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La jeune fille n'hésita plus, elle marcha déterminée vers la fenêtre, l'ouvrit, puis passa au travers pour poser un premier pied sur les tuiles froides du toit. Elle tâtonna doucement avant de l'appuyer définitivement pour ensuite passer sa deuxième jambe. La rage qu'elle ressentait a peine quelques secondes au paravent s'évaporait laissant place a l'adrenaline contenue dans sa peur de cette premiere fois.

Une fois bien stabilisée, elle se retourna pour éteindre la lumière de la pièce et fermer la fenêtre en prenant soin de laisser un espace pour pouvoir rentrer plus tard.

Debout sur son toit en pente, sachant qu'il suffisait d'un seul faux mouvement pour tomber, se risquant comme ceci, elle se sentait puissante. Dominant la vue qui s'offrait a elle avec les couleurs du soir, elle était émerveillée. Elle profita quelques temps avant de commencer a marcher, avec pour seul éclairage les faibles lampadaires de la rue, elle sentait que n'importe quand elle pouvait glisser, s'écorcher, tomber et que la chute pourrait être fatale.

Alors elle marcha encore plus vite, encore moins prudemment, comme pour defier la mort qui surveillait le moindre de ses faits et gestes.

Non, bien sûr que non elle ne voulait pas mourir, pas maintenant, pas comme ça. Au contraire, elle voulait savoir ce que c'était de se sentir vivante, Et provoquer le danger comme elle le faisait en ce moment, lui donnait l'impression de réellement vivre.

Mais ce sentiment fut de courte durée, sa rage revenue, se déformant pour devenir de la tristesse.

Alors elle s'assit, ramena ses genoux sous son menton, les entoura de ses bras, et pleura.

Elle versa ses larmes pendant elle ne sait combien de temps, puis se calma et leva la tête. La vue encore un peu brouillée, les joues encore humides, elle fut frappée par la beauté du ciel et de ses étoiles. Il était plus tard que ce qu'elle pensait et les nuages avait disparus, comme s'ils avaient fait une exception pour elle, lui laissant admirer ses petits points lumineux qui l'hypnotisaient.

Le temps s'écoula, ses émotions partirent avec, pour uniquement laisser place à une sorte d'apaisement, de soulagement. Comme si extérioriser de cette manière l'avait libérée, épuiser au point qu'elle ne pouvait plus ressentir d'émotions négatives. Elle pouvait enfin respirer.

Alors elle se sentait bien,

Alors tout allait bien.

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