Chapitre 1

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Debout dans l'atelier, je vérifie une dernière fois si je n'ai rien oublié. La liste des élèves est sur le petit bureau, les outils et le matériel sont rangés dans leurs boîtes étiquetées. Tout est parfait !

Je ne cesse de faire des allées et venues dans l'atelier, ne sachant pas comment agir. Dois-je attendre à mon bureau ? Debout ? Faire semblant de bricoler ? Non, non, ça serait trop prétentieux...

Je souffle une dernière fois quand j'entends les discussions des élèves à l'extérieur de l'atelier. La cloche n'a pas encore sonné qu'ils sont déjà pressés devant la porte ! Bonne nouvelle pour moi, ils ont l'air motivés !

La cloche sonne la reprise des cours. Je remarque alors que la porte de l'atelier est fermée, aussi, je décide de l'ouvrir et de laisser entrer les premiers élèves. Ils me saluent poliment, non sans me regarder avec un air étonné. En même temps, je peux les comprendre... Avec mon mètre quatre-vingt-deux et mes quatre-vingt-dix kilos de muscles, je suis assez impressionnant.

Je leur demande de se regrouper au centre de la pièce, vers la tondeuse autoportée, ou autrement dit, le tracteur tondeuse. Ils acquiescent tous et se pressent les uns contre les autres. Ils puent l'angoisse à des kilomètres et je m'empêche de rire. Bon, bon, il est vrai qu'il y a dix minutes, c'était moi qui angoissais...

En attendant les derniers élèves, je retourne à mon bureau récupérer la liste des élèves associée au trombinoscope. Je souris en coin en voyant que, d'année en année, les photos d'identité des élèves relèvent du massacre... Je me rappelle très bien qu'avant la seconde, j'avais supplié le photographe de l'école – enfin, il s'agissait du professeur de chimie qui photographiait les élèves parce qu'il avait un appareil à peu près perfectionné et surtout parce qu'il était le seul à bien vouloir le faire – de reprendre ma photo, mais sans succès... « C'est une photo par personne, Monsieur Call ! Vous ne participez pas à un photoshoot ! », m'avait-il répondu d'un air sévère.

Une deuxième sonnerie retentit, tous les élèves doivent être en classe. Je me place devant le petit groupe et leur jette un regard bienveillant. Ils sont tendus, mais je souris avant de prendre la parole.

« – Bien, nous allons pouvoir commencer le cours ! », déclare-je. « Je suis le professeur Embry Call, c'est la première fois que j'enseigne la mécanique, alors j'espère que vous serez indulgents... Disons que vous êtes la phase test ! », ris-je, ce qui les fait rire à leur tour.

Je sens que leurs émotions changent, ils se détendent peu à peu. J'apporte la liste sous mes yeux et commence l'appel. Chacun répond présent en levant la main et je coche la case associée.

« – Mohutah ? », appelé-je, mais personne ne répond. « Vous savez où elle est ? », me renseigné-je auprès des élèves.

« – Elle est peut-être malade... », tente d'expliquer celle que je reconnais comme Eliza Woods, selon la photo du trombinoscope.

« – Jefferson ! », je reprends.

« – Présente ! »

Je continue jusqu'à Woods, qui s'avère être la jeune fille qui pense que Sara Mohutah est absente. Je commence mon cours en leur expliquant le programme de l'année. Ils sont attentifs et assez curieux. Soudain, la porte de l'atelier s'ouvre sur notre grande absente, qui se confond en excuses en s'approchant du groupe.

« – Excusez-moi, Monsieur Call », dit-elle d'une petite voix avant de lever les yeux vers moi.

Mon cœur loupe un battement et j'étouffe un grognement en serrant la mâchoire pour ne pas dire ou faire de connerie ! Fais chier !

Je la regarde en silence, pendant qu'elle m'explique pourquoi elle était absente. Elle a des cheveux devant le visage que je crève d'envie de lui dégager, elle se tient légèrement en arrière, ses mains nouées dans son dos. Elle est si mignonne que je voudrais la prendre dans mes bras pour la rassurer et lui dire que cela n'a pas d'importance, pourtant, je canalise toute mon énergie avant de déglutir discrètement et de lui asséner d'un ton sévère :

« – Il n'empêche que tu es en retard ! »

« – Je suis vraiment désolée... », bafouille-t-elle en baissant le regard vers mes pieds.

Elle a envie de pleurer. Je le sens si fort que j'en ai des frissons qui me parcourent l'échine. Je reprends le fil de la leçon, luttant de tout mon être et de toute mon âme afin de ne plus croiser son regard de chaton apeuré.

Mon cœur se serre à l'idée de la savoir triste à cause de moi – à cause de moi ! Alors que mon rôle – mon rôle ! – est de la protéger et de la rendre heureuse quoiqu'il arrive – quoiqu'il arrive ! Fais chier !

Moi, Embry Call, vingt-cinq ans, modificateur de mon état, un mètre quatre-vingt-deux au garrot pour quatre-vingt-dix kilos, je viens de m'imprégner de Sara Mohutah, quinze ans, élève à l'école tribale de la réserve amérindienne de La Push, environ un mètre soixante pour cinquante kilos tout mouillés !

Le cours se passe bien, je suis plutôt fier de moi, j'ai dit à peu près tout ce que j'avais prévu pour cette première leçon. Je libère les élèves à la fin de l'heure et je m'aperçois que Sara met un peu plus de temps pour ranger ses affaires. Au prix d'un effort surhumain pour ne pas aller m'enquérir de son état, je retourne derrière mon bureau, faisant semblant de noter quelques observations tout en jetant un œil discret sur elle.

Elle s'approche du bureau et je lève la tête vers elle quand elle est à environ un mètre de moi. Elle est toujours aussi timide et penaude. Je pose mes coudes sur le bureau en entrelaçant les doigts et la regarde d'un air bienveillant.

« – Monsieur Call, je voulais encore m'excuser pour mon retard de ce matin... », dit-elle d'une petite voix.

J'ai envie de sourire tendrement, mais je me mords l'intérieur des joues pour m'en empêcher. Finalement, je soupire avant de trouver une réponse adéquate.

« – Ça arrive à tout le monde, mais j'espère que ça ne se reproduira pas », déclare-je alors qu'elle acquiesce d'un grand signe de tête, le tout accompagné d'un sourire franc qui lui donne l'air d'une gamine.

Elle s'en va sans demander son reste et je la regarde partir en souriant, ce que je suppose, comme un idiot.

C'est une gamine !, me grondé-je. Merde !

Il fallait vraiment que ça tombe sur elle ? Je réfléchis à mille à l'heure, il faut que j'en parle à Sam ! Je me perds dans le flot de mes pensées quand la sonnerie retentit pour annoncer mon cours suivant. Au moins, cela me permettra de garder l'esprit occupé pour le reste de la matinée.


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Bonjour, 

Je vous présente ma nouvelle fanfiction, écrite pendant le confinement, portant sur Embry !

Cette histoire sera courte et comportera 7 chapitres. J'espère que vous l'apprécierez :)

A bientôt

Rèm

Mon rôleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant