Horreur de la Nature #2

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J'en suis resté troublé jusqu'à la fin du cours. Une fois la prof sortie de notre salle, en attendant le prochain, Elisabeth s'est levée et s'est adressée aux autres :

« Bon, je vais pas vous mentir, je ne vous apprécie pas. Parce que vous vous sentez protégés par papa et maman, vous faites souffrir ceux qui ne rentrent pas dans vos codes. Qu'on soit bien clairs, je ne rentre pas dans vos codes mais je ne me laisserai pas faire par vos têtes de cons. Merci de m'avoir écoutée, a-t-elle ajouté avec un sourire narquois.

- Je n'ai jamais fait de mal intentionnellement à personne sous prétexte qu'il ne me plaît pas, a riposté Anna, la seule qui avait montré un tant soit peu de gentillesse envers moi.

- C'est ça eh bah contente que tu aies la conscience tranquille, lui a répondu ma nouvelle préférée. »

Anna n'a rien répondu et j'ai ensuite expliqué à voix basse à Elisabeth le cas d'Anna. Elle était toujours celle qui se dévouait pour prendre les devoirs quand j'étais malade, elle avait toujours eu pour moi un sourire gentil et sincère. C'était de loin la plus belle âme parmi mes connards de camarades. Elisabeth a hoché la tête, compréhensive. Anna se trouvant devant nous, Elisabeth l'a interpellée et lui a présenté ses excuses. Son comportement me désarçonnait. Pourtant, je commençais a vraiment beaucoup l'apprécier.

« Ça te dit de venir avec moi à l'AS natation ? m'a demandé Elisabeth.

- Euh ouais pourquoi pas ?

- Cool ! Tu nages bien ?

- J'aime bien ça. Ça me détend. Et toi ?

- J'ai toujours adoré, m'a-t-elle répondu dans un grand sourire révélant son appareil dentaire. »

Je me suis donc engagé à venir nager avec elle. Ma mère était surprise mais contente que je me remette au sport.

Elisabeth avait gagné le respect de mes camarades. Par la même occasion, j'en profitais aussi. C'était la première fois de ma vie que j'avais un vrai ami. Elle avait du caractère mais elle était aussi capable de douceur. Elle m'a écouté parler longuement de mes problèmes, sans m'interrompre et en glissant parfois un mot de réconfort. Elle avait compris ce que je ressentais et m'avait laissé pleurer, sans me juger, passant juste une main réconfortante dans mon dos. Elle aussi s'était livrée à moi, un peu plus tard.

On était chez moi, et j'avais mis de la musique sur mon poste de radio. Le silence n'était pas pesant, juste reposant. J'avais fermé les yeux et, quand je les ai rouvert, j'ai vu une larme dévaler sa joue. Je l'ai doucement essuyé du pouce. Elle s'est ensuite laissée tomber dans mes bras, la respiration saccadée. La tenir, elle, si puissante, si forte, mon salut, en pleurs dans mes bras m'a retourné. Un peu calmée, elle m'a enfin expliqué :

« Nous avons vécu la même chose ou presque. Sauf que toi tu es un mec. J'ai quitté mon lycée parce qu'il s'est passé un truc horrible dans le mien. J'étais la moche de service, personne ne me voulait comme amie. Et puis, un jour, un des mec s'est un peu intéressé à moi. J'étais flattée. On s'est rapproché, on s'est mis à sortir ensemble. Sauf qu'un jour je l'ai entendu dire à ses potes que même l'amour ne m'avait pas rendue belle, au contraire. Ça m'a détruite. Pour me venger, je l'ai filmé en train de m'embrasser et d'aller plus loin et j'ai posté la vidéo. J'ai été virée et lui et ses potes ont eu un gros avertissement. Cette histoire est si cliché... »

Les larmes sont remontées dans ses yeux. Je l'ai gardée contre mon cœur, bouleversé aussi par son histoire. Lorsqu'elle s'est redressée, je l'ai regardée, et, me sentant pousser des ailes, lui ai assuré :

« Tu es superbe. Tu rayonnes. Tu éclaires ceux qui comptent pour toi. Tu m'as tiré du trou dans lequel je m'enfonçais. Tu es si belle. »

Elle m'a regardé, les yeux agrandis par la surprise, puis elle les a fermés. Ses mains se sont posées sur mes joues et nos lèvres se sont rencontrées. Elle était belle, j'étais beau, heureux, enfin.


PDV Anna :

Seule la beauté intérieure compte. Jamais cette expression n'a eu plus de sens. Le couple formé par Elisabeth et Nolan était beau. Ils étaient rayonnants. Elle avait réussi un exploit, elle avait fait sortir Nolan de sa boucle infernale. Il l'avait aussi transformée. Elle s'était adoucie à son contact. J'avais toujours bien aimé Nolan, mais je n'avais jamais su comment l'approcher sans le blesser. Je m'étais donc toujours contentée de sourires. Maintenant, j'étais souvent avec eux. Je les appréciais vraiment. Ils étaient tellement plus simples et plus proches de mes valeurs que les autres...

Nolan avait donc maintenant une petite amie confiante et un début d'amitié pour le défendre corps et âmes contres les cons du lycée.

Ce couple était une lumière rayonnante et j'avais l'impression de profiter de cette lumière bénéfique avec eux.

Ils étaient « moches » mais surtout beaux.


***


Et voilà, c'est la fin. Je dois avouer que je suis un peu triste de quitter déjà ces relations naissantes mais continuer détruirait la beauté de cette histoire. 

Je l'ai écrite pour tous ceux qui manquent de confiance en eux. Moi-même j'ai eu des problèmes de confiance. Je me trouvais « moche ». Pourtant, quand je regarde les photos de cette époque, je vois une petite fille, mal à l'aise mais quelque chose se dégage d'elle. J'étais jolie. Quelqu'un m'a aidée à me sentir belle et même si notre relation n'est plus ce qu'elle est, il reste une confiance, un sentiment de bien-être.

J'espère que cette histoire vous a plu. Comme d'habitude, merci de m'avoir lue 😉

A bientôt ! 😘

Recueil de petites nouvellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant