Chaque relation est différente, tout comme les individus qui la forment. Elles peuvent tout aussi bien être fusionnelles comme totalement incompatibles entre les personnes concernées. Elles peuvent soigner les cœurs meurtris qui ne cherche que de l'attention et de la tendresse comme à l'inverse, elles peuvent les détruire jusqu'à ne laisser derrière elles que des coquilles vides qui ne vivent plus que pour leur fin. Elles peuvent totalement transformer une personne, faisant ressortir ce qu'elle a de meilleur en elle et ainsi lui permettre d'avancer et de grandir sur sa voie. Elles peuvent apporter un bonheur capable de renverser des montagnes et des armées, traverser les océans et même apprendre à voler dans les ciels étoilés de ses propres ailes. Les individus en ressortent plus forts et épanouis qu'ils ne l'ont jamais été, changeant ainsi le monde à leur guise toujours porté en avant par le vent invisible qu'est l'amour. Ils sont alors immortels dans les esprits des êtres chers et vivent leur vie dans la joie la plus totale, amusé par tout, goutant tout à pleines dents, le sourire aux lèvres. Mais ces personnes qui héritent de relations fortes et bénéfiques, ne voient pas la dureté qu'imposent certaines. Celles qui détruisent lentement et surement les cœurs, qui contentieusement veillent à ne laisser qu'un grand paysage morne qu'aucun souffle de vent ne vient effleurer. Elles qui sèment le chaos et la destruction partout où elles passent, un rictus pervers sur leurs visages insondables. Elles aussi qui ne peuvent produire qu'un sentiment d'infériorité et de haine chez tous ceux qui ont la malchance d'ouvrir leurs cœurs un fois. Elles veillent à ce qu'ils ne le fassent pas deux fois, entrainant une douleur qui passe de psychologique à physique. Une douleur insurmontable qui peut pousser à un questionnement qui n'a pas lieu d'être, un questionnement pouvant entrainer l'irréparable. Un questionnement qui ouvre les portes du cœur à la silhouette élancée, entièrement drapée de soie noire, tenant dans une main la faux et de l'autre la vie insignifiante qui bat à un rythme de plus en plus lent. Ces relations pourtant totalement contradictoires se complètent parfois. Toutefois peu voit la dure réalité d'une relation non voulue.
Tursa, lui avait été confronté dès la naissance à un relation infructueuse qui fut d'ailleurs de très courte durée. Quand il eut ouvert les yeux pour la première fois sur le sol de terre battue de la tanière, il fut aussitôt détesté par sa mère. La belle renarde aux poils roux soyeux fut sidérée de voir l'horreur qu'elle avait mis au monde. La minuscule créature qui se tenait devant elle était recroquevillé, ses maigres membres repliés sous elle. De constituante fragile, le petit renardeau était parcouru de spasmes violents qui faisaient ressortir ses os frêles sous ses rêches poils ternes. Pour la jeune mère, le pire fut certainement les yeux du nourrisson. De grands yeux verts dépareillés ressortaient au milieu du visage apeuré de Tursa. L'un entièrement vert émeraude contrastait beaucoup à côté de l'autre où plusieurs teintes, passant du brun profond au jaune éclatant, se mélangeaient.
La renarde, horrifiée par ce que les autres pourraient penser d'elle si elle sortait avec un renardeau aussi étrange, décida de le laisser. Elle partit donc au bout de quelques jours quand il put se lever sans problèmes, elle n'était pas aussi sans cœur pour s'en aller alors qu'il risquait de mourir de faim et d'épuisement au beau milieu de la forêt. Au moment de partir, elle hésita un instant, faisant un bref demi-tour pour venir donner une léchouille à celui qui était son fils. Elle le lécha pour la première et dernière fois entre les oreilles où elle sentit une peau qui pelait. Ceci fait, elle partit sans se retourner une autre fois.
Tursa cria et pleura pendant trois jours et trois nuits, appelant quelqu'un qui ne vint jamais. Il finit par s'endormir d'épuisement et quand il se réveilla, plus tard, au beau milieu de la nuit, il sut que personne ne viendrait. Il se leva donc et essaya de trouver quelque chose à manger, son ventre criant famine. Les trois jours où il n'avait rien mangé avait réduit considérablement sa force, déjà pas bien élevé. Il tomba mille fois et se releva mille et une fois, toujours avec l'espoir de trouver quelque chose de comestible derrière le buisson suivant. Quand enfin, il trouva un lapin déjà dépourvu de toute sa chair par le prédateur l'ayant achevé, il était au bord de l'évanouissement. Il farfouilla sur la carcasse et finit par trouver deux ou trois lambeaux de chair que celui qui était passé avant lui avait oublié.
VOUS LISEZ
La promesse du crépuscule [Nouvelle terminée]
Ficción GeneralSi la solitude entraîne le désespoir, l'amour amène la vengeance et la tristesse.