English Summer Camp [Jikook]

Chapitre 1

Je n'étais pas dupe. Je savais pertinemment qu'il y avait anguille sous roche. Deux semaines auparavant, mes parents étaient venus dans ma chambre. Ils s'étaient assis sur mon lit, le regard déterminé. Cela me paraissait déjà bizarre qu'ils viennent ensemble me voir, étant donné qu'ils étaient en pleine procédure de divorce et que s'ils restaient plus de dix minutes dans la même pièce, cela devenait une vraie scène de télé-réalité. Mon père dormait dans la chambre d'amis depuis plus de trois mois car ils n'arrivaient plus à se supporter. Pourtant, ils voulaient qu'il reste à la maison le plus longtemps possible pour, je cite, "vous faire profiter un maximum avant de vivre une fois sur deux chez l'un et chez l'autre". Aucun de mes frères et sœurs ni moi n'avions eu le courage de leur dire que c'était pourtant une des meilleures solutions pour préserver la santé mentale de toute la famille... Mais passons. 

Quand ils m'avaient appris que j'allais passer un mois entier dans une espèce de colonie de vacances pour enfin réussir à aligner trois mots en anglais, je leur avais ri au nez. Et puis quoi encore, j'étais en CM2 peut-être ? Sauf qu'ils étaient on ne peut plus sérieux. J'étais dépité. C'était soit ça, soit je partais chez mon oncle l'aider à s'occuper de ses cochons. Autant dire que mon choix était vite fait. J'avais vite compris que cette proposition empoisonnée n'était pas qu'un moyen pour moi d'avoir des points en plus au bac l'année suivante. C'était aussi une manière pour eux de se débarrasser de l'un de leurs gosses (nous étions quatre) et de les laisser souffler un peu. Comme si c'était moi le plus casse-pied. Ma sœur de 10 ans, Yeji, était la pire de nous tous, et faisait le bruit d'une classe de maternelles à elle toute seule. 

Après avoir passé deux semaines à tenter de les dissuader de m'envoyer là-bas, j'ai fini par accepter la dure réalité de la vie. J'étais condamné. Je m'étais dûment plaint à mes amis, les avais suppliés de s'inscrire pour ne pas que je sois tout seul. Aucun n'avait daigné faire cet effort, cette bande de lâches. Je m'étais promis de les harceler tous les jours en leur montrant mon malheur, ça leur apprendra !

Je fermai ma valise pleine à craquer et soupirai. C'était le jour-j : nous étions le 1er juillet, il était 8h20. Le camp se trouvait à 2h de route en plus de ça. Je fis mes adieux à ma fratrie qui s'était réveillée juste pour me dire au-revoir, trop mignon de leur part. 

"Je pourrais jouer à ta play ?" me demanda Hyunjin, l'ado de 15 ans insupportable qui me servait de frère.

"Tu entres une seule fois dans ma chambre et je te trucide en revenant !" le prévins-je, sachant hélas qu'il n'allait aucunement se gêner d'y fouiller. 

"Amuse-toi bien, Hyung" me souffla Mingi, le plus jeune de nous, qui avait sept ans.

"Merci mon grand. Soyez sages, d'accord ? Sinon Papa et Maman vont encore plus s'engueuler que d'habitude et ça va être un enfer !"

"Jimin, ton langage !" me réprimanda ma génitrice tandis que mes frères et sœurs rigolaient.  

"Allez en route" me pressa mon père qui allait m'emmener. 

Je leur fis un dernier coucou, puis partis m'installer dans la voiture. Le trajet fut long, la radio grésillait de plus en plus à mesure que nous nous enfoncions dans la cambrousse montagneuse. Mon père m'aida à décharger mes bagages, puis repartit directement après m'avoir fait un rapide câlin et m'avoir souhaité un bon séjour. Yes. Me voilà aux portes des Enfers, debout comme un con devant le portail au milieu des parents et de leurs enfants surexcités. Un joli et grand bâtiment en pierre trônait au beau milieu de nul part, entouré de champs et de forêt. Les montagnes dans le fond donnait un paysage plutôt sympa. 

Je restai figé là, attendant que l'on vienne m'accueillir car je me sentais légèrement seul. Une femme d'une quarantaine d'années vint à ma rencontre : les cheveux bruns attachés, elle portait des lunettes immondes rouges, vertes et bleu électrique, un curieux mélange... Mais son sourire éclatant était communicatif, et me mis de bonne humeur.