire sa journée. Il avait été contraint de courir plus d'une demi-heure pour les semer, et s'était réfugié dans cette carcasse clouée au sol par les mauvaises herbes et l'affaissement dans la boue.

Il devait maintenant retourner chez lui, mais la question qui se posait, était "où était-il maintenant ?". Il n'avait pas eu le temps de faire ses repérages la veille, alors difficile de savoir où se trouvait son Q.G. de fortune. Et sortir maintenant ne l'enchantait pas vraiment, il détestait sortir de nuit dans des zones prises par les Infectés, c'était toujours plus difficile de les repérer, ou même de les discerner des Non-Infectés.

Quoique, Etham n'avait pas vu de personne dite "normal" depuis déjà plus d'un an. Il commençait à croire qu'il était le dernier des environs, si ce n'est de la Terre entière.

Le virus de la rage avait littéralement noyé l'humanité sous une puissante vague de contamination et de violence, et ce, en très peu de temps. D'abord, on avait eu un espoir, qui s'était finalement envolé, pour certains pays plus rapidement que d'autres, car un virus aussi contagieux et meurtrier ne disparaît pas sans un moyen de se soigner, ou de stopper la propagation. Personne n'était préparé, alors la défaite de l'humanité n'était pas vraiment une surprise. Ce virus avait fait office de coup de grâce pour l'espère humaine, la goutte de trop qui avait rayé presque l'ensemble des humains de la carte.