II

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Assise en tailleur sur son lit, une lumière donnant des reflets dorés à son visage, elle regarda l'heure impatiemment sur son téléphone. 4:30. Malgré la température qui se réchauffait en cet fin de printemps, elle enfila quand même un gros sweat avant de prendre sa veste et d'attraper son portable pour le glisser dans sa poche. Elle prit ses chaussures à la main et s'approcha doucement de la porte avant d'en abaisser la poignée. Puis le plus discrètement possible, marcha sur la pointe des pieds, esquivant les planches qui grinçait qu'elle avait réussi à repérer à force de passages. Elle descendit les marches tout aussi lentement, avec l'impression que le moindre bruit qu'elle faisait résonnait tel la foudre dans toute la maison. Presque en bas de l'escalier, elle vit la porte, et se précipita inconsciemment dessus, saisit ses clés et les tourna le plus silencieusement possible dans la serrure. Quand elle entendit le déclic, elle appuya sur la poignée, ouvrit la porte et passa le plus vite possible à l'extérieur avant de la refermer.

C'est bon, elle avait réussi.

Une fois dehors, elle s'arrêta quelques secondes pour enfiler ses chaussures avant de pouvoir savourer ce moment. Son coeur se gonflait de soulagement, d'un sentiment de liberté intense et l'adrénaline monta.

Avant de se laisser submerger, elle s'écarta rapidement de sa maison, et une fois qu'elle se jugea assez loin, elle ne put s'empêcher de sourire. Il'y avait personne, elle était seule et heureuse. Elle avait envie d'hurler de joie, de courir, de sauter de danser en même temps. Alors elle ce plaça au milieu de la route de la rue principale et commença a tourner sur elle même, à écarter les bras, à courir, de plus en plus vite, jusqu'à en perdre haleine. Quand ce fût le cas, quand elle fût essoufflée, elle s'assit, sur le goudron encore un peu chaud et elle contempla la place en contrebas. C'était beau. Elle se sentait puissante. Son coeur se gonflait à la fois d'une fierté intense mais aussi d'un sentiment de sérénité contrastant à la vue de la ville endormie. Elle resta pendant une durée indéterminée comme ceci, sans bouger, appréciant juste le flot d'émotions positives qu'elle éprouvait.

 Respirant enfin.

Mais elle n'avait pas fini. Non, elle se dirigea vers le bas de la ville, profitant de la faible lumière jaunâtre des lampadaires qui rajoutait du charme à sa ballade nocturne. Elle était passée dans ses rues tellement de fois, elle les connaissait par coeur, mais pourtant, elles lui semblaient si différentes vues à cette heure là.

Elle marcha, laissant ses pensées vagabonder. Le calme ambiant la rassurait, l'apaisait. L'absence de personnes la tranquillisait. Alors pour prolonger se bien être, elle continua jusqu'à la rivière, où se reflétait la ville, ses couleurs et ses lumières. Elle avança sur le pont sereinement, et se mit debout sur une rampe, le corps au bord du vide. Pas longtemps, juste le nécessaire pour que l'adrénaline remonte. Puis elle s'assît. Les pieds au dessus de l'eau, les clapotis la berçait tandis qu'elle attendait.

Les premières lueurs apparurent quelques minutes plus tard, en face d'elle. Le dégradé de couleurs orange et rouges s'imprima sur l'eau un peu floue. Elle laissa ses yeux s'emplirent de se soleil en plein réveil et laissa son corps s'imprégner de ces derniers instant de paix.


Alors elle inspira une dernière fois.

Alors le soleil se leva.

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