Sous Peine D' Amour

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Bonne lecture

Quand elles furent à l'intérieur, l'atmosphère devint explosive.

Les voix d'Awa et Marcelle résonnaient dans la pièce, se coupant mutuellement, transformant chaque mot en une arme. Awa, la rage déformant son visage, tentait de faire taire Marcelle, tandis que cette dernière, habituellement calme et douce, trouvait la force de lui tenir tête.

Marcelle : Awa, arrête de fuir ! Je suis ton amie, mais je ne peux pas rester silencieuse alors que tu détruis tout autour de toi !

Awa, les yeux brillants de larmes mêlées de colère, se retourna brusquement.

Awa : Marcelle, tu n’as aucune idée du cauchemar que j’ai vécu ! Alors mêle-toi de tes affaires et fiche-moi la paix !

Marcelle haussa la voix, pour la première fois, si fort qu’Awa en fut décontenancée.

Marcelle : Et toi, tu n’as aucune idée de ce que ça fait d’être ton amie ! Toujours à cacher, à fuir, à repousser les gens qui t’aiment. Je suis là pour te raisonner, pas pour te laisser sombrer ! Et tu as tort, Awa !

Awa : Moi ? Tort ? C’est Abdallah qui a tort, pas moi !

Marcelle : Abdallah n’a rien à voir avec ça ! Ne change pas de sujet ! Parle-moi de Tidiane, parle-moi de tout ce que tu caches. Pourquoi tu refuses de m’en parler ?! Pourquoi tu as préféré te confier à cet homme, alors qu’il n’a jamais rien promis ?

Awa sentit un nœud se former dans sa gorge. La mention de Tidiane la mit sur la défensive.

Awa : Parce que je ne voulais pas vous déranger !

Marcelle : Nous déranger ? Awa, nous sommes tes amies depuis dix ans ! Tu crois que je t’aurais trahie ? Que je t’aurais abandonnée ? Ramata, Kadidia, Asmaoul, Oumou... nous sommes toutes là pour toi, et pourtant, tu choisis de porter tout ce fardeau seule ! Pourquoi ?

Awa éclata enfin en sanglots, incapable de contenir la douleur qu’elle avait enfouie si longtemps.

Awa : Parce qu’ils m’ont tous abandonnée ! Mes parents... ma sœur... même Tidiane ! Je suis seule, Marcelle. Toute seule depuis toujours.

Marcelle posa une main ferme sur son épaule, l’obligeant à la regarder dans les yeux.

Marcelle : Tu n’es pas seule, Awa. Tu as nous. Et même si ton passé est rempli de blessures, tu dois apprendre à pardonner. À tes parents, à ta sœur, même à toi-même.

Awa hocha faiblement la tête, mais une flamme de colère brillait encore dans ses yeux.

Awa :  Je ne pardonnerai jamais. Ni à ma sœur, ni à Tidiane. Ils m’ont détruite.

Marcelle : Awa, écoute-moi bien. La haine te dévorera vivante. Ce que tu as construit malgré tout cela, c’est ta victoire. Tu es forte, brillante, et personne ne peut te voler cela. Mais pour avancer, tu dois lâcher cette rancune.

À ces mots, Awa s’effondra dans les bras de Marcelle, laissant enfin ses larmes couler librement.

Quelques mois plus tard

La vie avait repris son cours, mais pour Maramou, le temps semblait s’être arrêté.

Mariée à Abdallah depuis un an, elle était devenue une ombre, une caricature de la femme soumise qu’elle prétendait être. Pourtant, dans le secret de ses pensées, une rage sourde grandissait.

Abdallah ne l’avait pas touchée depuis leur nuit de noces. Et tout le monde le savait. Le silence pesant autour du sujet des enfants était assourdissant, comme si leur mariage était une simple formalité, une mascarade.

Maramou avait changé. Elle ne portait plus les vêtements traditionnels, refusait de cuisiner, et laissait sa maison dans un état pitoyable. Ses vêtements étaient provocants, ses sorties fréquentes. Elle savait qu’Abdallah était exaspéré, qu’il voyait dans son comportement une insulte à leur union. Mais au fond, elle s’en moquait.

C’était sa manière de le punir.

Punir cet homme qui avait fait d’elle une femme vide, une femme sans amour. Elle se souvenait encore de leurs disputes.

Abdallah : Tu crois que te comporter comme ça va changer quoi que ce soit ? Tu crois que je vais t’aimer pour ça ?

Maramou, le regard glacé, répliquait : « Je ne cherche pas ton amour, Abdallah. Je veux juste que tu souffres autant que moi. »

Et c’était là toute la vérité.

Mais au fond, la véritable question demeurait : jusqu’où irait-elle dans cette guerre silencieuse ? Et Abdallah, combien de temps tiendrait-il avant de briser cette mascarade ?