1ère lettre.

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Mars 2007

Yoongi.

Pardon.
Ce mot, je crois que je ne le prononcerai jamais assez. Je ne te le dirai jamais assez. Et pourtant, je ne te le dirai pas en face. Jamais. Même si après ce que je t'ai fait, je le devrais.
Je t'ai brisé.
Ta jambe.
Ton sourire.
Toi.
Alors, puisque je ne peux pas te parler de vive voix, je vais t'écrire. Même si tu ne verras jamais ces lettres. Elles sont mon exutoire.
Tout ce que je vais te dire n'excuse pas ce que j'ai fait. J'ai juste besoin de le dire.

Jusqu'à mes neuf ans, j'ai vécu avec mon père. Un homme rigide, dur, froid et violent.
Ma mère est partie quand j'avais un an. Je ne l'ai jamais revue. Je ne sais pas où elle est, si elle a refait sa vie, si elle est toujours vivante. Tout ce que je sais, c'est qu'elle est partie en me laissant derrière elle, sans se retourner.
Mon père m'a élevé dans son monde, remplit de douleur et de violence. La violence. Ce mot reviendra souvent.
Comme "pardon ou pardonne-moi", même si je ne le mérite pas.
Dès que j'ai eu cinq ans, il m'a appris à me battre, à donner des coups, à les rendre.
Frappe !
Frappe ! Frappe Hoseok !
Frappe encore !
Ne baisse pas les yeux !
Jamais ! Devant personne !
Ne montre pas tes faiblesses ou ils les retourneront contre toi !
Frappe ! Sois un homme !
Alors je frappais dans ce sac de sable. Encore et encore. Jusqu'à ce que mes doigts saignent, jusqu'à ce que le sang coule. Le mien ou celui d'un autre.
La violence, les coups, le sang, c'était mon quotidien, ma vie.
J'ai vu mon père battre des hommes à mort. Je l'ai vu mener ses affaires de trafic d'une main de fer. Je l'ai vu donner la mort, encore. La violence, toujours.
Mon quotidien, ma vie.
Mon monde.
Mon enfance volée, je l'ai passé à côtoyer le pire de l'humanité.
Je n'ai pas appris à faire de vélo, à jouer à un sport. Je n'ai jamais eu de fête d'anniversaire jusqu'à mes neuf ans. Jusqu'au jour où mon père est tombé sur plus fort que lui. Il est mort ce jour-là, devant moi, et une partie de moi est morte avec lui.
La colère, c'est tout ce qui me restait, et ces mots si souvent entendus.
Frappe Hoseok !
Ne baisse pas les yeux !
Mets ton adversaire à terre avant qu'il ne le fasse !
Sois fort ! Sois un homme !
J'espère que ton enfance, Yoongi, a été plus belle que la mienne.

Jung "Hope" Hoseok.

A travers les mots (sope / YoonSeok)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant