III - Malédiction

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« Chanyeol, je t'aime ! Ne trouves-tu pas que nous formerions un magnifique couple ? Je suis certaine que tu m'apprécies plus que les autres, toutes ces femmes qui te tournent autour ne présentent aucun intérêt, mais moi, moi je peux te rendre heu...

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« Chanyeol, je t'aime ! Ne trouves-tu pas que nous formerions un magnifique couple ? Je suis certaine que tu m'apprécies plus que les autres, toutes ces femmes qui te tournent autour ne présentent aucun intérêt, mais moi, moi je peux te rendre heureux ! Je serai l'épouse parfaite ! Nous ferons fortune, nos enfants seront les plus beaux, et tous nous admireront ! Imagine, même, sortir de ce village et gravir les échelons... Nous serions couverts de gloire, et tous se plieraient devant nous... »

Reyna n'était pas femme à dissimuler les objectifs qu'elle visait, et elle était persuadée que Chanyeol la suivrait. Qui n'aimait pas le pouvoir, la richesse et la notoriété, après tout ?
Le jeune homme avait la possibilité de quitter son village et ce métier peu prestigieux, épouser une sublime femme qui lui paierait tout ce dont il avait besoin ; il avait l'intelligence pour devenir érudit, et le physique pour réussir une carrière militaire.

Assurément, Chanyeol pouvait être beaucoup plus qu'un simple forgeron de village, et même s'il ne l'avouait pas, il devait certainement avoir au fond de lui les mêmes ambitions que Reyna.

Mais la sorcière se trompait : le fils du forgeron était un homme simple, qui n'était intéressé ni par le prestige ni par la célébrité. Son seul objectif de vie était de travailler afin que sa famille puisse vivre correctement. Sa seule ambition était de séduire le beau fleuriste, Baekhyun.

Car Chanyeol, individu si serviable et sociable, s'entendait à merveille avec tous les jeunes villageois de son âge, mais il faisait preuve de prudence avec le fleuriste : quelque peu stressé et gêné à la fois, il faisait des efforts pour à chaque fois paraître sous son plus beau jour, tentant d'être séduisant, intéressant, drôle, distrayant.

Même s'il souhaitait tout d'abord connaître Baekhyun davantage et devenir ami avec lui, il cherchait en même temps à lui plaire. Il donnait son cœur au plus petit, et attendait que ce dernier lui offre le sien en retour.
La progression de leur relation était relativement lente, mais le fleuriste ne semblait pas indifférent aux nombreuses qualités de l'apprenti forgeron, et cela suffisait pour encourager Chanyeol, qui persévérait.

« Vous vous trompez, madame, je ne vous aime pas ; sauf votre respect, je ne vous connais même pas, et notre différence d'âge apparente constitue un obstacle pour moi. Vous recherchez un époux qui partage vos ambitions, je ne pense pas être celui qui vous convient. »

Chanyeol essayait d'être délicat et patient, mais la femme était tenace et ne semblait pas vouloir s'arrêter de lui promettre toutes les possessions du monde. Son discours agaçait le forgeron, qui fit des efforts pour ne pas s'énerver et manquer de respect à son interlocutrice, ou plutôt, harceleuse.

« Tu as quelqu'un d'autre dans ta vie, n'est-ce pas, Chanyeolie ? » s'enquit-elle d'une voix aiguë et doucereuse, qu'elle pensait agréable et apaisante.

Le jeune homme n'appréciait ni le tutoiement ni le surnom par lequel la femme l'avait appelé, néanmoins il répondit calmement, la voix posée :

« Mon cœur appartient bien à quelqu'un, mais je n'ai pas le plaisir de partager sa vie. Et je vais être honnête avec vous, madame : les femmes ne m'intéressent pas, surtout celles dans votre genre. »

Il n'avait pu s'empêcher de lui lancer cette critique ouverte, mais il avait du travail à finir et l'importune le dérangeait plus que de raison.

« Je vois, c'est le petit Byun, n'est-ce pas ? Je le vois aux sourires tendres que tu lui adresses » affirma-t-elle, pleine de ressentiment.

Le ton condescendant et dédaigneux qu'elle avait utilisé pour nommer Baekhyun heurta Chanyeol mais, las, il se contenta de défendre rapidement l'homme qu'il aimait avant d'ignorer la femme.

« Vous comprenez à présent que je ne peux devenir votre époux. Nous ne nous connaissions pas auparavant ; désormais, vous avez la preuve que Baekhyun est votre parfait opposé, et qu'il possède toutes les qualités qui me plaisent et dont vous manquez cruellement. Sur ce, madame, je vous prierai de quitter l'atelier, beaucoup de travail m'attend. »

Reyna, outrée, sortit de l'atelier d'un pas vif, et sa colère était telle qu'elle semblait électrifier sa chevelure. Son comportement attira le regard de quelques curieux, mais ses yeux sombres et éclairés par la foudre dissuadèrent quiconque de s'approcher d'elle.

Instinctivement, elle se dirigea vers la boutique de fleurs de la famille Byun, et étonnamment, la vision du jeune Baekhyun apaisa la tension en elle. La jalousie qu'elle éprouvait à l'égard de ce dernier, qui ne se doutait rien, était grande, mais elle possédait plusieurs cartes qui lui restaient encore à jouer.

Ses charmes irrésistibles n'avaient pas fonctionné sur Chanyeol, même, il lui avait avoué ne pas être sensible à la gente féminine ! Reyna avait pensé, dans l'hypothèse improbable d'un refus, utiliser sa magie pour ensorceler le jeune homme.

C'était une punition facile, impardonnable, qui lui aurait assuré l'amour du jeune homme à vie, mais même si son âme était mauvaise, un amour factice de la part de Chanyeol était une idée qui la répulsait.

Elle souhaitait le posséder, certes, mais elle ne voulait pas d'un pantin qui lui obéirait sous la seule influence de sa magie : Reyna désirait que Chanyeol lui offre son affection de son plein gré, qu'il soit fou d'elle, qu'il ne vive qu'à travers elle, et qu'ils forment le couple le plus puissant et le plus riche du royaume.
Un philtre d'amour pourrait lui assurer un semblant d'amour, mais pas le reste, ou alors seulement avec beaucoup d'efforts et d'énergie de sa part, et Reyna ne voulait pas s'épuiser à tout faire par elle-même.

Ce fut en observant Baekhyun jouer avec un petit chiot, riant des mouvements de l'animal, un sourire enfantin illuminant son doux visage, que la sorcière eut l'idée de sa vengeance : Reyna allait utiliser sa magie pour maudire Chanyeol, et le transformer en animal, mais pas n'importe lequel. Il devait devenir un animal que personne, pas même Baekhyun qui semblait connaître et apprécier les animaux, n'oserait approcher et adopter : l'ours était l'animal parfait.

L'ours était un animal grand et impressionnant, à l'image de Chanyeol, mais il était féroce, carnivore, et ces mammifères avaient tué assez de bétail ou même d'hommes, pour que les humains s'en méfient. Des chasses avaient été organisées, et depuis longtemps, aucun ours ne vivait dans les environs proches du village, sinon dans les parties plus reculées de la grande forêt à proximité.

Oui, Reyna trouvait qu'une transformation en ours était une vengeance parfaite. Baekhyun ne reconnaîtrait jamais son prétendant et n'oserait pas l'approcher ; si Chanyeol ne pouvait pas être à elle, alors il n'appartiendrait à personne d'autre.

Le soir venu, elle retourna dans sa demeure reculée, et s'enferma dans son atelier où se trouvaient tous ses manuels d'incantations ; la procédure fut fastidieuse, après avoir déposé tous les objets qu'il avait été nécessaire de rassembler pour la malédiction, elle prononça finalement la formule, rédigée dans une langue oubliée que seules les sorcières apprenaient, une de ces langues si anciennes et mystérieuses aux oreilles modernes que chaque mot semblait être lui-même ensorcelé.

Alors qu'elle éteignait les dernières bougies de son atelier et se dirigeait vers l'escalier, Reyna entendit au loin un hurlement terrifiant, grave et rauque, et la sorcière laissa un rictus former ses lèvres : encore une fois, sa magie avait été l'amie fidèle qui ne l'avait jamais déçue.

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Reconnais-moi [Chanbaek] (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant