Le Secret de la Montagne / Saison 1 - Épisode 1

5 - Mystérieux suspect

Le troisième jour après l'arrivée d'Elena Feels se levait sur les hauteurs de Turenne. Les lueurs familières de soleil qu'Elena ressentait auparavant chaque matin surgissaient une à une. Des pensées motivantes et joyeuses pénétraient gentiment son esprit.

Ce matin-là elle prit un petit-déjeuner bien copieux qu'elle apprécia en douceur jusqu'à ce que le téléphone, situé à l'autre bout de son salon, sonne tel un hurlement enfantin.

Elena se munit d'une bonne dose de patience et de courage avant d'aller décrocher. Elle se déplaçait tel un paresseux, comme à son habitude. En effet le matin il lui fallait au moins une heure pour prendre le temps de se réveiller et pour pouvoir être disposée à travailler. Ce jour-là, elle n'était éveillée que depuis une demi-heure. Ses chaussons grinçaient sur le sol et créaient un bruit agaçant. Elle avait des cheveux difficiles à coiffer, des restes de maquillage estompés et tirait une mine déprimante. Ses yeux ne cessaient de cligner furtivement.

Elle tendit machinalement sa main pour ne pas avoir à faire un pas de plus afin de saisir son téléphone fixe. Elle décrocha.

Elena s'en doutait, c'était sa chère mère qui l'appelait pour prendre de ses nouvelles. En raison de son état encore très somnolent et depuis son changement brutal de vie, Elena n'était que peu enthousiaste à l'écoute de la voix de sa mère. Cette dernière commença par lui souhaiter une merveilleuse journée puis elle poursuivit l'appel en prenant un ton doux et maternel.

— Alors, ma petite chérie, tu es bien arrivée ? demanda Madame Feels.

— Heureusement ! Ça fait déjà plus de deux jours que je suis partie ! s'exclama Elena.

— Bon alors, comment ça se passe ? Raconte-moi tout. Tes nouveaux collègues sont sympathiques ? Tu te sens bien ? Ton nouveau chez-toi te plaît ?

Meila noyait sa fille dans une masse de questions comme si elle venait de la retrouver après plusieurs années d'absence. Elena, agacée, répondait sagement et sans précision à ces questions.

Quelques minutes passèrent mais devinrent trop longues pour la jeune enquêtrice. Elena finit par abréger la conversation.

— Bon maman, je dois y aller là, j'ai du travail, mentit Elena qui s'apprêtait à déjeuner et à s'habiller en prenant tout son temps.

— Ah mais c'est que tu as l'air de t'y plaire alors ! répliqua Meila. Je contente pour toi mais je me fais beaucoup de soucis aussi. Tu veux que je t'envoie quelque chose ? Tu as besoin de quoi ma chérie ?

— C'est bon maman, ça va, je dois y aller là !

Depuis bien longtemps Elena laissait apparaître un sourire joyeux sur son visage et dut se rendre à l'évidence : sa mère lui avait donné enfin confiance en elle. Elena semblait avoir repris une énergie considérable grâce à cet appel, dont elle appréhendait le contenu.

Comme elle le savait, sa mère, après réflexion, n'avait pas eu la même réaction qu'elle à l'annonce de son changement de poste. Meila voyait se changement de vie comme une façon de se renouveler pour sa fille. Une manière d'apprendre à côtoyer et travailler avec d'autres personnes, d'autres milieux et vivre dans un cadre différent de son habituel commissariat de Bordeaux. Comme quoi, selon les personnes, les mêmes instructions sont interprétées bien différemment.

Cependant Meila était devenue beaucoup plus proche de sa fille que durant sa jeunesse. Elle était très protectrice envers elle et l'aurait appelé tous les jours si elle le souhaitait.

En attendant de pouvoir juger qui de sa mère ou d'elle se rapprochait le plus de la vérité Elena prit du temps à s'habiller et à se doucher. Elle était encore dans une phase de découverte et ne pouvait se forger aucun avis sur ses collègues.