Chapitre 3

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«Il est immense !!!!!

-Bien sûr, comment veux-tu que tout le monde monte à bord s'il n'y a pas assez de place?

-Nous ne somme que deux !

-Pour le moment, oui... répond le capitaine mystérieusement. Mais attends un peu et tu verras !! »

Et Willy voit affluer des passagers, comme s'ils étaient venus de nulle part...Une personne se hisse la première sur le pont ; c'est une vieille femme très âgée. L'enfant se rend soudain compte qu'il s'agit de sa vieille voisine... Curieux... Puis il voit monter un homme, et remarque soudain que son regard est vitreux, ses yeux n'ont plus d'iris ! Une dizaine d'autres passagers, tous plus étranges les uns que les autres, montent à bord puis les grandes voiles se déploient. A cet instant précis, un courant d'air s'engouffre dans la voilure et le vent reprend de plus belle ; il guide le navire à travers la nuit. Les nuages dans le ciel s'épaississent et se massent en un épais brouillard. Quant, au bout d'un quart d'heure une île apparait à l'horizon, Willy réfléchit mais ne se souvient pas d'avoir entendu parler d'une île aussi proche du port de Saint Malo. Sitôt arrivé au bastingage, le bateau accoste et le vent retombe, comme par magie. Mais, sur cette île, tous les habitants ont des yeux vitreux, et semblent errer, comme s'ils avaient perdu quelqu'un. Et parmi ces gens, Willy aperçoit soudain... son père !

« Papa ! s'écria-t-il en se jetant dans ses bras. Son père referme ses grandes mains sur le corps de son fils.

-Mon fils ce que tu as grandis!

-Enfin papa cela fait seulement deux semaines que tu es parti. Je n'ai pas grandi tant que cela! Mais où est ce qu'on est ?

-Sur l'île des âmes. Normalement, aucun mortel, de son vivant, ne peut y venir ; tu as beaucoup de chance!

-Mais et le capitaine, comment peut-il venir alors?

-Parce qu'il est le Passeur. C'est lui que je suis allé voir la veille de ma mort ; pour payer ma traversée en bateau.

-Willy, lance le capitaine, il faut rentrer à présent. Il fera bientôt jour et si nous ne partons pas maintenant, tu seras condamné à vivre ici pour toujours. Ta mère a déjà perdu son mari je ne voudrais pas qu'elle perde son fils aussi! »

Willy comprend qu'il n'a pas à répondre et c'est sans joie que le petit garçon remonte dans le bateau avec le capitaine Tory. Il salue bravement son père de la main jusqu'à ce que l'île est entièrement disparu de sa vue. Puis fatigué il se blottit dans un coin, sur le pont. Un courant d'air lui caresse les cheveux, doucement, comme sa mère le faisait lorsqu'elle venait le border. Le vent souffle dans les voiles. Les voiles claquent dans la brise matinale, c'est un doux souffle qui enveloppe Willy tout entier. Il s'endort...

Le bateau des deux rivesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant