Chapitre Premier : Emelia Clarke

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Chasseuse d’adultère, ça vous dit quelque chose ? Non ? Eh bien, maintenant, vous n’ignorerez probablement plus rien des dessous de cette activité pas vraiment comme les autres.

 Je suis un genre de chasseur de prime, mais pour ceux qui n’ont aucun remords à donner un petit coup de canif dans le contrat de temps en temps et particulièrement entre dix-sept heures et dix-neuf heures. On me dit plutôt redoutable dans le métier. Je n’ai aucune pitié, mais surtout ce qui fait de moi le meilleur élément de mon agence, c’est que j’ai un œil de tigre dans un corps de gazelle. Avec mes un mètre soixante-dix, mes longs cheveux blonds et mon bonnet C la plupart du temps les gens me pensent inoffensive et me jugent stupide. Je n’ai aucun mal à rentrer dans leur petit jeu parce que pendant qu’ils ne vérifient par leurs arrières, moi j’amasse des montagnes de billets. 

 Mon nom ? Emelia Clarke, un quart de siècle au compteur et des centaines d’affaires résolues. Je suis un peu l’as des as de mon agence. Si j’aime ce que je fais ? J’avoue ne pas me poser la question.  Naturellement, traquer les infidèles ne faisait pas partie de ma vocation première. Ce n’est pas ce que je rêvais de faire quand j’étais gosse, mais rares sont les gamins de toute façon qui font le métier de leur rêve. Mes parents sont persuadés que j’ai bataillé ferme pour obtenir une super place dans le marketing ! S’ils savaient, ils en feraient une attaque ! On est tous contraints un jour ou l’autre de trouver un gagne-pain. Le mien, je l’ai déniché plutôt malicieusement et il a l’avantage de bien rapporter. En prime, démasquer les hommes et les femmes infidèles est mon exutoire. Je n’ai pas apprécié de me faire larguer en règle par un type friqué, depuis je reste sur mes gardes. La vérité, c’est que ma fierté n’a pas supporté d’être jetée comme une vieille chaussette après mes bons et loyaux services. D’une certaine manière, je crois que tout me prédestinait à faire ce métier. C’était écrit depuis que j’ai découvert au détour d’un malheureux sexto que mon père était un coureur de jupons invétéré. Depuis cette date, je n’ai plus échappé à aucune de ses infidélités jusqu’au divorce inévitable de mes parents à l’âge de quinze ans. Après quelques années de haine paternelle, j’ai fini par comprendre que leur divorce était la meilleure chose qui pouvait leur arriver.

Pour l’heure, bien loin de me morfondre, je viens de clôturer un gros coup. Monsieur Strauss, mon client n’est pas prêt de s’en remettre. Photo à l’appui, voilà qui le met dans de beaux draps. Pour une fois, je n’ai pas eu à déployer des trésors d’imagination avant de l’attirer dans mon piège.

Depuis la libération sexuelle, les adultères se sont démocratisés et s’y adonnent autant d’hommes que de femmes. Parmi ceux-ci, on trouve de tout. Des hommes et des femmes désireux de transgresser les interdits, de se venger de leur conjoint, de pallier à la frustration de leur vie sexuelle conjugale ou tout simplement de la pimenter. Depuis deux ans que j’exerce mes talents de traqueuse, j’ai appris qu’il était inutile de se fier aux apparences. L’infidèle n’a pas de profil type, il est surtout très organisé pour se donner des airs bon chic bon genre, et moi, je me dois d’être doublement rusée. Pour faire ce métier, il faut non seulement une bonne dose de résistance physique, de pugnacité, d’observation, de ruse et surtout être sans pitié. J’ai toutes les qualités requises. Au fil des années, je suis devenue un vrai roc. J’ai compris une chose en matière de relation sentimentale : les hommes soit on les mène par le bout du nez soit ils vous mènent par le bout du nez. J’en ai fait mon champ de guerre. Je ne serais plus le dindon de la farce.

 Je suis sur un petit nuage, le succès de l'affaire Strauss m'annonce une belle promotion. Satisfaite de ma journée de travail, je saisis ma veste et quitte mon bureau pour aller fêter ça avec ma colocataire Ellie qui est  aussi ma meilleure amie. Elle est l’une des rares personnes à ne rien ignorer de mes activités nocturnes. Et puis, je peux toujours compter sur elle pour me donner un petit coup de main à l’occasion, histoire d’arrondir ses fins de mois. 

Chasseuse d'adultèresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant