Chapitre III : partie 1

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La journée fut courte, aujourd'hui. Le soleil s'étant couché aussi vite qu'il s'était levé, les trois compagnons avaient rapidement plié bagages pour repartir de nouveau à la recherche d'un autre endroit à l'abri de ces foutus hordes de walkers. La jeune adolescente n'aimait pas du tout cette stratégie de nomades qui changent sans arrêt de maison. Mais pour tout avouer, elle n'avait pas trouvé mieux pour l'instant dans les «quartiers de bourgeois», comme elle les appelait. Faut dire que dans les grandes villes, c'était pas meilleur qu'ici. Elle avait déjà songé à y retourner en espérant trouver un groupe de survivants qui veuille bien les accepter. Ils n'étaient que trois, deux adolescentes et un gamin, face à des milliers de macchabées ambulants, face à la famine, face à la mort. Une aide, rien qu'une petite, c'était tout ce qu'elle voulait.
Mais finalement, et au fil du temps, l'idée avait petit à petit disparu de ses pensées en sachant que la plupart des survivants étaient devenus cons et cruels, «la loi du plus fort» disaient-ils. Elle et son frère avaient croisé très peu de personnes sympathiques et généreuses. Et Kaley n'avait peut-être pas le cœur sur la main, mais elle haïssait cette vision du monde. Ces gens trop téméraires qui pensent faire le bien en tuant des innocents, eux qui veulent survivre face au désespoir, ils ne font que l'aggraver.
Un soupir s'échappa entre les lèvres de la brunette, créant ainsi un petit nuage de vapeur dans la fraîcheur du soir, alors qu'elle abandonnait peu à peu ses pensées pour se concentrer de nouveau sur les alentours qu'elle était censée surveiller alors que ces deux compagnons marchaient tranquillement derrière elle.
Finalement, l'adolescente avait ralenti le pas, obligeant les deux autres à faire de même.
- Cette maison m'a l'air bien, lança Kaley en montrant du doigt une coquette demeure dont la façade montrait qu'elle n'était pas entretenue depuis un bon bout de temps.
La brunette s'avança vers le portillon qu'elle ouvrit lentement, avant de remonter l'allée dont les dalles en pierre qui menaient jusqu'à la porte disparaissaient bientôt sous la végétation sauvage. Les deux plus jeunes la suivaient de près, s'accrochant presque à son sac à dos rouge bordeaux. Puis l'adolescente, qui se tenait sur le perron de l'entrée, lança un regard à Elsa et Adrian pour s'assurer qu'ils étaient prêts. D'ailleurs, la rouquine avait sorti son tournevis qu'elle ne quittait plus depuis que les mordeurs s'étaient attaqués à sa famille. Kaley posa sa main sur la poignée dorée et la tourna alors, avant de pousser la porte le plus lentement possible. Aussitôt, son regard qui reflétait une méfiance inégalable balaya l'intérieur plongé dans l'obscurité. Elle posa un pied sur le seuil, scruta de nouveau la pièce noyée dans les ténèbres, puis elle finit par entrer entièrement alors que le parquet qui habillait le sol craquait sous son poids. Après une rapide vérification des lieux, ils se mirent à fouiller les placards et ils trouvèrent quelques boîtes de conserves et deux petites bouteilles d'eau, rien de plus. Et pendant que la nuit tombait de nouveau, le trio barricada les portes et les fenêtres et se dépêcha d'aller se coucher dans le salon.
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Le jour s'était levé, le soleil régnait de nouveau dans le ciel clair. Mais dans ce matin d'automne, un cri brisa le silence et la tranquillité de ce quartier. Kaley se réveilla en sursaut. Le front humide, les muscles crispés, les yeux écarquillés. Elle se redressa avec difficulté, encore dans les vapes malgré le bruit incessant qui se faisait entendre à l'extérieur. La jeune fille dut même s'aider du mur pour retrouver son équilibre alors qu'elle ramassait son arc et son carquois. Un nouveau cri finit par la réveiller définitivement et la brunette balaya la pièce des yeux. Pas d'Elsa en vue, ni d'Adrian. La panique gagna rapidement l'adolescente qui accourut vers la porte d'entrée qu'elle ouvrit en trombe, cherchant du regard ses deux coéquipiers qui étaient toujours introuvables, tandis que les cris de la rouquine continuaient de retentir au loin.
- Elsa ! Adrian ! hurla t-elle.
Elle vérifia que la rue était vide, priant en même temps qu'aucun rôdeur n'ait entendu les cris et le brouhaha, puis elle finit par faire le tour de la demeure, se dirigeant en courant dans le jardin. Et la scène qui se déroulait sous ses yeux la rendit totalement de marbre. Elle se tenait là, immobile et droite comme un «I», juste sous le choc.

(TWD) Chassés-CroisésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant