Eh bien, t'es pas gâté, mais t'es pas pourri non plus.
Tu sais, moi aussi, quand j'étais gosse, j'avais peur de pleins de trucs. De perdre mes parents ou la vue, de plus savoir comment marcher ou comment aller au marché. J'avais peur des autres, surtout des filles et de leurs petits caprices. J'avais peur de trop rêver, de pas vivre dans la réalité. J'avais surtout peur des grondements du ciel et des inondations. Je te jure, qu'est-ce qu'on est con quand on est jeune !
Enfin ... Faut pas t'en faire. Y'a toujours quelqu'un ou quelque chose pour te rassurer ! Que ce soit ta mère ou un morceau de papier, un air de Bach ou ton voisin de palier.
La peur, c'est un moteur. C'est la seule chose qui te permettra d'aller toujours plus loin, de courir toujours plus vite. Crois-tu que les héros de ce monde n'ont jamais eu peur de l'échec, de l'inconnu ? Tu ferais mieux d'aller réviser tes leçons d'histoires plutôt que de te faire un sang-d'encre.
Encore aujourd'hui, j'ai peur. Je suis terrifié à l'idée de ne pas me réveiller le matin, de ne pas pouvoir sortir de chez moi, de ne pas avoir la force de sourire au gardien, de ne pas avoir le temps de dire au revoir.
Peut-être que tu me trouves bête, un peu gâteux, mais tu comprendras. Le temps s'écoule si vite que lorsque tout fini, on est surpris. Dieux comme j'aimerai avoir ton âge, et m'élancer après les filles, après les rêves. Profite de ta jeunesse, Minot, elle te glissera rapidement entre les doigts.
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Dis, le vieux
General FictionDis, le vieux, je peux m'asseoir à côté de toi ? J'aimerai te parler un peu de moi. Tu t'en fous, je sais, mais j'aime bien parler de ma vie. Sinon, on pourrait parler de toi, vieillard, du temps d'autrefois. J'comprendrais peut-être pourquoi j'en...