La Vague

Chapitre 1

Certaines personnes ont des vies assez communes, et d'autres ont des vies extraordinaires. 

C'est ce qu'Elsa pensait à chaque fois qu'elle regardait sur YouTube des vidéos de jeunes gens, riches, beaux et à présent célèbres, qui se filmaient en mangeant des choses étranges ou faisant des paries plus stupides les uns que les autres, mais qui, grâce à cela, faisaient de l'audience. Dont elle-même.

La vie d'Elsa était bien différent. A 18 ans, elle avait décidé  de s'engager dans un service militaire de trois longues années. Elle ne regrettait pas, mais parfois, elle se sentait décalée par rapport à ses anciens camarades de classe. Eux finissaient une licence, certains entamaient un master, et elle, était toujours au même point de sa vie. Elle pouvait obtenir des permissions plus souvent que les autres soldats, car sa famille vivait en dehors du pays, mais elle n'avait pour l'instant jamais réclamé ce droit, car elle détestait retourner dans cette maison qui avait fait son enfance, avec ces gens qui autrefois étaient ses amis mais avec qui elles n'avaient aujourd'hui plus rien en commun.

Sa meilleure et seule amie, se nommait Lila, elles vivaient toutes les deux ensembles. Lila travaillait dans le monde de la mode, et comme Elsa, elle n'avait pas de famille dans le pays. 

Ce jour-là, quand le téléphone de Elsa sonna elle sentait qu'il fallait répondre, car Lila ne l'appelait jamais quand elle était à la base, la sachant bien trop occupée. 

"Allô ?" 

"Elsa ! Oh j'ai eu tellement peur que tu ne puisses pas me répondre!"

"Qu'est-ce qu'il se passe ? C'est urgent ?"

"Ouiii ! Devine qui va à la Fashion-Week de Milan la semaine prochaine ?"

"Waw... je suis très contente pour toi Lila, mais je n'ai pas vraiment le temps là tout de suite."

"Pour moi ? Tu veux dire pour nous, parce que je te signale que j'ai deux places !"

"Je te rappelle que je suis à l'armée... et comment tu as obtenu ces places ?"

"Un cadeau de mon directeur pour mes résultats extraordinaires... et je te rappelle que tu peux toujours demander une permission ! Tu n'en demandes jamais !"

"Figures-toi que je me sentirais un peu coupable d'aller à une Fashion-Week pendant que mes amies ici trainent dans la boue."

"Oh, je t'en prie, si c'était l'inverse, elles ne se gêneraient pas ! Allez, dis oui ! Dis leur que tu veux aller rendre visite à ta famille et ensuite on prendra l'avion directement pour Milan !"

"Ecoute, je vais demande une autorisation à ma Générale, et on verra bien..."

"Ouiiii !!! C'est super !"

Elsa savait qu'obtenir cette permission ne serait pas difficile, car comme Lila l'avait si bien dit "elle n'en demande jamais". Mais, elle ne pouvait s'empêcher de ressentir une certaine culpabilité, sans parler du fait qu'elle risquait de se tourner au ridicule dans cet évènement accueillant tous ces gens riches et classes, alors qu'elle... elle n'était qu'une petite soldate de rien du tout.

Les jours passaient et aucune réponse ne vint de la Générale. 

"Mais elle attend quoi ?" Se plaignait Lila au téléphone. "Nos billets d'avions sont pour dans deux semaines !"

"C'est comme ça, c'est l'armée..." lui répondait tout simplement Elsa.

Mais un soir, alors qu'elle revenait d'une garde, elle fut enfin convoquée dans le bureau de son officier qui se décida à lui donner une réponse. 

"Alors, qu'est-ce qu'elle t'a dit ?"

"Je suis désolée Lila..."

"Oh non, j'y crois pas, mais qu'elle salo..."

"Je suis désolée de te dire que tu ne pourras pas profiter de tous ces beaux mannequins toute seule, parce que je t'accompagne !"

Le cri stridant de Lila au bout du téléphone fit sursauter Elsa et l'obligea à écarter l'appareil de son oreille. Elle est pratiquement sure, que le soldat qui passait à côté l'entendit aussi. 

"Ok, nos valises sont déjà prêtes, en réalité, il n'y a presque rien dedans, les robes nous serons prêtées là-bas."

"Des robes ? Mais qui nous prête des robes ?"

"La marque pour laquelle je travaille est en collaboration avec plusieurs grandes maisons de mode, et ils seront très honorés de nous voir porter leurs robes et ainsi, leur faire de la publicité, à l'occasion de l'un des plus grands évènement de l'industrie de la mode." 

Je rigolais en entendant son ton très sérieux, et soudain si professionnel. C'est vrai qu'après tout, c'est son monde à elle, elle y est comme un poisson dans l'eau. Mais moi, comment vais-je faire pour supporter toutes ces paillettes quand j'ai pour habitude de porter cet uniforme militaire ?