J'arrive sur la place de la République, des squatters envahissent la place et les rues commençantes encombrent le paysage ubain.
J'ai le sourire aux lèvres quand je sens le vent et le soleil frappé sur la peau nu de ma poitrine et cela me suffit à me sentir mieux.
Je me rends à l'INDIANA où je m'installe pour prendre un virgin colada, mon cocktail préféré.
Mon verre arrive et j'en ai le souffle coupé, le serveur de ma sœur n'a visiblement pas terminer sa journée.
Je le alors regarde fixement en essayant de décelé, s'il m'a reconnu ou non.
Et la réponse est oui, je le vois à la légère dilatation de ses pupilles. Bien que légère, j'ai pu la voir car le regard intense que je lui lance, est d'une insistance fabuleuse.Il pose mon verre sur la table, la main un peu tremblante et s'en va en bafouillant des phrases incompréhensibles.
Mon petit détour pour l'effacer de mon esprit n'ayant pas été d'un franc succès, je passe le reste de ma soirée à le regarder travail. À capter ces moindres mimiques faciales ou corporelles. C'est une habitude que j'ai développé très jeune, car quand on est une enfant noire, battu à nos heures perdu, on observe le danger pour essayer de l'éviter.
Il a l'air de quelqu'un d'extrêment timide et réservé, jusqu'à présent, je n'ai, même une seule fois, entendu le son de sa voix. Mais il est d'une beauté incroyable.
J'attends donc dans la brasserie jusqu'à ce qu'il finisse son service. Une fois que je le vois sortir du vestiaire, je lui emboîte le pas.
Moi: Salut, comment ça va ?
...: .... Je...n'ai..pas...salut.Et il s'en va sans un mot de plus.
C'est le cœur brisé que je rentre chez moi. Je prends ça beaucoup trop au sérieux sachant qu'il ne m'a même pas adressé la parole.Une fois dans ma chambre après une lamentation habituelle sur le chemin du retour, je m'allonge dans mon lit et commande à manger. Je sais que c'est reparti, je culpabilise avant même d'entrer dans l'application mais je ne peux pas m'en empêcher. Les quarante minutes d'attente me laisse le temps de me mettre en pyjama et d'affiler mon bonnet en soie sur mon afro, tout cela est assorti bien évidemment !
Le livreur est pile à l'heure alors je fonce lui ouvrir la porte et j'ai le plaisir oculaire de tomber sur ce Magnifique jeune homme pour la troisième fois de la journée.
Moi: "Eh bien, je crois que cette fois c'est clair, c'est à la fois extrêmement cliché mais absolument pas déplaisant de vous croisez autant de fois dans la journée. Vous ne chômez pas dit donc !"
Livreur: Bonjour Madame. Dit-il en me tendant ma pizza.
Moi: " Vous êtes bien solennel. Vous devriez vous détendre un peu, je ne mange pas de chair humaine" dis-je en riant.
À l'entente de mon rire ses yeux se sont animés s'en suit resté muette.
Livreur: "Vous avez un très joli sourir".
La surprise était telle que je n'arrivais toujours à m'exprimer.
Livreur: "Ça vous fera 24,00€".
Sans même prendre la peine de lui répondre, je lui laisse au creux de la main un billet de 30€ et ferme la porte sans demnder mon reste.
Une fois la porte fermée à double tour (comme toujours), je jette la pizza sur ma non-parti du lit (même si en réalité il n'y en a pas car, je ne sais absolument pas dormir) et je m'affale sur l'autre la tête dans mon coussin.
Son compliment était si simple et spontané... Waouh, c'est la première fois que ma timidité me rattrape comme ça.
Je sens une nouvelle fois mes joues chauffer contre mes paumes et mes pensées partir à la dérive.
Ce compliment m'a complètement comblé.... de satisfaction alors, au lieu de manger, je prends mon téléphone et défile sur le fil d'actualité d'Instagram.
Une fois que j'en ai eu marre de voir de magnifiques femmes et hommes, je regarde les posts et les actus et c'est un choc inexplicable qui frappe mon cœur et mon esprit. C'est d'une violence à laquelle je ne m'étais pas du tout préparée et la conséquence est la suivante: LA DÉPRESSION.
Je m'y attendais tellement pas que j'ai eu l'horrible impression de mourir de l'intérieur, que chaque cellule de mon corps cessait de fonctionner. Alors plus que manger, je me suis goinfrée jusqu'à l'épuisement. Dans cette spiral, j'ai essayé de m'en sortir de re-commander une pizza pour que son doux visage atténue mes douleurs mais la vie ne fonctionne pas de cette façon malheureusement.
J'avais tellement mangé que j'en avais des crampes à l'estomac. C'est un autre livreur qui était venu et s'en ai suivie une crise de larmes inexpliquée.
Et j'ai de nouveau mangé, jusqu'à en avoir des vertiges.
Je me suis allongée dans mon lit, les larmes mouillant mon coussin et je me suis endormie jusqu'au lendemain.
Je me suis réveillée au alentour de 6h30 avec un mal de tête terrible à la tête, des nausées et une énergie défaillante.
J'ai passé la journée dans mon lit à attendre de ne plus avoir mal au ventre. Vers 20h après son service ma soeur est passée me voir.
Je lui ai montré la photo. Elle a tout de suite compris ma détresse.
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Au-delà de soi
RomanceQuand on a cessé d'exister et de s'aimer soi-même, le seul moyen de survivre c'est d'espérer être aimer. Quand l'évidence vient vous frappez au visage et que l'amour vous étreint le coeur, vous aurez beau vous débattre, son emprise persistera. Et ta...