Quand à 18h, j'ai ouvert la grille de mon bar, le soleil ne s'était pas encore couché. C'était encore une belle journée d'été qui se finissait. Nous étions au début de la saison mais déjà la température montait au thermomètre. Il fit doux le soir ou l'horreur débuta.
Whallid Adem se tenait devant la grille comme tous les soirs après sa journée de travail. Whallid est un immigré syrien qui s'est installé dans le coin il y a deux ans. Il a tout perdu dans la guerre, sa femme, son fils...pourtant tous les jours il vient ici, il commande une menthe à l'eau et des biscuits apéritifs. Je dois avouer que la première fois qu'il s'est présenté devant le bar je me mis sur mes gardes. Il faut dire qu'il n'a pas un visage très gracieux. Son œil droit semble en permanence couvert par sa paupière qui cache un regard vide. Ses cheveux semblent toujours en bataille malgré une calvitie naissante. Mais c'est surtout ce sourire qui la première fois me sembla tellement terrifiant. Tout cela me stressait à l'époque. Je n'ai jamais vu Whallid sans ce sourire et aujourd'hui il me fait plutôt penser à celui d'un légume plus que celui d'un fou. Je le laissais s'installer à sa table habituelle. Comme tous les soirs il allait boire sa menthe à l'eau sans déranger personne. Soudainement je sentis quelque chose dans le ciel. Quelque chose était différent, l'aura de la ville était devenue plus sombre et plus terrifiante. Je m'y connais en aura, chaque jour je passe une heure à recharger mes chakras et celui des pierres protectrices que je garde autour du cou. Ce changement d'aura ne peut donc pas m'être passé devant le nez sans que je ne m'en rende compte. Ça s'est passé aujourd'hui.
Peu à peu les premiers clients arrivèrent, certains sont des clients réguliers, en particulier les ouvriers des chantiers voisins et des artisans de la vieille ville qui vendent leur produit à des touristes incapables de les différencier avec de la contrefaçon chinoise. Arrivèrent ensuite les étudiants, ils sortent de l'université et se rencontrent avec ceux qui ont leur âge mais qui travaillent déjà. Il se retrouvent devant le bar et jouent à ceux qui s'avaleront le plus de pintes. Je n'aime pas que des petits imbéciles se mettent à jouer a des jeux idiots dans mon bar. C'est pour cela qu'encore aujourd'hui personne n'a gagné. Il faut croire que je suis convainquant.
A côté de moi mon assistant, Greg, râle. Avec son crâne chauve et sa longue barbe taillée. Avec son accoutrement, digne d'un motard vieillissant malgré sa fraîche vingtaine d'années, il pourrait passer pour le plus grand rocker si seulement, à son plus grand malheur je n'étais pas là.
« -Dis patron ! Tu ne voudrais pas mettre de la musique comme d'habitude au lieu des infos ? »
Non je ne veux pas. Dernièrement ils ont commencé à parler de plusieurs meurtres dans la ville. Des prostituées ont été retrouvées assassinées dans la forêt. Ça ne devrait pas me concerner en théorie mais je suis un homme qui place les femmes au-dessus de tout, si j'étais capable de retrouver la personne qui a fait ça. Je pense que le dernier cadavre qu'on retrouverait dans cette forêt serait le sien. De plus, toutes les filles qui ont été retrouvées étaient des habituées du bar. Je ne peux pas permettre qu'on s'attaque à des personnes qui passent dans mon bar. Pour l'instant pas l'ombre d'une nouvelle victime aux infos...seulement un pont qui s'est écroulé mystérieusement pas loin d'ici.
- Laisse Greg, tu sais que le Patron prend ces affaires très à cœur.
Lanna rit en servant un Mojito à un client ayant un pif déjà plus rouge qu'un camion de pompier. Lanna est la dernière recrue du bar. En vérité, avant même qu'elle ne soit majeure, elle venait m'aider ici. C'est la fiancée de Greg. Haïtienne de naissance, elle en a la peau et la beauté naturelle. Elle est dotée d'une belle poitrine qui a sans doute été la raison de l'attirance de Greg. Pourtant c'est loin d'être la seule chose que lui a offert maman nature. Sa paire de lunette qui surmonte sa jolie frimousse donne un indice sur l'immense intelligence qui habite cette femme. Elle a longtemps calculé elle-même les additions lorsque la caisse était cassée. Elle sait faire bien des cocktails dont je ne soupçonnais pas l'existence avant qu'elle ne me les montre. De plus la productivité de Greg monta en flèche à son arrivée.
C'est au moment ou le présentateur commença a présenter son invité, un pseudo-écrivain un peu connu que l'homme entra. J'eu l'impression à ce moment que même la télévision se tut quand l'ombre humaine qui s'introduisait dans le bar se reflétât sur le mur. Même pour moi qui suis difficilement impressionnable, son entrée créa un terrible frisson qui parcourut mon échine. Ce n'était pas un homme qui rentra à ce moment, c'était un démon, un cauchemar vivant. Son aura était la plus noire qu'il me fut donné de rencontrer avant lui. Pas besoin de le ressentir pour le savoir tant son regard semblait rentrer dans votre esprit et terrifier une à une les cellules de votre cerveau. Sa peau semblait plus grise que blanche et ses cheveux, poivre et sel, partait dans sur ses épaules d'une façon relâchée. Ses yeux, d'un jaune profond, semblait appartenir à celui d'un animal carnassier. Il portait un long manteau et ses mains enfoncées dans ses poches était le prolongement de bras maigres. Une immense écharpe verte tournait plusieurs fois autour de son cou et passait sur la partie basse de son visage, cachant sa bouche. Il me commanda une limonade avec une paille. Sa voix était sèche et il semblait faire un effort surhumain pour prononcer de simples mots. Il posa directement sur le comptoir l'argent. Les pièces semblaient parfaites, comme si elles n'avaient jamais été touchées. Sa main semblait bien commune par rapport au reste de son corps si on exceptait leurs légères maigreurs. Mais si je pu voir sa main droite, celle de gauche resta enfermée dans sa poche, comme si il désirait la cacher plus que tout. Il but rapidement sa limonade, ne retirant pas son écharpe pour boire. Se retournant régulièrement pour observer dehors une femme dont on ne pouvait douter de la profession du fait de son habillement. Cette même femme finit par rentrer dans le bar et s'assoir à la même place ou il y a trois ans se tenait Lyli. Elle lui ressemblait, elle avait ce même visage à la fois sage et décadent. Ses long cheveux teint en bleu dénotaient avec sa peau pale et se posait délicatement sur ses frêles épaules. Ses habits semblaient si légers et dévoilait tant de choses qu'ils auraient pu s'envoler avec le ventilateur s'il n'y avait pas quelqu'un à l'intérieur. Elle ne commanda rien. Non pas qu'elle ne voulut pas mais au moment même ou elle s'assit et ou je m'approchais d'elle, elle reçut un message et se dépêcha de sortir du bar. Doucement, l'homme a l'écharpe se mit à sortir également, la suivant sans se dépêcher.
Une heure se passa, une heure de torture pour moi. Je sentais que c'était lui le tueur. Un regard de chasseur, une écharpe pour cacher son identité et surtout cette aura de dément. Un homme de cette carrure ne prenait pas une simple limonade sans être un psychopathe. J'aurait du les suivre, je l'aurais fait si mon horoscope ne m'avait pas dit de faire attention aux apparences et que les gens n'étaient point ce qu'ils semblaient être. Mais c'était trop difficile pour moi de ne rien faire. Alors j'appelais Lanna pour lui dire de garder le bar alors que j'empoignais ce qui servait à écraser les glaçons pour les mojitos. On m'avait interdit de laisser une batte dans mon bar depuis que j'avais brisé le crane d'un homme qui frappait sa femme, une amie à moi.
Je mis du temps à trouver l'endroit où ils étaient, non pas parce que la forêt était grande mais a cause du bruit que j'entendais. N'importe qui aurait fui en entendant ces bruits de mastication qui courait à travers les arbres. Ça ne pouvait pas être lui le tueur. Les victimes avaient été retrouvées presque intacts. En serait-ce un autre ? Ce n'était plus la colère qui me guidait mais bien la curiosité. Je marchais lentement, m'approchant du bruit de viande crue qu'on déchire. J'avais reconnu le bruit à cause d'un documentaire animalier que j'avait vu il y a longtemps. Il était si fort que je n'avais pas besoin de me faire discret, le bruit couvrait mes pas. J'arrivait alors sur lieu et mit à vomir devant le spectacle qu'était le mien à ce moment-là. Au sol, un cadavre masculin était en lambeau alors que deux personnes était en train de le manger comme s'il n'était qu'une simple proie. L'odeur de sang emplissait mes narines, je l'avais déjà senti avant, mais jamais d'une telle puissance. La fille avait ses cheveux bleus maintenant teint du sang rouge de l'homme, ses yeux était devenus Jaune avec des pupilles plus noire que le charbon alors que sa mâchoire s'était garnie de petites dents sanglantes. Si la femme était terrifiante, l'homme l'était encore plus, ses yeux était les mêmes, mais je pu découvrir sa mâchoire plus que monstrueuse maintenant qu'il avait retiré son écharpe, ses lèvres s'étendaient le long de ses joues et des dents plus longues que des doigts et rangées en ligne stricte garnissait ses gencives. Sa main droite était tout aussi normale que tout à l'heure, mais sa main gauche avait, au milieu de la paume, une bouche humaine qui arrachait les bouts de viande alors que le long du bras maigre des écailles luisait. Ils me regardaient, ils m'avaient vu. Jamais de ma vie je n'avais fui aussi vite, jamais de ma vie je ne sentit mon cœur battre aussi vite. Rien n'avait jamais pu me faire crier depuis que je ne portais plus de couche et que ma bouche n'accepte plus de tétine. mais si ma voix n'avait pas été bloquée, j'aurais crié à m'en vider les poumons. Je crois que j'eu de la chance qu'ils ne me poursuivent pas. Après une longue course je m'arrêtais et m'assis sur une souche. J'avait reconnu la victime et ce que je savais de lui et le fait qu'aucune des deux créatures morbides ne m'avait pas poursuivi me firent comprendre la situation. Cet homme qui gisait sur l'humus, je l'avais vu en compagnie des victimes le jour de leurs morts, jamais je n'avais fait le lien mais maintenant tout me semblait clair.
Il était presque minuit quand l'homme revint, il avait remis son écharpe et ma clientèle était maintenant un peu trop frappée pour se rendre compte de sa présence. Il commanda une limonade comme si rien ne s'était passé. Il se mit alors à me parler.
-Tu sais...Tu l'as senti toi aussi ?
Face à mon absence de réponse il se mit à soupirer et bu sa limonade avant de continuer son discours, un monologue avec pour seul pause des bruits rauque de sa gorge. Il devait être difficile pour un homme avec une tel mâchoire de parler.
- C'est à cause de nous...Les forces des ténèbres s'éveillent, les monstres qui étaient déjà ici ne peuvent plus se cacher et les gens comme moi sont obligé de venir, de fuir. Des événements comme celui-là vont se reproduire. Mon nom est Ajax, Ajax Terror Senior.
J'avais du mal à croire que quelque chose avait pu faire assez peur à une telle créature de cauchemar comme lui pour l'obliger à fuir. Je le regardais dans les yeux, contenant ma peur pour ne pas fuir.
-Au fait...ma petite fille te trouve à son gout.
Il explosa alors de rire, un rire rauque que tous entendirent, qui fit taire toute les conversations. Alors que les yeux se posèrent sur lui, il finit son verre et se leva, posant ses pièces cette fois ci de sa main gauche, sur le dos de sa main un œil s'ouvrit, un œil étrangement humain. Puis, il partit, disparaissant doucement dans l'obscurité.
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Angeac
TerrorDans la pauvre Angeac, les ténèbres n'avaient pas fait apparition depuis 400 ans, mais une terrible malédiction à ramenée les morts a la vie, à démasquée les monstres et à fait sortir des entrailles de la terre les cauchemars de tous les hommes. Les...