FÉVRIER

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LUI

     Le moteur effroyable de ma voiture s'arrête devant son appartement.

     Cette soirée de Saint-Valentin n'était pas si mal dans son ensemble. Cependant, si j'en crois son croisement de bras effronté et sa manœuvre pathétique pour éloigner entièrement son corps de moi tout le long de la route, nous ne sommes pas du même avis. J'ai même essayé de poser ma main sur sa cuisse en la voyant grelotter, mais elle la repoussait sans négligence. Petite gamine !

     Peut-être que ce n'était que le temps de la route. Qui sait, voir ces lumières flamboyantes du centre-ville sur la route lui aura probablement apaisé l'esprit.

     Mais qu'est-ce que je raconte ! Il n'y a rien qu'à voir comment elle sort de la voiture pour claquer la porte, pour comprendre qu'elle n'est pas DU TOUT calmée. Je dirais même qu'elle est hyper remontée vu le petit « connard » qu'elle m'envoie avant de me laisser en plan dans la voiture garée.

     Génial ! Il va falloir que j'affronte encore une fois le diable.

     Je sors pour la rejoindre devant la porte de l'immeuble, mais en la voyant se battre avec son sac à main, je commence à me demander si je ne devrais pas plutôt prendre mes jambes à mon cou.

— Je n'ai même pas le droit à un petit bisou d'au revoir ?

     Des éclairs dans les yeux. Aie ! Mauvais choix de stratégie. Il vaut mieux plutôt jouer le mec inquiet et désireux de régler le problème.

    Entamant sa lancée pour ouvrir la porte de son appartement, je lui bloque la porte en m'approchant d'elle. Je positionne mes deux mains sur ses épaules et les yeux dans les yeux, lui lance mon plus beau regard d'agneau sans défense. Si là, elle ne craque pas, je ne sais pas comment.

— Qu'est-ce qu'il y a, ma belle ? C'est le restaurant ? Il ne t'a pas plu ?

     Je joue l'ignorant, sachant pertinemment que ça va l'agacer, que je ne remarque pas d'où peut bien venir le problème. Une tactique plus que maligne, car je sais qu'elle va se faire une joie de me rappeler ma bêtise de la soirée. Si on peut appeler ça une bêtise.

     D'autant plus que j'ai dû réserver au moins six mois à l'avance cette putain de table. Ce genre de restaurant est plein à craquer lors de la Saint-Valentin et doit enchaîner autant de services que pendant les moments de rush.

     Avant de commencer à me répondre, elle prend une grande inspiration, ce qui ne me dit rien de bon.

     Je lui souris pour tenter de calmer un peu le jeu, mais je crois que ce geste n'arrange rien, puisque juste avant de commencer son débat, madame s'arrête et reste là à me scruter. Je crois que je la fatigue trop pour essayer qu'elle se batte.

     Pendant de longues secondes, nous nous regardons dans le blanc des yeux. Et même si ma raison veut tenter de régler le problème, ma nature, elle, préfère régler ça sur le ton de l'humour. Alors, très sarcastiquement, je croise les bras et me redresse avant de lui dire :

— Vas-y, je t'écoute ! À quelle sauce tu as décidé de me cuisiner cette fois-ci ?
— Ce n'est pas drôle.

     Si le regard pouvait tuer, je serais mort dans d'affreuses souffrances.

     Vu que le sarcasme ne marche visiblement pas, je préfère...

— Au contraire, c'est hilarant.

     Putain, mais pourquoi j'ai dit ça ? J'agis toujours avant de réfléchir. Et après, ma foutue raison doit réparer les pots cassés.

     Plus un mot ou un son ne sort de sa bouche. Et ne sachant plus comment faire, la seule chose que je peux, c'est de la regarder brûler. Aussi brûlant que peut l'être mon amour pour elle.

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