Hidden Mind Valley TOME 1

1 Un Nouveau Départ à Hidden Mind Valley

PDV ANGELINA

Hidden Mind Valley¹ c'est ici que tout commence, parmi tous les chemins que je pouvais choisir, je suis allée vers toi. La lueur de la lune qui baigne la vallée, des auréoles de lumières, réveillent des secrets et animent ces ruelles. Je m'appelle Angel LostMoon, étudiante à la seule et l'unique université Hidden Mind, elle est réputée pour ses cours de Mythes et Légendes, ce n'est pas pour rien que j'y ai déposé bagages. J'aimerais renouveler une partie cachée de moi et m'accepter comme je suis. Ce cours est important pour moi, je suis même venue à cette université particulièrement pour cette matière. Je porte un lourd secret, une vérité que je ne peux confier à personne, ou presque, sous peine de me retrouver internée.

Depuis mon enfance, je vis au cœur de phénomènes paranormaux qui me dépassent, il existe un autre monde, parallèle au nôtre, qui évolue avec ses propres lois. J'ai besoin d'en apprendre plus sur lui et de trouver des réponses à mes questions.  Et également de mieux me comprendre. Pourquoi est-ce que je suis pourvue de ce don ? Moi et pas mes parents ?

— Oh !! Arrête de rêver !! Tape-t-il dans ses mains. Au boulot ma petite !!

Je sors de ma rêverie sous les paroles de mon ami, je remonte mes bras pour poser l'un de mes coudes sur le comptoir de la petite librairie de la ville. Les reflets de la lune me font frissonner comme à chaque fois qu'elle est présente, sans savoir pourquoi, sans réponse. Je plonge ma tête dans la main, de l'autre, je feuillette un livre, j'essaye à nouveau de me plonger dans cette romance, une jeune fille hors pair qui tombe amoureuse d'un vampire, mais celui-ci est emporté par son passé. Cette obsession pour les livres... Mon repaire, qui m'a poussé à choisir le cursus des cours de littérature. Je soupire sans faire attention à mon ami. Il s'assied sur le comptoir à ma gauche, regardant la petite porte de la librairie.

— C'est bientôt l'heure de, tu sais qui !

Je lève les yeux au ciel. Je travaille ici dans cette petite librairie depuis mon arrivée pour subvenir à mes besoins en plus de l'université. Deux mois qu'un jeune homme vient tous les jours à cette heure : dix-huit heures ; dix minutes avant la fermeture, le dernier client de la journée et cela m'intrigue. Comment est-ce possible de terminer tous ces livres en même pas une journée pour les déposer le lendemain ? Il ne dort pas de la nuit ou quoi ? Je ferme mon bouquin d'un coup sec, perturbée par cet étudiant. Cette ville est pleine de secrets.

— Il faudrait vraiment que je m'inscrive au cours de Mythes et Légendes non ?

Comme si mon ami lisait dans mes pensées, il penche la tête en arrière.

— Depuis deux mois que je te le dis. Tu pourras apprendre pleins de choses sur toi et cette ville aussi.

Je souffle, mon ami a peut-être raison. Il le faut, après tout, je dois savoir pourtant au fond de moi, j'ai ce nœud qui ne veut toujours pas se défaire, coincée dans le passé. La clochette retentit, je reprends mes esprits. Je lance mon bouquin derrière moi, il atterrit de justesse sur une autre pile de livres. Hé hé ! Je me replace droite comme un I derrière ma caisse pendant que mon ami est hilare.

— Secoue un peu tes cheveux Angel, tu es resplendissante aujourd'hui ! Je suis sûre qu'il va finir par te remarquer !

— Rho arrête un peu !

Le jeune homme quant à lui est très concentré à chercher un autre livre ; mais ma voix brise le silence faisant pivoter cet homme, un sourire timide naît sur ses lèvres. Je n'ose plus respirer, j'ai parlé sans réfléchir. Je déteste celle que je suis face à cet étudiant, ce n'est pas moi. Enfin, je ne sais pas...

— OMAGAD !!

Mon ami se lève en sautant du comptoir, il pose ses mains sur chaque côté de ses joues puis il se retourne vers moi.

— Après deux mois Angel, Ron te sourit enfin !!

Une chaleur envahit mes joues lorsque le regard du jeune homme se pose sur moi.

— Tu baves, ajoute mon ami.

Je détourne le regard, embarrassée par la remarque de mon ami, je me sens rouge de honte et je détourne les yeux pour cacher ma gêne, je cherche rapidement une distraction. J'attrape la petite feuille de location de livres sur le comptoir en attendant Ron pour retirer ce malaise. À cette heure-ci, depuis deux mois maintenant, je ne me reconnais plus dès qu'il entre dans la librairie. Et la seule chose qui me vient à penser, c'est pourquoi ? Pourquoi j'ai l'impression d'agir différemment ? Je note les numéros des livres, je sors de ma rêverie, je suis si admirative devant ses nouvelles lectures : les poésies françaises, les Misérables...

— Très bon choix.

Mon cœur bondit dans ma poitrine avant que mes yeux ne se posent sur le visage du brun, tandis que j'agrippe mon crayon à papier en le faisant grincer de nervosité. J'ai laissé échapper mes pensées à haute voix sans m'en rendre compte. Je resserre mon emprise sur le fragile bâton qui émet à nouveau un petit craquement. Je dois me ressaisir, cela manque profondément de professionnalisme.

— Merci. Puis-je ?

Je fronce les sourcils.

— De ?

— Mes livres.

Quelle imbécile ! À ton avis, il est venu faire quoi dans une librairie ? Reprends-toi !

— Oh ! Oui, désolée.

Je prends les livres à la va-vite, mais ils commencent à glisser. Je suis destinée à être maladroite, c'est inscrit dans mes gènes. Le contact glacial de ces mains sur les miennes me fait frissonner instantanément, tandis que je réussis à récupérer les fichus bouquins qui menaçaient de tomber. Sans aucun contrôle, je remonte mon regard sur le jeune homme pendant un instant. Je suis totalement envoûtée, mon cœur se contracte et une douleur lancinante me traverse le ventre. Qu'est-ce qu'il m'arrive ? Je n'ai jamais ressenti cela envers une personne avant.

— Merci, Angelina.

Le temps semble figé, comme si l'univers tout entier retenait son souffle. Ça faisait si longtemps que je n'avais pas entendu mon prénom, mais quand il le murmure, ça résonne différemment dans ma poitrine, une nouvelle mélodie, et pourtant, rien ne changera. Mes mains se retirent brusquement, laissant émerger des souvenirs lointains. Mon objectif est de laisser derrière moi ces moments passés de ma vie, tracer une voie bien à moi, sans entraves, cette ville est le lieu parfait pour commencer cette nouvelle aventure.

— Angel.

— Ange est le seul mot de la langue qui ne puisse s'user. ²

Ron me sourit en coin puis il refait retentir la clochette de la petite librairie sous ses mots qui me laissent sans fin.

¹ Hidden Mind Valley : La Vallée de l'Esprit Caché.
² Ange est le seul mot de la langue qui ne puisse s'user : Citation - Les Misérables (1862) de Victor Hugo.