Le cube

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L'endroit est plongé dans l'obscurité la plus totale. Il fait froid. Ils n'ont pas vu, ne peuvent pas voir les couvertures pliées sur quatre matelas posés à même le sol.
    - A l'aide !
    Une plainte à peine audible.
    C'est Valentin, il est recroquevillé, presque en boule. Il tente de déplier son corps, une jambe, puis l'autre. Il prend appui sur une main pour se redresser, l'effort l'essouffle. Il essaie maintenant de se relever mais s'écroule sur le sol froid.
     - Laissez... Laissez moi sortir...
     Un râle.
     Il avance a quatre pattes sans savoir dans quel sens aller. Il fait nuit noire. Sous ses doigts, un sol dur, râpeux. Il porte ses mains à sa gorge. Il respire mal, suffoque. Enlève son blouson, puis le jette. Il ferme les yeux, les ouvre, mais rien ne change. Le noir absorbé tout. La tête lui tourne. Il se sent partir. Il n'a pas la force de crier. Il sombre.


Quelques jours plus tôt

Valentin retourne la dernière chaise et la pose sur la table. Voilà, tout et terminé. Il est fatigué. Sa mère met son manteau, épuisée elle aussi. Quarante couverts ce soir. Un record pour ce petit restaurant de quartier. Il ne sait pas s'il aura le courage de se mettre au piano en rentrant. Son père est a l'hôpital, une mauvaise chute sur le verglas, multiples fractures. Il doit aider sa mère, il n'a pas le choix. Une fois à la maison pourtant, il s'enferme dans sa chambre et ouvre le couvercle de son piano droit. Juste une demi-heure, je n'y arriverai jamais sinon, s'encourage-t-il tout bas. Deux heures plus tard,, sa mère apparaît sur le seuil de la porte. Elle le rassure, lui rappelle que le concours n'est que dans un mois, qu'elle trouvera quelqu'un pour l'aider au restaurant. Valentin lui sourit. Elle est si gentille mais n'entend rien à la musique. Sans un travail acharné et quotidien, il n'y arrivera pas, il le sait. Et ce concours, il le veut.

Stabat Murder Où les histoires vivent. Découvrez maintenant