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"A mon anniversaire, je savais que c'était le dernier.

Je savais que chaque mois qui passait serait les derniers.

Quand on me disait merci, je me demandais quels seraient mes derniers mots.

Quelles seraient mes dernières images.

J'aimerais mourir en pleine nature, avec le vent me caressant doucement, le soleil m'éclairant et me réchauffant agréablement, les fleurs dansant au rythme de la brise à côté de moi comme j'aurai toujours aimé vivre en utopie en parfait accord avec moi."

Tu es mort en hôpital et tu as vécu dans un monde qui se rapprochait bien plus de la dystopie que de l'utopie.

Tu es mort avec le bruit des machines, l'aigre senteur des produits ménagers.

Tu as vécu avec la douleur de mourir.

Je ne t'ai même pas dit adieu…

J'étais à l'entraînement de tennis et je n'avais même pas entendu sonner mon téléphone.

Les derniers mots que je t'ai adressés étaient; "A plus j'vais à l'entraînement", alors que Dieu sait que j'aurai pu parler un mois sans jamais m'arrêter.

Je n'ai même pas vraiment parlé avec toi à part lors de nos nuitées sous les étoiles.

Reviens... J'ai tellement de choses à te dire...

Reviens!

"Tu te rappelles au zoo, quand on était petits, et qu'on imitait les animaux ?

Tu te rappelles, frérot ? Je pense et espère que tu n'as pas oublié.

Cette lettre, je l'écris en réalité par peur que tu le fasses.

Car je suis égoïste et que je n'ai pas envie que tu m'oublies...

Même si il serait mieux que tu ne te souviennes pas de moi, pour ton bien...

C'est dur de savoir que je vais mourir...

Dur de savoir que je vais quitter ce monde, mes souvenirs et ma famille.

Dur de quitter ce monde où à chaque endroit m'attend un prochain souvenir.

La mort… on oublie souvent qu'elle nous attend et c'est l'erreur que j'ai faite: je me suis cru sur l'Olympe pour finalement rejoindre la barque de Charon.

Maintenant, le seul endroit qui m'attend est le cimetière ainsi que ma prochaine tombe, la pierre froide sous laquelle je serais enterré.

Personne ne saura QUI je suis en passant devant cette tombe.

Personne ne saura qu'en dessous ne se cache pas un suicidé, un voleur mais... mais moi...

Personne ne saura que sous cette pierre sera enterré le corps froid d'un garçon qui croyait avoir toute la vie devant lui pour rire, aimer, s'amuser, avant d'apprendre la triste destinée qui l'attend réellement.

Personne ne saura que celui enterré est un garçon qui jusqu'à l'âge de neuf ans a cru aux licornes.

J'aurai fait ma vie, vécu ma minable existence.

Je serai semblable aux autres tombes de pierre froide autour de moi.

Je serai mort."

Les larmes s'écrasent sur ce dernier mot, mais l'encre ne coule pas.

Je me lève et regarde la photo posée sur mon bureau.

Lui et moi, si semblables, si complices.

Mon frère...

Il est mort…

Mon frère est enterré...

Il a "fait sa vie".

Il ne viendra plus jamais te parler, rigoler.

Mon frère…!

-NON ! hurlai-je, le cœur en morceaux. RENDEZ MOI MON FRÈRE ! RENDEZ MOI MON JUMEAU! RENDEZ MOI MA MOITIÉ ! REVIENS ! RE... viens...

Ma voix retomba, brisée, rauque à force d'avoir appelé mon jumeau, ma moitié, dans mes rêves et dans les sombres journées et nuits qui ont précédé sa mort.

Je voudrais mourir.

Post [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant