"Surveillés"

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Pour mieux comprendre : Zdena est un kapo, mais à la fin du livre, elle aide les détenus à s'échapper en menaçant les organisateurs et les autres kapos avec un cocktail Molotov (qui est faux).
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"- Un spécialiste me dit à l'oreille que le liquide du fond devrait être brun-rouge et non rouge foncé comme celui que vous détenez...
- Je me ferais une joie de le lui faire tester, histoire qu'il me dise s'il s'est transformé en puzzle de façon orthodoxe. C'est joli, hein, un cocktail Molotov ? Ces liquides si différents et qui ne se mélangent pas... Il suffirait que ça rentre en contact avec le chiffon imbibé de potasse et boum !
Pannonique la regardait en souriant."

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Soudain, avec un hurlement de rage, un détenu d'environ seize ans sortit du rang et se rua sur Zdena, lui arrachant les bocaux des mains. La kapo n'eut pas le temps de réagir, et, pétrifiée d'horreur, elle vit RLY 513, car c'était le matricule du jeune homme, jeter rageusement les deux bocaux à terre.
Tous les détenus poussèrent des cris et s'éloignèrent en courant.
Mais à la surprise générale, il n'y eut aucune détonation, aucune explosion. La supercherie de Zdena était découverte...
Avec un éclat de rire cruel, le kapo Marko lança :
« - Alors Zdena, tu voulais attirer l'attention du public sur toi ? C'est réussi on dirait ! »
Les autres kapos tentèrent de rassembler les détenus, en vain. Ceux-ci avaient profité de ce moment de peur générale pour courir le plus loin possible, et maintenant qu'ils avaient repris leurs esprits, ils ne se laissaient pas faire. La plupart cherchait à s'enfuir, ou à frapper les kapos.
Les organisateurs, voyant que la situation risquait de dégénérer, vinrent en aide aux kapos. Malgré cela, ce fut bientôt la bataille générale. Seuls EPJ 327, MDA 802, Zdena et Pannonique ne prirent pas part aux hostilités, essayant même de calmer les tensions. Près d'eux, RLY 513 gisait au sol. Le kapo Jan l'avait assommé.

« - Il n'est pas mort, assura EPJ327.
- Je voudrais qu'il le soit, répondit immédiatement Zdena. Il a fait échouer ma stratégie. Sans lui, vous seriez libres à l'heure qu'il est.
-Allons, ne dites pas une chose pareille ! s'insurgea MDA 802. Il est très jeune, désespéré et empli de colère, beaucoup d'autres personnes auraient agi de cette manière. »
Zdena soupira. Le garçon reprit connaissance, puis pleura de rage et de désespoir, prenant conscience des conséquences de son acte.

Autour d'eux, on pouvait voir les kapos et les organisateurs submergés par le nombre de détenus, bien supérieur au leur. Leurs regards transmettaient leur terreur. Ils dominaient le camp, et en une poignée de secondes, les rôles s'étaient inversés. Les visages des détenus (qui étaient maintenant en position de force) étaient déformés par la haine, et leurs yeux embrasés par un désir de vengeance.

Très vite, les kapos et les organisateurs furent ligotés. Une question se posa alors : « Que faire ? ». CAE 478, un homme qui devait avoir la trentaine, proposa de les tuer, pour venger les détenus exécutés. Mais une femme, qui avait dans les yeux une lueur inquiétante, protesta :
« Ne vengeons pas les morts, mais les vivants ! Je propose qu'on les renvoie chez eux, et qu'on installe des caméras dans chaque maison, pas seulement leur maison, mais aussi celle de tous les téléspectateurs, afin de leur montrer ce que c'est que d'être filmé en permanence ! Créons une nouvelle émission, dans laquelle n'importe quels moments pourront être diffusés ! »
Sa cruelle idée fut accueillie par des exclamations de joie chez les détenus.

La femme s'adressa alors aux kapos et aux organisateurs :
« - Dorénavant, vous serez nommés les prisonniers, et nous serons les nouveaux organisateurs, les justiciers.
- Non ! Je peux vous aider ! s'écria un ancien organisateur. Vous êtes peu nombreux, et vous n'avez pas d'expérience dans le domaine de l'organisation d'émission !
-Moi aussi ! renchérit sa collègue. Laissez-nous vous aider, et vous ne serez pas déçus ! »
La grande majorité des anciens organisateurs se proposèrent, et leur aide fut acceptée.
Zdena, qui avait été épargnée par la haine des justiciers (comme ils se nommaient eux-mêmes), du fait de sa tentative héroïque pour sauver les détenus, se rendit compte avec effroi qu'elle s'était trompée. « J'avais tort, complètement tort, de les porter dans mon estime. Ils nous méprisaient depuis le début, nous les kapos, autant qu'ils méprisent les détenus et le public ! Ils ne s'intéressent qu'à l'argent ! »
Sa pensée était vraie.

CAE 478 se dirigea vers le petit groupe isolé, composé de Pannonique, MDA 802, qui se nommait Lindsay, EPJ 327, autrement dit Pietro, RLY 513 et Zdena.
« - Vous là-bas ! les apostropha-t-il. Pourquoi vous ne nous aidez pas ? Après avoir récité des discours héroïques et montré l'exemple, vous vous dégonflez ? Qu'est-ce qu'il se passe ? »

Leur réponse fut immédiate et unanime : Ils avaient voulu mettre fin à l'émission, ou sauver les détenus, mais ils ne voulaient pas s'abaisser à reproduire les actes barbares des kapos pour se venger, ni faire de mal à qui que ce soit.
« - Ne pouvons-nous pas simplement rentrer chez nous ? questionna Lindsay.
L'homme éclata d'un rire gras puis s'exclama : Si vous rentrez chez vous, vous serez filmés pour notre émission, comme tout le monde ! C'est votre seule chance, soit vous nous aidez, soit vous rentrez chez vous, et vous participerez à l'émission ! »

Avec le sentiment étouffant de se condamner à mort, ils restèrent tous les cinq sur leur décision.
Ils furent alors enfermés.
Le soir même, sur toutes les chaînes, on put voir les prisonniers dans un camion, et le principe de la nouvelle émission fut expliqué aux téléspectateurs, qui allaient dorénavant jouer deux rôles : spectateurs et victimes.

Tout le monde, sans exception, crut à une blague de mauvais goût. Pourtant, dès le lendemain matin et toute la semaine suivante, les justiciers entrèrent de force dans les maisons et placèrent des caméras. Si les habitants essayaient de résister, on les immobilisait et leur administrait un puissant calmant avec une seringue. Tout le monde chercha alors à faire la même chose : éteindre les caméras. Mais elles ne comportaient pas d'interrupteur, et un signal était envoyé automatiquement aux organisateurs si on recouvrait ou cassait une caméra afin de ne pas être filmé. Les gens cessèrent leurs tentatives d'échapper aux règles, car les représailles étaient très lourdes...

L'émission, qui se nommait « Surveillés » était diffusée sur toutes les chaînes, et on put avoir la preuve ultime que la société était stupide : Le taux d'audience était aussi élevé que celui de « Concentration ». Tout le monde voulait savoir si on le voyait à la télévision. Certains se donnaient en spectacle, d'autres hurlaient devant les caméras qu'il fallait arrêter de regarder l'émission, car alors elle ne rapporterait plus d'argent et serait abandonnée, mais ces personnes-là regardaient l'émission elles-mêmes.
Ce qui rendait les gens vraiment fous était le fait qu'on ne savait pas à quel moment on était diffusé, la folie et la paranoïa eurent alors raison de la majorité de la population.

Evidemment, Pannonique faisait partie des seules personnes à refuser de regarder l'émission. Elle essayait d'avoir une vie normale, pour éviter d'attirer l'attention sur elle.
Un matin, alors qu'elle passait devant un marchand de journaux, la une du Parisien attira son attention :
Elle lut alors : « Suicide en direct dans « Surveillés » : Pietro Livi, alias EPJ 327 dans Concentration, s'est tué en direct hier soir, en ingurgitant de l'acide sulfurique, trouvé dans la batterie de sa voiture. L'homme a hurlé devant la caméra un discours sur Pannonique, sur la stupidité de la société et l'avenir du monde, avant de se donner la mort. Retrouvez l'intégralité de son discours en page 4. »

Pannonique eut juste le temps de se féliciter de ne pas regarder l'émission (car elle n'aurait pas supporté de voir mourir Pietro) et de sentir un flot de larmes lui monter aux yeux, quand tout à coup, sa vue s'obscurcit, et elle tomba évanouie.

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Et voilà ! C'est la fin de l'histoire, qui comme je l'ai dit, était très courte ! C'est ma première histoire Wattpad, alors n'hésitez pas à me laisser vos avis !

Le concept de mon histoire (Et si...?), consiste à réinventer la fin d'un livre en imaginant une situation qui fait changer le cours de l'histoire. Si vous n'avez pas lu Acide sulfurique d'Amélie Nothomb, je vous conseille de le lire, c'est un livre de science-fiction dystopique qui dénonce les travers de la société.
Les personnages ne m'appartiennent donc pas, sauf RLY 513 et CAE 478.

Je ne sais pas si j'écrirai d'autres histoires avec ce concept, mais vous pouvez me donner au cas où des idées de livres desquels vous voudriez que je réinvente la fin...

C'est tout pour moi !

#PEACE&LOVE

Surveillés "Et si...?" - Acide Sulfurique d'Amélie NothombOù les histoires vivent. Découvrez maintenant