🌺 Confinement: Tome 1 Matsuhana 🌺

Chapitre 2

À peine entré dans l'appartement que le jeune styliste siffla d'admiration. Des posters de groupe de rock, métal, ainsi que les champions en titre du E-sport League of légends, étaient dispersés sur les murs, tandis que dans un coin, une guitare traînait au sol. Au centre de la pièce, se trouvaient une table basse ainsi qu'un meuble télé. Un canapé était placé contre le mur, face au téléviseur.

Il se tourna légèrement, observant avec attention l'espace dégagé qu'offrait le peu de meuble. L'appartement semblait si grand, alors que le sien était à l'étroit. Mais là encore, peut être étais ce dû à ses nombreux mannequins de coutures et autre rouleau de tissu parsemés un peu partout.

S'avançant, il remarqua une cuisine ouverte, donnant sur le salon, sur sa gauche, et un couloir à sa droite, menant sans aucune doute à la chambre du propriétaire.

" Ok. D'accord. Très bien. Je suis jaloux de ton aménagement. Tout est si bien organisé, moi, on dirait Bagdad et Alexandrie mélangées."

Matsukawa haussa les épaules, penchant légèrement sa tête sur le côté. Pour lui, son appartement était totalement normal, pas de quoi s'extasier. Ou alors, c'est parce que ce n'est pas lui qui s'amusait à le ranger.

" C'est ma princesse qui faut féliciter pour ça."

Puis, il invita l'autre adulte à s'asseoir sur le canapé, tandis que lui-même allait chercher les boissons promises. Après tout, il s'agissait de la raison de la présence de son voisin.

Celui-ci, bien qu'essayant vainement de trouver le nom du groupe du poster à sa gauche, restait attentif aux faits et gestes du brun. Voisin et beau à tomber ne signifiait pas pour autant sans danger. Mieux valait prévenir que guérir.

Il fallait y penser avant d'entrer dans l'appartement, lui souffla sa conscience.

" Eh voilà."

Coupant court aux pensées du rose, Matsukawa revint armé de deux verres dans une main, et une cagette d'alcool dans l'autre. C'est ce dernier fait qui fit froncer les sourcils au styliste.

" Es-tu alcoolique ?"

La remarque eu tôt fait de déclencher un léger rire chez l'autre, tandis qu'il prenait place à ses côtés.

" Non, réserviste. J'ai des amis et des collègues qui ne savent jamais quoi m'offrir, alors l'alcool semble être leur solution."

" A chaque fois ?"

" Chaque fois oui"

Hanamaki essaya tant bien que mal de réfréner son pouffement de rire, mais échoua visiblement si on se fiait au clin d'œil amusé qu'il venait de récolter.

Bon sang. Il faisait chaud non ?

" Si on commençait ? Je t'ai, après tout, promis une véritable cuite d'enfer non ?"

Si c'est toi qui sièges en enfer, je me damne volontiers.

_____

Quelques heures plus tard, et 3 bouteilles en moins, c'est un Hanamaki hilare qui essayait, avec peine, de décrire l'horrible journée qu'avait été le défilé. Attentif, et s'il l'avouait, réellement curieux, Matsukawa l'écoutait, et commentait parfois.

" Je te jure, le mannequin était malade comme pas permis, et comme elle venait de subir un divorce, elle avait fini par prendre du poids."

" Laisse moi deviner : elle ne rentrait plus dans la robe ?"

Le styliste se vautra dans le canapé, expirant un long soupir qui se voulait tragique.

" Oui. Et personne pour la remplacer. J'étais à deux doigts de fondre en larmes ce jour-là."

" Qu'est-ce que tu as fait du coup ?"

" J'ai défilé à sa place."

Le silence tomba sur la pièce, tandis que le brun a analysait l'information. Puis, hochant simplement la tête, il répondit.

" Choix logique. Tu devais être magnifique."

Et un rougissement de Maki. Un.
Néanmoins, son interlocuteur eu tôt fait de reprendre la parole.

" Pas que je te drague, je te l'ai dit, je suis pris. Mais c'est juste que t'as le physique pour faire mannequin."

Douche froide. On remercie la sincérité d'être présente dans la place.

" À vrai dire, non. J'aurai bien voulu, mais je suis pas assez grand. Et puis entre nous, je préfère largement trouver les idées de tenues improbables plutôt que de les porter."

_____

" Attends, tu veux dire que tu m'avais déjà croisé ?"

" Bah ouais. Tu ne passes pas inaperçu, surtout quand tu cours dans les escaliers avec tes talons."

Maki afficha presque un sourire gêné à ce propos, avant de simplement rire. Dieu qu'il passait une bonne soirée, d'autant plus que son voisin, de deux étages en dessous, était beaucoup plus sympathique qu'il ne le pensait au premier abord.

____

" Je n'ai jamais... Eu de relation sexuelle dans un cinéma."

À la surprise de Maki, le brun se mit à boire, avant de lui décrocher à nouveau un de ses regards si particulier.

" Tu devrais essayer, c'est grisant."

" Encore faut-il trouver un partenaire intéressant."

Maki arrête tout de suite de draguer ! Il est en couple, bordel.

" Pour ma part, je n'ai jamais couché avec mon supérieur."

Sans grand étonnement, Maki but son verre d'une traite. Mais ce qui intrigua le propriétaire de l'appartement, fut l'expression que le rose afficha durant un court instant. Un mélange subtil de regret, de honte et de dégoût. Pour sûr, il savait que le monde de la mode n'était pas simple, mais pas de là à imaginer que son voisin si joyeux ai du passer par là pour réussir.

" Je pense que tu as compris tout seul ?"

" Oui."

" Dégoûté ?"

À cette question, Matsukawa se rapprocha du styliste et posa son doigt sur le menton de celui-ci, lui redressant la tête au passage. Puis, d'un regard totalement sérieux, déclara.

" Nom, prénom, adresse. Je vais aller commettre le meurtre parfait sur celui qui ose te foutre comme ça."

Autant dire que Maki dessoûla très vite suite à cette déclaration de guerre. Une envie de pleurer lui prit soudainement. C'était bien la première fois qu'on cherchait à le défendre ainsi, alors même qu'il avouait avoir fauté dans sa carrière. En attendant, Matsun, lui, attendait toujours une réponse, vu l'air solennel qu'il affichait.

" Meurtre parfait ? Serais-tu Jack l'éventreur ?"

Une minute passa avant que la tension ne s'évapore finalement, remplacée par deux sourires amusés se répondant l'un à l'autre.

Au final, il ne regrettait en rien d'avoir pénétré dans cet appartement.

" On ouvre une autre bouteille ?"

Et dans sa vie, pensa-t-il en observant son voisin ouvrir une nouvelle bouteille.