CHAPITRE 5

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Lorsque je vis la fumée grisâtre s'échapper par la fenêtre brisée, cachant les flammes qui consummaient mon endroit préféré de ce lycée, j'eus un pincement au coeur. J'adorais m'y réfugier pendant que certains cours que je jugeais inintéressants se déroulaient. Cette bibliothèque possédait une infinité de livres, quand on y rentrait, on sentait cette odeur de pin et de poussière, avec un mélange de rose, l'odeur du parfum dont la bibliothécaire s'aspergeait tous les matins.

Tristement, je soufflai avec douceur en direction du brasier, sans aucune once d'espoir qu'il s'éteigne. Soudainement, malgré un grand soleil et un ciel bleu, une brise violente souleva mes cheveux d'une violence inouïe, attirant dans la foulée de gros nuages gris au-dessus du feu ardent, nous offrant un spectacle irréel. Comme si les éléments étaient vivants et qu'ils se battaient entre eux, les flammes se faisant dévorer sans ménagement par la bourrasque et la pluie, toutes deux devenues qu'une seule et même entité. En un clin d'œil, l'incendie avait déjà disparu, avec comme seule preuve, les restes de papiers cramoisis s'envolant comme des feuilles mortes.

Des murmures s'élevèrent dans l'assemblée, tous stupéfaits par l'évènement qui venait de se jouer devant nous. J'étais sidérée. Comment cet incendie si puissant avait-il pu s'éteindre aussi facilement, et aussi étrangement ? 

L'attroupement complètement loufoque autour du nouveau se dissipa, me permettant d'entrevoir le visage confus d'Herrend. Il fronça les sourcils puis tourna son regard dans notre direction. Sa mèche brunâtre tombait sur l'un de ses yeux. Il avait l'air confus, perdu. Mais qui ne le serait pas au vu des évènements précédents ?

Il me fixa pendant plusieurs secondes, puis posa son regard sur May qui n'avait toujours pas décroché un mot, avant de s'avancer vers nous d'un pas déterminé. Cette journée devenait de plus en plus étrange.

— Salut, lança-t-il quand il fut arrivé à notre hauteur, je suis Herrend.

Sans aucune surprise, il était vraiment aussi grand que je l'avais imaginé et tout aussi costaud. Je n'avais jamais vu un être humain de cette taille. Il devait avoir au moins deux têtes et demi de plus que nous, et devait la baisser afin de nous regarder dans les yeux. Il était... intimidant. 

Lorsque ses yeux se posèrent sur moi, ils me donnèrent l'impression d'être sondée. Comme s'il pouvait lire à travers mon âme, et y découvrir tous les secrets enfouis.

Il passa son regard de l'une à l'autre, attendant une réponse. Je restai muette, tandis que May prit la parole :

— May, se présenta-t-elle à son tour, non sans me jeter un coup de coude dans les côtes.

— Liri, maugréais-je de douleur.

Herrend fronça les sourcils une énième fois.

— Liri ? Ce n'est pas courant, fit-il remarquer.

J'avais envie de rire très fort.

— Dit-il, prononçais-je ironiquement.

Que voulait-il ? Se moquer de nous ? Il perdait son temps, il n'obtiendrait rien de tout ça.

— Désolé, je viens en ami. Il leva les mains en l'air, comme si un policier pointait une arme sur lui, pour appuyer son affirmation.

Je haussai les sourcils, intriguée. Venir en ami, c'était ce qu'il disait ? Personne de Grasham n'était venu en ami nous parler. Ils avaient tous un but en particulier, sans exception. Comme ce Kyle, qui avait fait un pari avec ses potes et qui avait perdu. Il avait reçu pour pénitence disait-il, de me draguer et de me mettre dans son lit. Est-ce qu'il avait réussi ? Non, pas le moins du monde. Ce mec était ragoûtant, mais surtout, arrogant et méprisant. Personne de Grasham n'arriverait à me mettre dans son lit.

Liri | TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant