Dans le bus déjà, tout le monde le regardait discrètement : des petits coup d'œil, puis des chuchotements et quelques rires dans le fond. Lui était là, debout, ne voulait pas s'asseoir. Il entendait parfaitement les messes basses pas si discrètes que ça, voyait les pupilles se diriger vers le haut de sa tête puis revenir rapidement sur un autre angle. Oui, il pouvait sentir qu'il attirait l'œil et savait très bien pourquoi.
Il était grand, au milieu de bus, le dos contre les soufflets, il tentait de regarder ses chaussures de sport rouges, il tentait d'ignorer ces regards.
Hier avait été la rentrée, ç'avait été pareil, les gens l'avait regardé bizarrement, parfois s'étaient contentés de ne pas le regarder ou alors de le faire furtivement, d'être gênés lorsqu'ils étaient amenés à lui adresser la parole.
A ses yeux, il était traité comme un pestiféré. Il tourna soudain la tête, ne sachant pas vraiment pourquoi et, dans les cinq klaxons du conducteur contre un enfant qui traversait la route au feu rouge, il vue les yeux de cette fille à sa gauche, assise, les bras posés sur son sac à dos vert sur ses genoux. Des yeux noirs, de très longs cils, de très longs cheveux tout aussi réglisse que ses iris, mais surtout, des yeux noirs, qui ne se détachait pas de siens, qui étaient clairs. Des yeux qui ne se détournaient pas. Elle avait l'air de mâcher un chewing-gum et de ne pas être dans ses pensées, donc elle le regardait.
Il décida de ne passer outre, alors fut le premier à détourner les yeux. Il sortit de sa poche son téléphone son portable, brancha y ses écouteurs, les vissa dans ses oreilles et ferma les yeux le temps du trajet.
C'était comme si le regard de cette fille brûlait sa peau, il pouvait le sentir comme un rayon de soleil sur sa joue, alors que le temps était pluvieux.
Le bus arriva après quinze minutes devant le lycée, il descendit tranquillement, mains dans les poches dans le brouhaha des lycéens ne pouvant s'empêcher de continuellement parler pendant qu'ils marchent.
Pour la quatrième fois cette semaine, il tentait d'écouter du Heavy Metal, même si ce n'était clairement pas son truc. Mais c'était étrange, il y avait quelque chose d'inhabituel dans la musicalité violente de ce son, comme une voix de fond. Elle devenait de plus en plus forte, il fronça les sourcils en enlevant un écouteur.
- T'es sourd, ou quoi ?
Il se retourna et puis encore elle, la fille au sac vert, elle mâchait toujours son chewing-gum, son amie à côté d'elle. Il observa que sa chevelure était vraiment très longue et pensa furtivement que les filles qui s'amusaient à ne pas couper leurs cheveux faisaient pitiés.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Demanda-t-il, tranquillement.
Elle mâchait rapidement son chewing-gum en le regardant fixement, son amie avait l'air gênée, elle dit d'ailleurs :
- Arrête, on va être en retard, Estelle...
Elle n'en fit rien
- T'as un cancer ?
- Arrête ! S'écria son amie, laisse-le tranquille, ça se dit pas, c'est indiscret !
Il la regarda alors fixement en retour, puis regardait l'autre fille, rousse, un visage criblé de tâches de rousseurs, des yeux bleus extrêmement claires, elle était plus grande en taille et plus jolie.
Même s'il avait été quelque peu surpris par sa question directe, il ne s'énerva pas et répondit normalement en haussant les épaules.
- J'en avais un, je suis guéris.
Elle lui coupa presque la parole.
- Tu peux mettre ta capuche ? Nous imposent pas ça.
Il haussa les sourcils, tentait de régler la chaleur de son corps, serrait son téléphone dans sa poche.
- Pardon ? C'est quoi ton problème ?
- J'ai dit : on veut pas voir ton crâne.
Il ne se contrôlait déjà plus quand il la saisit par la veste la soulevant légèrement, il aurait vraiment voulu la frapper, histoire de calmer son audace. Mais c'était une fille, une putain de salope, pensait-il, alors il ne pouvait pas la toucher.
Elle mâchait toujours son chewing-gum, il ne tenta même pas de regarder quelle réaction pouvait avoir la rousse, derrière, peut-être était-elle déjà en train de prendre ses jambes à son cou.
- Si t'es pas fière de montrer ton crâne chauve, le montre pas, dit-elle. yeux à yeux
Elle marqua une pause.
- Lâche-moi.
Elle avait dit ça sèchement en posant sa main sur celle qui tenait son col, elle dégagea son membre assez facilement car il ne serrait pas et puis elle avança d'un pas vers lui.
- Si tu veux te montrer, montre-toi vraiment au lieu de baisser continuellement la tête. Sinon mets ta capuche.
Elle partit ensuite, après que son amie lui ai lancé un regard plein de désolation, elle suivit alors l'autre.

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Tu vois ? Ca s'effrite
RomansaA vrai dire, l'amour a plusieurs formes, parfois, avant même de pouvoir se former, c'est une une chose plus physique qu'autre chose, une sorte d'attirance. C'est la lumière du tonnerre avant le grandement, le coup de foudre.