Antidote

Chapitre 1: Une nouvelle ère

« J'ai la sensation que cela fait une éternité que je n'ai pas revu la lumière du jour. Pour éviter de croiser des sans visages en circulation libre, il est grandement conseillé de voyager de nuit. Vous vous seriez imaginés, vous, parcourir le monde à 17 ans à la recherche d'une personne sans même savoir à quoi elle ressemble ? Moi non plus. Pour être honnête, je n'avais de cesse de prier pour que cela ne soit qu'un cauchemar...

Mais le Docteur Alani compte sur moi.

L'humanité compte sur moi. »

Amel traîne des pieds, la fatigue le gagne grandement. Cela fait déjà plusieurs heures qu'il parcourt de petits villages de la contrée anciennement écossaise. A son époque, plus rien ne ressemble aux magnifiques images qu'il a pu voir dans les livres. Tout est très différent. Mais surtout, tout est très différent du futur qu'il a connu et qui est aujourd'hui son passé depuis 2 ans. Il faisait encore bon vivre il y a seulement 2 petites années...Et maintenant il peinait à ne pas se perdre car tous les chemins s'en trouvaient similaires et les grands repères avaient été détruits. Amel était également préoccupé et il avait peur que son angoisse finisse par le dévorer avant qu'un sans visage ne le fasse. Son inquiétude résidait dans les adieux qu'il avait fait à sa famille. Le Docteur Alani lui avait certes assuré qu'ils seraient en sécurité, Amel ne pouvait pas s'en empêcher et il estimait de vive-voix que personne ne pouvait le lui reprocher. Curieusement, il se fit la réflexion qu'à aucun moment il ne s'inquiétait de sa propre vie mise entre les mains du hasard ou des dieux. Il était peut-être rassuré par l'arme attachée autour de sa cuisse ou bien par le fait qu'il ne pouvait pas attraper la maladie de Trauma, bien que cela ne le gardait en rien de se faire déguster par des monstres.

Amel se stoppa soudain. Il avait entendu un bruit venant de derrière la barrière de la route de campagne sur laquelle il marchait depuis déjà une bonne vingtaine de minutes. Il vit alors quelque chose bouger entre les buissons. Il ferma les yeux quelques instants pour essayer de calmer la peur grandissante. Il devait toujours garder en mémoire que les émotions fortes guidaient les créatures jusqu'à leurs victimes mais qu'y avait-il de plus dur en ce monde que dissimuler ses émotions ? En tout cas Amel ne pouvait pas prétendre au rang de professionnel dans ce domaine. Il l'avait toujours affirmé à ses parents : il était trop sensible et ressentait les choses bien trop fortement. Ses sentiments rentraient en ébullition constante et étaient presque incontrôlable. Il sentit sa peur grandir dans le creux de son ventre noué lorsqu'une main squelettique et puante rasa le sol goudronné. Il se mit alors à courir le plus vite possible. Il savait bien que ce n'était pas la solution car même si ce monstre ne pouvait ni le voir ni l'entendre, le fait de fuir accentuait la terreur qui menaçait de faire exploser sa poitrine. Pour preuve, il entendit la créature se déplacer dans sa direction et il n'osa guère regarder derrière lui, bien trop tourmenté par l'instinct de survie omniprésent.

Mais soudain, un accident lui sauva la vie, comme si les dieux de la chance avaient décidé de l'épargner de quelques façons. Le jeune homme trébucha et s'éclata la tête contre le sol. Il perdit connaissance sur le coup, faisant ainsi rempart à la vague d'émotion qui aurait pu lui coûter l'existence. Le timing fut le bon car le sans visage derrière lui, dû se stopper avant même de l'atteindre. Il rebroussa chemin, laissant l'Antidote allongé au sol, le visage baignant dans une flaque de sang.

__

Amel fut réveillé au petit matin par l'odeur de son propre sang car son nez était plongé dedans. Il se redressa en gémissant de douleur et porta sa main à sa tête. Il avait eu bonne fortune car l'ouverture de son front n'était pas suffisamment grande pour lui faire faire une hémorragie. Il se redressa, chancelant légèrement à cause de l'étourdissement de la veille. Son corps sur le point de s'évanouir sous le poid de sa précédente chute et de ses dégâts l'obligea à s'asseoir quelques minutes.

Il était satisfait et soulagé d'avoir échappé à une mort certaine mais il devait admettre que ce léger incident lui avait fait perdre du temps.

Le Docteur Alani était quelqu'un de très gentil mais surtout de très sérieux. Il avait bien spécifié à Amel avant qu'il ne parte que chaque seconde comptait.

« Partout oùj'échoue, c'est une vie de plus qui s'envole... » songea-t-il à voix haute.

Il se remit en route et maudit la douleur du plus profond de son coeur.

__

Il atteignit une ville en début d'après-midi. L'endroit avait l'air désert mais de récentes traces de vie indiquait le contraire. Cela ne ressemblait en aucun cas à une ville fantôme et ça, Amel le savait pertinamment car il n'avait vu que ça depuis son départ.

Les gens essayaient certainement de se cacher, que faire de mieux en ces circonstances de toute façon ?

Il n'avait pas vraiment le temps de faire du tourisme, il allait finir par réellement se retarder. Il se demanda même s'il devait s'arrêter pour manger ou jeûner pour la journée.

De toute façon, une minute de perdue est perdue pour toujours non ? C'est irrattrapable le temps. On ne fait que le compenser.

L'Antidote se retourne en sentant du mouvement derrière lui. Décidemment il se passait tout un tas de choses dans son dos ces temps-ci.

Il fut estomaqué de voir un autre être humain brandir une arme dans sa direction.

« Toi là !Tu vas venir avec moi ! »

Amel pesta intérieurement mais obéit sans broncher à l'inconnu. Il était préférable de le suivre sans faire d'histoires sous peine de finir embrocher par sa lance.

« C'est au juge du village de décider de ton sort...Lui seul, saura si tu es contaminé ou non. »

« Ah bah tiens j'aimerai bien voir ça...Le virus est indétectable ! »

« Ne manque pas de respect au juge ! »

L'inconnu saisit violemment Amel par les cheveux, le tirant plus prestamment jusqu'à une demeure. Le geste était douloureux basiquement mais encore plus avec la migraine qui avait élue domicile dans son crâne.

« Monsieur le juge, je vous emmène un intru. »

Amel fut jeté au sol et sa vision se troubla l'espace d'un instant.