Les coups de foudre n'existent pas

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Une main sur mon épaule me réveilla en sursaut.

Je m'étais assoupi dans le train, et je remarquai immédiatement que la nuit était tombée pendant mon sommeil. Je n'avais aucune idée de l'endroit où je me trouvais, si ce n'est à côté d'un magnifique jeune homme qui venait de poser sa grande main sur moi pour me secouer gentiment.

-C'est le terminus, Monsieur. Vous descendez ?

-Euh, oui bien sûr ! Merci de m'avoir réveillé.

Je me levai rapidement, embarrassé, mais ma vision se brouilla, et je dus m'accrocher au beau brun qui ne s'était pas éloigné.

-Ça va ? s'inquiéta-t-il immédiatement en me stabilisant gentiment.

-Oui, oui, ne vous inquiétez pas, je me suis levé trop vite c'est tout.

Ses sourcils froncés m'indiquèrent pourtant qu'il se sentait concerné par mon état, ce qui, étrangement, me fit chaud au cœur. Il faut croire que quand on vient de se faire jeter dehors par son père au moment où l'on prononçait la phrase « Papa, je suis bisexuel », l'inquiétude d'un étranger fait du bien, prouve que l'on existe toujours, que les gens continuent de nous voir. Même si je n'avais pas un sou en poche, et que la veste que j'avais réussi à attraper avant de me faire pousser dehors n'était vraiment pas idéale pour ce mois de décembre.

-Monsieur ?

-Oui pardon j'étais perdu dans mes pensées, vous disiez ?

Ses yeux noisette reflétaient son inquiétude grandissante.

-Vous n'avez pas raté votre arrêt j'espère ? Je m'en voudrais si c'était le cas...

-Non pas du tout ! je le rassurai immédiatement. Je n'ai pas raté mon arrêt.

Ses yeux s'illuminèrent un petit peu à cela, et ses lèvres se soulevèrent de quelques millimètres, dans l'esquisse d'un sourire. Nous sortîmes du train et je le suivis lorsqu'il descendit les escaliers.

-Puis je vous poser une question, euh...

-Alec, compléta-t-il pour moi avec un sourire, un vrai cette fois-ci, qui provoqua une drôle de sensation dans ma poitrine.
-Diminutif d'Alexander, il ajouta.

Je levai un sourcil.

-Alexander ? Ce n'est pas un nom français, ça.

-Non, mes parents sont partis de New York quand j'avais dix ans. Ils ont toujours rêvé de vivre en France.

-Ça alors ! Mes parents ont toujours rêvé de vivre en France, et c'est pour ça qu'ils sont partis d'Indonésie quand j'avais dix ans.

Il me sourit.

-Quel point commun ! Et tu t'appelles ?

-Magnus. Diminutif pour Magnifique, je fis avec un clin d'œil suggestif.

Il rit, et ce son était tout simplement le plus beau que j'aie jamais entendu.

-Eh bien, Magnus, quelle était ta question ?

-Euh oui, c'est vrai, je dis, l'ayant presque oubliée à force de contempler l'homme magnifique qui gravissait d'autres escaliers juste devant moi. Elle est toute simple, en fait. Dans quelle ville sommes nous ?

Il s'arrêta net en entendant cette question, et je faillis lui rentrer dedans. Pas que je me plaigne, hein. Il était vraiment bâti comme un dieu.

-Tu as dit que tu n'avais pas raté ton arrêt, et pourtant tu ne sais pas dans quelle ville tu es ?

Je grimaçai, essayant d'en dire le moins possible sur ce qui m'a valu d'être déshérité.

Love at first sight is just bullshit (OS Malec)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant