Chapitre 3

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Ce dernier week-end de septembre est aussi le premier, depuis un long moment, de repos pour moi. On arrive à une période plutôt calme où je vais pouvoir souffler après la course des mariages et autres repas de famille, grands classiques des étés. Ensuite arrivera le moment des repas et thés dansants assez nombreux dans la région me procurant un regain de travail.

J'ouvre un œil que je glisse du côté du radioréveil et constate qu'il est déjà passé huit heures ; pas de souci c'est samedi, j'ai tout mon temps. Paresseusement, je m'étire, me retourne dans mon lit pour profiter encore de la chaleur des couvertures et me réveiller en douceur. Je me sens un peu morose, sans doute est-ce-dû à la soirée de la veille. Je devais retrouver Manuel chez lui pour une soirée en tête à tête, officiellement pour travailler sur un nouveau projet. Je commençais déjà à me préparer, vers dix-huit heures lorsque mon téléphone a sonné. Il me prévenait que sa femme venait de l'appeler pour annuler son week-end de garde. En effet, ses enfants devaient passer les deux jours suivant dans les Vosges, chez lui. Il s'était même arrangé pour travailler le samedi à partir de midi et uniquement le dimanche matin afin de leur consacrer un maximum de temps. Il m'expliqua que son ex venait de lui apprendre que leur fille ne se sentait pas suffisamment bien pour vouloir faire le trajet. Elle lui proposait alors de venir à Nancy. Aussi, dès son travail terminé, Manuel a sauté dans sa voiture pour passer la nuit là-bas. Il doit revenir ce midi puis repartir dimanche aussitôt après avoir fermé la boutique. Fini notre soirée en tête à tête ! Évidemment, je ne me voyais pas lui reprocher son faux bond alors que je sentais l'inquiétude dans sa voix. Il n'empêche que je me suis retrouvée seule et amèrement déçue. Alors, ce matin au réveil, je rumine. Je ne sais pas pourquoi mais, je n'ai aucune confiance en cette bonne femme. J'ai l'impression qu'elle joue avec les états d'âme de sa fille pour éloigner son mari d'ici. Je ne l'ai aperçue qu'une seule fois pourtant, je suis certaine qu'elle est mauvaise et calculatrice. Sans compter qu'un doute m'a traversé l'esprit depuis notre entrevue dans l'appartement de Manuel. Et si elle avait remarqué en passant dans les deux autres chambres de l'appartement que je n'avais dormi dans aucune d'elle... En effet, mes affaires se trouvaient dans celle de Manuel et c'est de là que je suis sortie. En a-t-elle tiré des conclusions et si oui qu'en pense-t-elle ? Je suis sûre qu'elle est du style à faire toutes sortes de crasses à son ex-mari pour la simple raison qu'il l'a déjà remplacée, même si c'est elle au départ qui l'a trompé.

Démoralisée par ces pensées, je me lève d'un pied lourd, bien décidée à m'occuper l'esprit autrement. Heureusement, un sms de Manuel m'attend sur mon portable, me souhaitant une bonne journée et s'excusant encore pour notre soirée ratée. Je me sens déjà un peu mieux. Il est incroyable de voir comme un simple sms peut influencer mon humeur.

Un bon petit déjeuner plus tard suivi d'une douche et me voilà prête à assurer. Pendant que Jeanne et Léo ont pris ma place à la salle de bain, j'appelle Zoé et lui demande si une journée shopping entrecoupée d'un Mac Do la branche. Toujours partante, elle débarque moins d'une demi-heure plus tard chez moi et l'instant d'après, nous prenons place dans sa voiture. Quelle bonne idée d'en avoir choisi une avec six places. Au moins, nous installons nos quatre enfants sur les sièges arrière et nous pouvons papoter tout le long du trajet, économisant par là même le carburant pour un deuxième véhicule.

Pendant quelques heures, nous enchainons les boutiques. Une fois pour les enfants, une fois pour nous et ainsi de suite. Au moins, il n'y a pas de jaloux. Jeanne, loin d'être en reste, nous incite à pénétrer partout, espérant trouver la perle rare. Enfin, avec elle c'est plutôt les perles rares, ou pas. Elle passe de rayons en rayons, attrapant tout ce qui lui tape à l'œil avant de se diriger vers les cabines d'essayages. Si je ne la freine pas c'est la banqueroute assurée. Mais aujourd'hui j'ai décidé de lui payer uniquement ce dont elle a besoin. Autrement dit, un pantalon, des sous-vêtements et un ou deux petits hauts. Pour le reste elle prendra son argent de poche. Bien sûr, j'ai du mal à respecter mes résolutions mais, je m'en tire plutôt bien.

M. ScoatneyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant