Seules les vraies amies restent!

Victoire

Il m'a contacté.
Je n'y croyais pas, à tout ca! Mais la vérité m'a rattrapé... Je nous emmène droit en prison en jouant ce jeu là... Mais ça, je ne leur ai pas dit. Les filles sont déjà tellement paniquées que je ne pouvais pas tout leur expliquer. Jusqu'à ce jour, nous n'avions aucun secret l'une  pour l'autre.Aucun.
Et je viens d'enfreindre ce code de l'amitié que nous avions...(d'ailleurs on n'a plus 15 ans, va falloir qu'on oublie ces histoires de codes !)
Marco m'a contacté il y a deux jours.

Il veut me voir et me parler de vive voix. Cet appel a été court. Je le rejoint dans un parc en plein après-midi. Il a du travail pour nous et veut que nous blanchissions  de l'argent pour lui... Je l'écoute, assise à côté de lui sur un banc en face des toboggans... Il est tellement proche de moi que je peux sentir son odeur...Un mélange de lessive et de gel douche Sanex...Ou Nivéa. On pourrait croire que nous sommes un couple en train de discuter en regardant notre progéniture s'amuser. Il a pensé à tout. On sait jamais! Si nous étions observés! Il se croit dans un film de gangster à jouer à ça! Comme si que nous étions sur écoute ou suivis, n'importe quoi! Je suis mère de famille, j'ai une place reconnue dans la société!

Malgré mon malaise, il me parle et je regarde droit devant moi tout en l'écoutant. Je peux apercevoir en coin son sourire. Pourquoi il sourit? Ça l'amuse de me voir me décomposer en l'écoutant m'expliquer comment faire pour blanchir de l'argent comme on explique à un stagiaire le travail de secrétaire?

Je le déteste! Il parle avec une telle aisance, comme si le monde lui appartenait! A côté, il me fait me sentir minable! Il pense avoir le contrôle sur tout parce qu'il sait faire peur! Parce qu'il croit qu'il m'impressionne...Je n'ose pas me l'avouer mais je l'admire dans un sens. Il roule dans une belle voiture, il doit avoir des hommes qui travaillent pour lui dans les quatre coins du monde. Il maîtrise tout de sa vie!

Il m'a tendu un sac de sport et me demande de ne pas l'ouvrir ici. Je suis prise d'un fou rire nerveux car la situation est allée tellement loin et me semble tellement irréelle! Une fois calmée car gênée de son regard insistant sur moi, je reprends mes esprits et lui explique que je refuse de faire cela pour lui. Je sens une vague de courage monter en moi et je lui jette à la figure ce que je pense au plus profond de moi: "tu crois tout maîtriser et tout contrôler mais tu ne nous auras pas! Et ce n'est pas parce que nous sommes des femmes sans histoires et loin d'un monde carcéral, que tu crois que nous allons t'obéir! Tu ne me fais pas peur, et là c'est trop! Je te dois de l'argent avec les filles, je conçois. Mais on va le faire à MA manière. Une manière juste et honnête: je vais aller voir ma banque et leur demander un prêt".

Il est resté calme. Trop calme. Il a rigolé et je me souviendrais toujours de ses paroles et de son geste... "Mais beauté, tu crois que tu es une femme sans histoires? Tu crois que ta banque voudra savoir quel magasin vous avez braqué? Tu crois que ton statut social te protège? Ce flingue je te le montre une fois. Regarde le bien car je ne suis pas sûr que tu en aies déjà vu un comme ca... Tu vas appeler tes copines daronnes, et vous allez me rembourser à ma manière... Dans ce monde, c'est moi qui dicte les règles. Tu as voulu te la jouer femme indépendante? Alors je ne te donne pas de conseils, tu sauras blanchir cet argent à ta manière. Ma gentillesse me perdra... Bienvenue chez les méchants, beauté!"

Il est parti suivi d'un gars que je n'avais même pas vu.

Je me suis retrouvée seule avec ce sac de sport posé sur mes cuisses, toujours assise sur ce banc. J'ai eu envie de crier!!! De hurler ma rage contre lui!

Je me suis levée au bout d'un temps infini, le regard dans le vide. J'ai compris que nous n'avions plus d'autres choix que de faire ce qu'il souhaitait... Alors il a fallu que je trouve une solution pour que nous blanchissions cet argent...Mais ma solution ne plaira pas aux filles...