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Je me réveille, l'esprit embrumé. Je regarde autours de moi, espérant avoir rêvé, mais à tord : je suis bel et bien dans la Forêt des Ténèbres. Une migraine terrible me saisit. Je baisse la tête, surprise par l'intensité de ce mal de crâne.

Dans la faible lueur de l'aube, je peux voir le sol encore mouillé, signe que je ne suis pas restée inconsciente très longtemps. Les flaques d'eau le maculent encore.

C'est alors que je me vois. Mes cheveux sont comme damasquinés : des mèches couleur de lune et d'argent se sont glissées parmi celles, noires, que j'ai depuis ma naissance. J'ai une mine affreuse, mais ce n'est pas le pire. Mes beaux yeux de la couleur du clair de lune sont devenus rouges et luisent dans la pénombre.

Le brouillard autours de moi émet une faible lueur rouge. Mon instinct me crie que cela signifie que je coure un danger. Je ne sais pas d'où vient ce pressentiment, mais mes jambes lui obéissent et je m'enfonce dans la forêt.

Mes sens sont comme décuplés : je cours plus vite que d'habitude et perçois la moindre vibration, le moindre son. Mais le plus impressionnant est ma vue : alors que la Forêt des Ténèbres est plongée dans l'obscurité, je la vois presque lumineuse. Mais ce n'est pas pour autant que je la trouve plus rassurante.

C'est alors que j'entends un bruit. D'abord faible, il se rapproche ensuite et j'arrive à l'identifier. C'est une sorte de rugissement, mais en beaucoup plus effrayant. Je devrais fuir, mais mon corps ne veux pas. Au fond de moi, j'ai envie de savoir ce qu'est cette chose, alors j'attends.

Soudain, je la vois. Une immense bête poilue arrive dans mon champ de vision. La gueule frémissante, elle a un énorme corps puissant, dont les pattes griffues pourraient décapiter un homme sans problème. Sa tête, semblable à un loup, quoique plus grosse, se tourne vers moi, révélant deux yeux noirs remplis de violence.

C'est seulement à ce moment là que mes muscles se débloquent. Dès que je sens mes forces revenir, je démarre au quart de tour et coure pour m'éloigner le plus possible du monstre.

J'entends celui-ci pousser un rugissement monumental et me suivre. Je jette un regard en arrière et la voie, me poursuivant, ses pattes puissantes projettent des mottes de terre.

Prise de terreur, j'accélère, utilisant mes nouvelles capacités. Mon cœur bat de plus en plus vite et je ne peux rien faire pour le contrôler. Une panique sans nom m'enserre l'esprit et je lutte pour ne pas crier.

La bête se rapproche peu à peu de moi, et parcourant les derniers mètres qui nous séparent, bondit sur moi. Je pousse un cri empreint de vésanie et me jette sur le côté. Sans plus me demander d'où me viennent ces réflexes, je me relève et reprends ma course, affolée.

Un rugissement frustré retenti derrière moi. Le monstre s'est relevé et fonce à présent droit sur moi. Je coure vite, mais pas assez. Elle me percute de toute sa puissance. L'impact me projette dans les airs et je retombe mollement sur le sol.

Je me relève lentement, le regard soudain acéré. Je n'ai plus peur de mourir. Le choc m'a fait comprendre qui je suis vraiment, ce qu'est mon côté sombre. Alors, dans un hurlement de rage, je m'approche de la bête et lui plante mes longs ongles pointus dans l'œil.

Rugissant de douleur, elle se secoue la tête énergiquement et je suis jetée à terre. Sa patte s'abat sur moi et je vois floue quelques secondes. Du sang s'échappe de mon nez mais, mue par une énergie inconnue, je me relève et lui fais face une dernière fois.

C'est alors que la bête s'approche de moi. Elle a comprit que je ne tiendrais plus longtemps. D'un mouvement rapide, elle me taillade le ventre de ses longues griffes. Je tombe à terre, en sang, gémissant doucement.

Elle s'approche de moi et dans un dernier rugissement, abat toute sa force contre moi. Je crie de douleur et pousse un dernier soupir avant que mon corps ne devienne flasque.

Cimeterre - La Forêt Des TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant