2014: Back to real life

479 41 6
                                    

Mercredi 05 Février:

Point de vue de Louis:

Le goût amer du café roulait dans ma gorge, s'infiltrant dans mon corps, étendant sa chaleur à travers son passage. Le bout de ma langue que j'avais brûlé un peu plus tôt se faisait encore ressentir, sensible, à chaque fois que je refermais mes lèvres autour de la tasse fumante. L'odeur du thé de mon voisin, sucré et appétissant se faisait présent, glissant autour de moi, me mettant l'eau à la bouche. J'aurais sans doute préféré un thé, n'étant réellement pas un grand fan de café, cependant, avec les prochaines heures, voir même les prochains jours qui nous attendaient, le choix du café avait rapidement semblé être le plus judicieux. Je devais m'assurer un maximum de force et de courage pour emprunter le chemin du retour en Angleterre à bord de ce même bus qui nous avait baladé pendant deux jours complets un plus d'une semaine plus tôt.

Nous étions déjà arrivés à la gare, bien en avance à vrai dire, de peur de rater le bus, et voilà que depuis vingt bonnes minutes maintenant, nous attendions tous les quatre, sagement installés à un café. Nous repoussions au maximum l'instant des aux revoirs, la gorge nouée et un certain mal de tête se greffant sur chacun de nous. La nuit avait été courte. Après notre soirée agitée de la veille, il avait fallu se lever aux aurores ce matin pour récupérer la voiture abandonnée quelque part dans les rues romaines. Nous nous étions retrouvés, à peine le jour levé, à traverser la ville en bus, un bus touristique que Camille nous avait tanné pour faire jusque-là et que nous n'avions pas pu lui refuser ce matin en apprenant qu'il passait non loin de la rue du bar de la veille où patientait encore la voiture de location. Nous avions traversé la ville en long et en large, aux côtés de nombreux autres touristes, appareils-photo en mains, repassant par une bonne partie des visites que nous avions déjà faites. Et je devais avouer que cela avait finalement été une merveilleuse façon de conclure ce voyage, une manière de se remémorer en deux heures à peine l'étendue de ce que nous avions pu vivre depuis notre arrivée. Et à en juger par les étoiles qui avaient habillé les yeux du brun à cet instant, je pouvais affirmer sans mal que ça l'avait rendu au moins aussi émotionnel que moi. Et il ne s'en était de toute façon pas caché, m'envoyant constamment des sourires époustouflants perdus au milieu d'un regard riche de sens, celui qui me rappelait que nous avions partagé des choses que je n'aurais même pas pu imaginer dans tous ces endroits. Et, repasser devant le Vatican, des jours entiers plus tard, m'avait rendu réellement émotif au souvenir de la première fois que j'avais pris la main d'Harry dans la mienne. Encore plus lorsque, pour honorer ce souvenir, Harry avait de nouveau lié nos mains en accotant sa tête sur mon épaule.

-Vous êtes sûr que vous ne voulez pas vous acheter un truc tout de suite? Relança Camille, inquiète de nous voir partir sans n'avoir rien pris pour le repas.

-Non, vraiment, ça va nous permettre de sortir un peu du bus pendant les pauses, histoire de passer un peu le temps, balayais-je ses inquiétudes avant de me laisser de nouveau tomber contre le dossier de ma chaise dans un soupir, laissant mon regard courir à travers la gare.

Nous avions rendez-vous à la même gare qu'à notre arrivée, sans le moindre doute la plus grande de Rome. Elle était traversée de toute part, telle une fourmilière, par des centaines de familles, de couples, de collègues, tous le nez en l'air, le regard gravé sur les panneaux d'indications, leurs billets de train en main, valise dans l'autre, traversant le hall de toute part sans perdre de temps. Une atmosphère particulièrement stressante régnait en ces lieux, défilant autour de nous depuis un moment maintenant, le café dans lequel nous nous trouvions, rempli, faisant raisonner des dizaines de conversations aux alentours, des éclats de voix et des rires, un brouhaha général qui n'arrangeait pas mes maux de têtes alors que je fermais les yeux pour l'apaiser.

Beethoven - LarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant