Iraziel

Chapitre 1

Il y a fort, fort longtemps, à l'arrivée des elfes sur Nevilheim naquit une elfe, elle se nommait Iraziel. Elle était blonde, gardant ses cheveux longs jusqu'aux épaules. Son visage était ciselé de traits fins. Elle avait des yeux verts en amande, des oreilles pointues comme tous les elfes. Elle était svelte, avec un corps taillé pour la vitesse et elle était d'une grâce sans égale. Elle était d'une bonté sans pareil et d'une curiosité insatiable. Cette jeune elfe avait vécu dans les grandes forêts qui bordaient les côtes ouest de Nevilheim. C'est une elfe de deuxième génération, elle n'avait jamais connu les terres ancestrales des elfes, ni la présence d'Yggdrasil, sa soif de connaissances était telle qu'elle décida qu'elle partirait un jour découvrir les secrets de ce monde. Elle désirait plus que tout recréer l'Yggdrasil sur les terres de Nevilheim. Pour cela, elle devait récolter des informations.

Le jour de ses 19 ans, elle se rendait à la plus grande instance de sa cité saluer le conseil des anciens et demander leur bénédiction, comme il en est l'usage pour un elfe lorsqu'il atteint sa majorité. Iraziel était sceptique quant à l'utilité de ladite bénédiction mais elle était résolue à faire les choses bien jusqu'au bout. Elle traversait donc la cité elfe de Hellerion, capitale du territoire des Bois enchantés, l'immense forêt de chênes anciens, encore plus vieille que l'arrivée des elfes sur la côte ouest du territoire de Nevilheim. Les arbres de cette forêt sont mystiques, nimbés d'une énergie semblable à celle d'Yggdrasil, en bien moins puissante, mais tout de même perceptible par toutes les races, même par celles qui ont le moins de prédispositions naturelles à la magie. C'est sans doute ce sentiment familier qui a poussé les elfes à s'y installer. Elle traversait nonchalamment les rues, les avenues et les places de la capitale, admirant les arbres creux qui avaient été sculptés, réaménagés par la magie, et le feuillage touffu qui laissait apparaître par intermittence de petites surfaces inondées par la lumière du soleil. Elle venait de partir de la maison familiale, un peu à l'écart du centre ville. Elle était issue d'une famille aisée, qui possédait un bosquet (équivalent d'un manoir en arbre) en périphérie, dans une partie de la ville plus calme et moins bruyante. Elle s'élança à un pas rapide, et les arbres utilisés pour le marché et les habitations des familles bourgeoises disparurent petit à petit du paysage, laissant place à des chênes de plus en plus vieux et de plus en plus gros. Ils avaient pour vocation de servir à accueillir les organes administratifs des elfes. Après quelques minutes, le sentier bifurquait vers un if millénaire, dont le feuillage recouvrait un bon tiers de la capitale, c'est là que siégeait le conseil des anciens.

Elle s'engagea donc en direction de l'arbre et lorsqu'elle l'atteignit, elle se dirigea prestement vers l'accueil, où la secrétaire lui indique une immense porte en saule massif, séparant le hall d'une salle immense, à en juger par la taille de la porte et la circonférence du tronc. Elle s'en approcha donc, hésitante, et au moment où elle alla frapper, la porte s'ouvrit devant elle, laissant entrevoir un semblant de tribunal: les anciens étaient assis sur une estrade surplombant la salle, pendant qu'un siège était installé en face d'eux, à quelques pas de là. Iraziel partit en direction du siège, s'arrêta à un pas de celui-ci, se tourna vers les anciens et s'inclina. Elle eut pour réponse la voix tonnante du Seigneur Dagaz, qui la priait de se redresser et de s'installer. Elle s'assit donc et dévisagea le conseil, composé de trois hommes et de deux femmes: Les deux femmes étaient les soeurs Artalwel et Erdalwel, des mages puissantes qui enseignent leurs secrets aux elfes qui font part de la guilde de Enelion, la plus puissante des guildes de magie elfe. Entrer là-bas fait de vous un élite, un membre de l'armée elfe si besoin est. Malgré leur âge important, la lueur d'intelligence dans leurs yeux démontre qu'elles ne sont pas gâteuses pour autant, L'aînée est blonde, la cadette est rousse, et elles se ressemblent comme deux gouttes d'eau. Elles adressèrent un petit signe de tête à Iraziel, comme pour l'encourager.

Au centre de l'assemblée se tenait le seigneur Dagaz, élu représentant des elfes après que le précédent seigneur eut perdu la vie pendant la traversée des eaux maudites, occupées par le terrible Léviathan. C'est le monstre marin qui avait décimé la majeure partie de la flotte elfe in la Grande Traversée lorsque les elfes ont fui leurs terres sacrées lorsque Yggdrasil leur est devenu hostile, ce qui explique pourquoi la population elfe était dangereusement basse à leur arrivée sur Nevilheim, et le fait que les elfes sont restés discrets afin de reconstituer leur population avant de se dévoiler aux autres peuples de Nevilheim. Dagaz avait vraiment une stature de chef, des épaules larges, une détermination visible et un visage accueillant, une personne de confiance.

L'elfe à sa gauche ne pouvait être que le capitaine Atiel, son accoutrement ne laissait pas de place au doute, une épée de belle facture pendait nonchalamment à sa taille, et son armure était faite du mithril le plus fin. Il ressemblait trait pour trait aux descriptions que les soldats faisaient de lui, lorsqu'ils buvaient un peu trop: un visage fin aux traits délicats mais des yeux gris, perçants, durs, et il dégageait une aura de force et de discipline qui était presque palpable. Il se contentait d'attendre, les bras croisés, et son regard inflexible braqué sur Iraziel, analysant ses moindres faits et gestes.

Le dernier membre de l'assemblée était tout à gauche de l'arc de cercle formé par les sièges des membres du conseil. Iraziel n'avait pas besoin de le regarder pour se remémorer ses cheveux blonds noués en une queue de cheval, son petit sourire, ses yeux bruns chaleureux, ses traits fins et sa voix suave et mélodieuse. Elle s'en rappelait parfaitement car elle le côtoyait tous les jours. Il s'agissait du représentant des bibliothécaires d'Hellerion,Jera. Il se levait, adressant un sourire à l'assemblée et s'exclama: ''Bienvenue, ma fille!".