The girl's Mirror

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Il était une fois une petite fille qui rêvait. Elle rêvait à la lune. Elle rêvait d'être une artiste et de créer son propre monde. Alors, elle le créa. 

Bien souvent, les autres la regardaient d'un œil mauvais, tandis que, dans ses pensées, elle vivait librement, tout simplement.

"La vie est bien trop douce, pour vous, les enfants!", disaient les adultes. "Pour nous, elle est bien dure!"

La petite fille n'avait jamais compris ces mots. Les grands riaient, pendant qu'elle pleurait. Certains disaient se plaire au travail, tandis qu'elle haïssait l'école. Non pas qu'elle en eut détesté les leçons ou la maîtresse. Simplement, elle s'y sentait seule. Incroyablement seule. 

A l'école, elle n'avait aucun amis, mais c'était toujours mieux qu'à la maison, où elle n'avait que des ennemis. 

Là bas, on la frappait, l'insultait et la dénigrait. Lorsque ça arrivait, elle fuyait. Elle ne s'en allait pas. Elle devait rester là. Mais ses pensées, elles, vagabondaient librement, sans se tourmenter à propos de la réalité.

Un jour, ne supportant plus sa pesante solitude, elle décida de se créer un ami, qui jouerait avec elle, dans son monde. Il resta un temps. Il était gentil et ils s'amusaient bien, ensemble. Lui, il ne demandait jamais à sa compagne de jeux si elle allait bien, pourquoi elle pleurait, ou encore, d'où venaient les bleus répandus sur son corps. Lui, il était simplement là, pour jouer avec elle et passer le temps, d'accoutumée bien trop long. Mais, comme je vous le disait, il ne dura qu'un temps. Il s'estompa peu à peu, en grandissant. Et, un jour, il disparut complètement.

Ce jour là, la petite fille ne l'oubliera sans doutes jamais. Elle s'était à nouveau enfuie. Cette fois, dans le monde qu'était le siens, elle ne jouerait pas. Les oiseau n'y chanteraient pas. Pas plus que brillait le soleil derrière de sombres nuages. A vrai dire, elle s'y était réfugiée pour pleurer. Elle avait besoin d'une épaule à laquelle elle n'avait pas droit dans le monde réel. Donc, elle était venue chercher celle de son ami de toujours. 

Elle le chercha, persuadée qu'il serait là, un sourire béant décorant son visage simplet. Mais, malgré ses recherches, il s'était entièrement évaporé. Le temps avait rattrapé la petite fille, lui rappelant qu'elle avait grandit. 

Ne voulant croire à l'évidence que lui imposait la vie, elle tenta d'appeler son ami, mais impossible de se souvenir de son nom. Alors, prise de panique, elle tenta de se remémorer son visage, pourtant si net, dans le passé. Mais, impossible de se souvenir de lui. 

Elle comprit alors ce que signifiaient les mots des adultes. Oui, c'était difficile, la vie, lorsqu'on avait plus son ami pour nous tenir compagnie et nous faire sourire. 

La petite fille, qui n'était plus si petite que ça, se dit que si l'ami inventé par son esprit était parti, alors peut-être lui en faudrait-il un venant de la vraie vie?

Le premier jour, elle fut trop timide pour approcher qui que se soit. 

Le deuxième jour, elle rencontra un petit garçon en tous points pareil à son ami d'antan. Elle lui raconta ses secrets, sa vie et ses problèmes. Sans oublier de lui porter, à lui aussi, une oreille attentive. 

Le troisième jour, sans réel autre mobile que la jalousie de l'intelligence, il retourna chacun de ses propos contre elle.

A nouveau, elle se retrouva seule, comprenant qu'en fin de compte, elle n'était peut-être pas si intelligente que ça, pour avoir fait confiance à quelqu'un qui la trahirait le lendemain même.

Le quatrième et dernier jour, la jeune fille s'enfuit au fin fond de son imagination. Elle voulait explorer son monde autant qu'elle le pouvait, avant de grandir une fois de plus.

Elle courut dans des champs de blé doré, sauta au dessus d'arbres couchés, plongea dans de grands lacs à l'eau fraîche. Pas une fois, elle ne rencontra de murs. Elle était libre. Libre de faire ce qui lui plaisait. Libre de se promener où elle voulait. Libre d'avancer aussi loin qu'elle le désirait. 

Tout à coup, tandis qu'elle se baladait sur une plage, le long de la mer, elle aperçu un magnifique miroir, joliment encadré d'une monture en bois bien travaillée. Elle s'en approcha et regarda à l'intérieur. Elle s'attendait à y trouver la petite fille qu'elle voyait tous les jours, dans le monde réel. Mais, ce qu'elle y vit lui glaça le sang et la fit fondre en larmes. L'image renvoyée par la glace n'était pas celle d'une jeune fille en pleine santé, mais celle d'une enfant brisée. Son corps était recouvert de fissures. Chaque endroit où elle avait un jour vu apparaître un hématome était fendu. Chaque parties de son visage sur laquelle une larme avait un jour roulé s'effritaient. Ses yeux étaient clos, priant le monde de ne plus leur montrer tant d'horreurs. Ses mains craquelées couvraient ses oreilles tant bien que mal, suppliant le monde de ne plus leur faire entendre toutes ces tortures. Mais, le pire restait son cœur. Au milieu de sa poitrine, se trouvait un trou béant, qui ne cessait de s'agrandir.

"Tu vois, dit une petite voix dans sa tête, ça, c'est ce qui arrive lorsqu'on fait confiance aux autres!"

Elle compris alors que tout ce temps, la seule véritable amie qu'elle ait jamais eu n'était nulle autre que la solitude elle-même. Elle décida de prendre un galet dans le sable et de le poser derrière le miroir. Elle fit de même avec un deuxième, un troisième, et bientôt, des milliers d'autres. En ce qui ne paru être que quelques secondes, elle eu bâti un grand mur solide, derrière lequel elle pourrait désormais se cacher.

Les jours, puis les semaines, les mois et les années passèrent sans qu'elle n'eu franchi le mur la moindre fois ou bougé la moindre pierre. Bien des personnes avaient pourtant déjà tenté de la forcer à le briser, mais rien n'y faisait. Elle aimait ce temps qu'elle passait derrière, malgré le trous dans sa poitrine, qui ne cessait de s'approfondir toujours plus. 

Un jour, alors qu'elle était tranquillement assise contre sa barrière de galets, quelqu'un vint  toquer. 

"Excuse-moi, dit une petite voix, de l'autre côté. Puis-je entrer?

-Non! Va-t'en!, répondit la petite fille, sèchement."

Le lendemain, la petite voix revint, demanda la même chose et la réponse de la fille fut la même. Elle ne passerait pas. Le jour d'après et tous les suivants se déroulèrent de la même manière. Et ce fut ainsi pendant près de deux ans.

Durant cette périodes, les deux adolescentes avaient appris à se connaître et s'étaient beaucoup rapprochées, malgré le mur qui les séparait. 

Une fois, alors qu'elles étaient occupées à discuter, celle qui cherchait à entrer dit à l'autre:

"Tu sais, tu m'interdis d'entrer, mais il n'est pas fort épais, ton mur! Et puis, il n'a pas l'air bien solide!"

C'est alors que celle-ci prit une des pierres dans ses mains et la retira délicatement de la bâtisse. 

"Tu vois?, lança-t-elle à son amie."

Elle en ôta alors une deuxième, une troisième, et bientôt, un millier d'autres. En moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, le mur était entièrement revenu à l'état de galets dans le sable. Elle s'approcha de l'enfant brisée et en ramassa un à un les morceaux. Et, malgré la terreur dans le regard de celle-ci, elle prit grand soin à bien replacer chaque morceau, se coupant les mains au passage. Elle n'y prêta pas attention et acheva son œuvre, avec un grand sourire aux lèvres.

"-Il y a une grosse trace..., dit la petite fille au cœur nouvellement réparé. C'est repoussant... JE suis repoussante...

-Mais... je l'aime bien, moi, cette cicatrice, répondit l'autre en déposant doucement ses lèvres sur celles de la première, consolidant ainsi les cicatrices des plaies enfin refermées."


The girl's mirrorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant