Stabat Murder

Le cube

Sacha ne bouge pas. Il les a entendus mais ne les voit pas. Il ne parvient pas à articuler un mot, sa bouche semble endormie, comme après une anesthésie chez les dentiste. Figé, les bras le long du corps, il essaie de remuer un a un les doigts, puis il pose ses mains à plat. C'est moi. Un matelas peut-être. Il veut se réveiller. C'est un mauvais rêve. Il a froid, il tremble. Un mauvais rêve, rien de plus.

Quelques jours plus tôt

   Sacha ne voulait pas aller a cette fête. Il voulait rentrer travailler. Revoir ce passage qui lui donne tant de mal. Ce matin, en cours, il n'a pas pu le jouer correctement. Il sait où ça coince. Il faut qu'il s'exerce encore et encore. Mais comment échapper à la crémaillère de sa grande sœur Isabelle, qui a quitté ses trois colocataires. Son premier appartement, son indépendance et sa joie de faire partager tout ça a son frère. Impossible.
    Il sourit, il serre les mains, fait des bises et des compliments sur l'appartement, dit les mots adéquats : cosy, espace, lumière, cuisine américaine, calme, beau balcon. Apéritifs, il boit une bière, grande salade, quiches en tout genre, gâteau. Ouf, c'est l'heure des cadeaux, bientôt il pourra partir. Il s'en veut de penser ça. Il aime sa sœur qui, en l'absence de ses parents, a toujours était la pour lui. Il lui offre le Stabat Mater de Pergolèse. Pas très cadeau crémaillère, mais il n'a pas hésité entre une plante verte et ça. Elle le serre dans ses bras, lui dit qu'il pourra venir quand il veut. Il fait un geste vague en direction de l'assemblée pour dire au revoir. La porte se referme. Il dévale les escaliers, ne sent pas la nuit glacée. Il court jusqu'au métro, les écouteurs de son MP3 enfoncés dans ses oreilles. Il écoute et réécoute le passage tant redouté.