Seules les vraies amies restent!

Marie

Ce matin, je me lève le cœur léger. Revoir les filles m'a fait beaucoup de bien.
Ma culpabilité ne me ronge plus. Les enfants sont à l'ecole et je suis en repos.
Étienne est au travail et moi je suis là, à respirer l'air qui rentre par la fenêtre ouverte de la cuisine. Ça sent bon La liberté ! Et le café caramel cookie qui est entrain de couler.
La journée commence bien: je n'ai encore pas trop paniqué. Bon d'accord! J'ai hurlé quand Antoine m'a annoncé qu'il envisageait de se mettre à la cigarette mais que, je cite « je m'inquiète de ne pas pouvoir m'arrêter, mais ne t'inquiète pas maman, je vais me mettre à la vapoteuse électronique ». Ah voila la solution!  A dix ans!
Etienne a rigolé. Et comme d'habitude, nous avons été en contradiction vis-à-vis de nos réactions: lui qui rigole et moi qui ait vu mon fils devenir délinquant...
Mais attendez un peu!! C'est moi la délinquante!
Et je dois vivre avec ça sur ma conscience. Mais pas que ça ...Mon dieu! Je n'ai pu en parler à personne, les filles m'auraient tué!
Je sens la crise d'angoisse arriver: j'ai chaud! Non! J'ai froid! Mince j'ai de la fièvre en plus! Marie calme toi! Respire! Pense à la respiration du maître yoga je-ne-sais-pas-quoi.
J'inspire. J'expire. J'inspire. J'expire. J'ins...Non! Faut que j'arrête ces conneries, ça ne marche pas avec moi!
Je vais aller à l'église du centre ville voir si je peux me confesser et confier mes plus lourds secrets. Dieu me pardonnera, non? C'est pas « faute avouée, faite à moitié pardonnée? ».
J'ai vu ce truc de confession dans un épisode de Desperate Housewives.
Allé, go!
Ni une ni deux j'enfile ma veste et me voilà partie sur mon vélo direction l'église. Le vent caresse ma peau délicatement. Qu'est ce que j'aime cette impression de liberté!
Mes airpods vissés sur mes oreilles, je profite du trajet pour écouter un podcast sur les mamans fragiles post accouchement. Quelle période de m***, ce post accouchement!
Marie, tu dérives! Reste centrée sur ton objectif.
J'arrive devant l'église. Ah mince! Mme Robinot, ma voisine infirmière/ commère!
Mais j'ai fait quoi dans une autre vie ??
-Bonjour Mme Robinot.
- Ah tiens donc! Que faites vous ici Marie? Je suis étonnée de vous voir dans cet endroit!
Ça ne vous ressemble tellement pas!
Peau de vache! Je te hais!
Mon sourire crispé vaut-il réponse? Va t-elle se taire et partir ?
- Je viens pour mettre un cierge chaque matin. Et vous Marie?
Loupé...Elle va me tenir la jambe jusqu'à ce que je craque! Elle sait tout! Je suis persuadée que de derrière sa fenêtre elle a tout vu...et si ça se trouve elle a des micros qui donnent sur l'extérieur de chez elle... Marie tu deviens parano, arrête bon sang!
- Je..heu...je viens...fessée!
Ma voisine manque de s'étouffer en entendant ma pseudo phrase qui ne veut rien dire!
- Je veux dire confesser pardon! Enfin non je viens voir si on peut aussi se confesser pour une amie qui est juive et qui n'ose pas rentrer dans les églises.
La bouche de mon interlocutrice forme un o arrondi et aucun son ne sort.
Criminelle et folle! Voilà ce que je suis réellement!
- C'est tout bon Mme Robinot, j'ai toutes mes réponses merci!
Et me voilà partie sans attendre de réaction. Je me retourne en sortant de l'église et je vois toujours ma voisine stoïque, me regardant.
Bon! Pas de confessions et la plus grosse gêne de ma vie. Je repars bredouille sur mon vélo.
Je monte l'avenue de la mairie et me demande si mes jambes ne sont pas restées mettre elles aussi un cierge à l'église tellement je galère!
Puis parano ou non je sens quelqu'un me suivre en voiture... c'est sûr!
Je dois en parler aux filles absolument ce soir! Elles doivent savoir qu'une enquête est en cours  à mon travail...et que je suis suspectée...