Beautiful | Jikook

Shadow

 « Bonjour à tous, je suis Jungkook, ravi de faire partie du groupe »

En quelques mots, j'ai su qu'il avait volé mon cœur. Malgré son jeune âge, je le trouvais adorable et me sentais attiré par lui. Bien sûr, au début cela n'a été que de la curiosité, vouloir se faire un nouvel ami, le taquiner. Rien de plus.

Parfois, il semblait si perdu et angoissé de mal faire les choses. C'était notre rôle à tous de veiller sur lui, de veiller les uns sur les autres.

J'avais conscience de mon comportement insistant, agaçant, capricieux, un peu trop tactile et désinvolte, pourtant je ne pouvais m'empêcher de le chercher.

Encore et encore, j'usais sa patience, toujours un peu plus sans jamais vraiment obtenir une réaction franche. Il se contenait, du moins, dans un premier temps.

Le temps passa et Jungkook, devient plus beau, plus doué, sa marge de progression et d'évolution semblait sans limites, si bien que cela en était presque effrayant. Je ne devais pas rester à la traîne. Ce qui devait rester amical devint des palpitations et un nœud au fond de ma gorge.

Le plus jeune prenait en assurance, il était plus libre, plus indépendant et cela me déplaisait. Il se changeait en une sorte de super héros pour qui rien n'était impossible. J'en fus moi-même fasciné.

Il s'éloignait de moi, me repoussant avec le sourire, mais je continuais malgré ses refus. Jour après jour. Semaine après semaine. Mois après mois... année après année.

Puis d'un coup, plus rien. Je coupais tout lien, comportement affectif envers lui. Je l'ignorais et feignais l'indifférence.

Ma joie fut grande quand je constatais sa petite mine paumée et dépitée. Il paraissait si seul et abandonné, comme un chiot.

Une sensation si galvanisante s'empara de moi que j'avais du mal, tant de mal, à contenir ma joie. Il m'était difficile de ne pas rire ou de retenir mes réflexions. Jungkook était si mignon.

Sa lutte intérieure était si visible, je le voyais peser le pour et le contre, tentant de m'aborder, mais en vain. Ma présence lui semblait indispensable, il la recherchait avec beaucoup d'espoir, alors que je prenais plaisir à le faire tourner en bourrique. Monsieur Parfait était maladroit avec ses émotions.
Ce petit jeu m'amusa un temps et à mon grand regret je fus rapidement démasqué par Taehyung.

« Tu comptes le rendre malheureux ? Si oui, je ne te laisserais pas faire.
— Bien sûr que non. Ce n'est pas mon objectif, le groupe en pâtirait.
— Il est gentil je l'aime bien. Il est, en plus d'être un membre du groupe, un ami...
— Je pensais que tu me soutiendrais toujours, et ce quoiqu'il arrive...
— Je pensais que tu resterais toujours avec moi, il faut crois que toi comme moi avons d'autre objectif pour l'avenir.
— Rien ne change vraiment, tu sais qu'on se l'est promis : d'être toujours ensemble.
— Maintenant, tu regardes Jungkook, peut-être devrais-je te le prendre pour me rendre plus intéressant ?
— Peut-être devrions-nous parler de Jin pour rendre le sujet plus équitable ? »

À ce moment-là, le visage de Taehyung se ferma quelque peu. J'utilise son flirt pour l'induire en erreur sur mes intentions. Il ne sera pas dupe longtemps, peut-être même qu'il ne me croira tout simplement pas, mais cela mit un frein à notre échange. Mon ami, mon frère, mon âme sœur... à présent, mon cœur s'éloignait de lui sans qu'aucun de nous ne puisse y faire grand-chose.

Il m'en voudra c'était certain et pourtant je ne pouvais plus détourner mon regard de Jungkook.

À chaque instant, il veillait sur moi et je me plaisais à être si précieux, tant protégé. Je l'observais. Je n'ai raté aucun moment, j'ai tout entendu, j'ai tout fait pour qu'il arrive dans mes bras ce soir-là...

Un soir où tout le monde avait décidé de faire un petit sortit, je prétextai ne pas bien me sentir et resta enfermé dans ma chambre. À ma grande surprise, Tae garda le silence sur mes petites manigances, je le soupçonnais même d'encourager le plus jeune à renouer avec moi. Peu importe pour qui cela œuvrait, le principal était que tout allait dans mon sens.

Lorsque la porte s'ouvrit, je vis un jeune brun très motivé à m'assister, persuader de mon mal. Il me ferait presque me sentir coupable de mon mensonge, presque !

En vérité, cela faisait des jours que je tendais des perches à Jungkook pour l'inviter à me rejoindre une fois la nuit tombée. Je me préparais en vue d'un échange plus... fusionnel.

Alors que je me lassais d'envoyer des signaux telle une alarme de pick-up Hyundai, ce que j'espérais arriva enfin !

Je ne voulais plus perdre une seconde. Peut-être me trouverait-il audacieux ? Téméraire ? Et je m'en fichais. Je voulais son corps contre le mien. Je voulais sentir sa bouche faire frissonner ma peau pendant qu'il découvrait à son aise chaque recoin de mon anatomie.

J'ai aimé gémir quand il s'enfonçait dans mes chairs. J'ai adoré l'enserrer entre mes cuisses quand il râlait de plaisir.

Je me suis satisfait du regard fiévreux qu'il posait sur moi. Il est à moi, désormais il m'appartient et je ferai n'importe quoi pour qu'il ne détache jamais les yeux des miens.

Mon adorable petit chiot. Mon brave valet. Mon vaillant chevalier... Mon magnifique Roi... Tu vois en moi un ange tombé du ciel, mais je n'ai fait que mettre un éternel crépuscule sur ta vie.

Lentement, je vais t'entraîner avec moi dans les plus sombres envies de l'Homme... je vais faire de ta vie un long rêve de plaisir extatique.

Je vais t'obliger à trembler à chaque battement de mes cils, à te dresser durement au moindre de mes effleurements...

Tu suffoqueras loin de moi et tu seras malheureux. Plus rien n'aura d'importance à part : moi.

Lentement, je me suis immiscé en toi. Comme du poison, j'ai rendu ton corps faible à l'entente de ma voix et aux caresses de ma peau.
Le venin s'est répandu dans ton corps tout doucement, jusqu'à ce que tu l'acceptes et n'en as plus conscience. Cela ne te dérangeait plus. Alors un sevrage brutal était sans l'ombre d'un doute la meilleure chose à faire. Un sevrage qui déclencherait ta dépendance...

« Je t'aime »

Ces mots qu'on répète comme un charme envoutant pour nous attirer l'un l'autre.

« Je t'aime »

Ces mots que tu répètes comme une louange, une ode à ma personne. Ton idole.

« Je t'aime »

Ces mots que je répète pour t'enchainer cœur et âme, car il est évident que ton corps m'appartient déjà.

 Le loup aime l'agneau qu'il traque. Le vampire aime son calice. Le prédateur aime sa proie. Et l'ange aime l'Homme.

Pourtant, le deuxième est toujours précipité dans la chute par le premier... et le premier malheureux sans le second.

« Est-ce que tu m'aimes ? »

Je suis sûr que même en sachant tout cela tu pardonnerais l'être tordu que je suis, mais malheureusement je ne saurai jamais si tu es profondément bon ou si c'est simplement le fruit de ton adoration.

« Jimin, je... »