Chapitre 3

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Quelqu'un frappe à ma porte de manière brutale. Putain qui, de bon matin, ose venir me déranger ? Si c'est encore ce merdeux de Jérémiah, cette fois je lui colle une bonne droite dans sa gueule. Je me contente d'enfiler rapidement un jean et crie en sortant de ma chambre.

— J'arrive, bordel !

J'ouvre, et, surprise. Il s'agit de Sunny, la femme du bar que j'ai croisée hier soir. Elle entre sans que je ne l'ai invité puis se met à beugler :

— Tu appartiens à un gang de bikers ? Et tu comptais me le dire quand ! Je n'ai pas envie de tremper dans toutes vos magouilles illégales, c'est clair ?

Je me passe une main dans les cheveux, la tête encore dans le cul. Tant que je n'ai pas bu mon café avec une pointe de whisky dedans, toutes les infos n'arrivent pas jusqu'à mon cerveau. Sans répondre, je me dirige vers la cuisine et prépare la machine. En relevant les yeux vers cette vieille folle, je remarque qu'elle m'observe les bras croisés. J'ai bien cerné le personnage et vu son caractère on va s'entendre comme cul et chemise. Évidemment c'est ironique.

— Il me semble t'avoir posé une question.

— Et il me semble que tu n'as pas appris les bonnes manières. On est samedi matin, il est 8h. J'étais censé passer à ton bar à midi. Ça paraissait clair pourtant hier soir.

— Je comptais vraiment faire affaire avec toi jusqu'à ce que j'ai la visite de tes frères. Ils ont massacré mon bar !

Je fronce les sourcils tout en sortant une clope.

— Putain, les bâtards, maugrée-je.

J'allume ma cigarette, aspire la nicotine puis lance :

— Bon, tu n'as pas l'air amoché, donc ils ne t'ont pas touchée. Mais désolé pour tous les dégâts causés. Je suppose que ce sont eux qui t'ont informé de l'endroit où je créchais ? Donc, Jérémiah m'a bel et bien balancé.

Elle lève les yeux au ciel puis se met à faire les cent pas.

— Ah ! Parce que monsieur se cache ? Et bien, oui, ils m'ont donné ton adresse. Ils te cherchent, ça c'est certain. Le mec là, Lenny, s'est présenté comme ton grand frère. Ils m'ont vu parler avec toi hier soir, alors maintenant...

— Alors rien du tout, ne t'inquiètes pas, la coupé-je, en allant récupérer mon café. Je vais te dédommager pour ton bar. Laisse-moi le temps d'aller examiner les dégâts.

Elle secoue la tête, exaspérée. Je souris, puis lui propose une tasse. Qu'elle refuse.

— Je suis juste venue récupérer les bouteilles pour éviter que tu ne reviennes au bar. Un autre carnage, non merci !

Je porte la tasse à mes lèvres et me dirige vers la fenêtre. En scrutant le soleil qui se lève malgré la brume matinale, je demande :

— Ouais, ils ne vont pas tarder à rappliquer. D'abord, ils jouent avec mes nerfs. Tu es sûre qu'ils ne t'ont pas suivie ce matin ?

— Je n'en sais rien. J'avoue ne pas avoir réfléchi. Tu leur as fait quoi à ces types exactement pour être dans leur ligne de mire ?

J'ai un rictus tout en me tournant vers elle.

— Mieux vaut que tu ne saches rien, à part que non, je ne fais pas parti de leur gang.

— Bon, peu importe de toute façon. Vu ce qui s'est passé hier soir, je te propose que dalle pour tes 5 bouteilles. Si j'arrive à écouler le stock d'ici la fin de la semaine prochaine, je reviendrai vers toi.

Je continue à fumer pendant quelques secondes, l'air pensif. Je peux comprendre qu'elle soit en rogne à cause du bordel créé par mon frère. Putain, ce con va me faire couler mon business à peine débuter.

Fais chier.

Les yeux de Sunny me sondent, attendant ma réponse. Son regard descend sur mon torse tatoué. Elle doit sûrement se poser des questions sur la signification des dessins.

— Je vais réfléchir à ta proposition en prenant une douche. Sers-toi un café, mets-toi à l'aise, ensuite comme je te l'ai dit, nous irons à ton bar pour évaluer les dégâts.

Elle ne répond rien alors j'en profite pour m'éclipser. Cette femme a un sacré tempérament. J'ai déjà la migraine, bon sang. Lorsque je reviens quelques secondes plus tard, Sunny discute au téléphone.

— Tu es déjà sur place ? Oui, d'ici midi ça serait super. Ce soir, on diffuse un match, j'ai besoin que tout soit réparé. Si je peux compter sur toi c'est super. Merci.

Exaspérée, elle raccroche puis soupire. Je tente de me racheter comme je peux.

— Mes frères sont déjà passés, ils ne reviendront pas. Et oui, j'accepte de te donner les 5 bouteilles gratuitement. Mais uniquement cette fois.

Sunny s'apprête à me répondre, mais je mets un doigt sur ma bouche pour lui intimer de se taire. À l'extérieur, il me semble avoir entendu comme des bruits de bécanes. Merde ! Je me précipite à la fenêtre, le temps de voir des mecs en Harley se garer puis sortir leurs flingues.

— Sunny, à terre !

— Quoi ?

— À terre, grouille-toi !

Des rafales de tirs se mettent à fendre l'air. Je me précipite vers elle et, courbé en deux, l'entraîne rapidement au fond de la maisonnette. Il y a un abris secret caché par une fausse porte et nous nous y engouffrons. Les balles ricochent dans tous les coins, le bruit est assourdissant. Par instinct, je serre Sunny contre moi pour la protéger.

— Ça va aller, ne panique pas, tenté-je de la rassurer.

Soudain, le calme semble revenir. Puis, j'entends des voix qui ne me sont pas inconnues résonner dans la maison. Ces fils de pute sont entrés.

— Ce connard a mis les voiles ! Il a dû entendre qu'on revenait dans le coin pour finir le boulot.

— Ce n'est pas un souci. On va interroger du monde dans les alentours, et on va le retrouver. Ramenez-le moi, mort ou vif.

Un brouhaha s'ensuit, puis les bécanes s'en vont enfin. Sunny est toujours calée le dos contre moi, et je l'entends murmurer :

— Oh, merde. C'est pas vrai !

— Tu ne crois pas si bien dire. Ça pue toute cette histoire.

Je sens sa respiration s'intensifier. Malgré l'étroitesse de la pièce, elle se dégage de mon étreinte pour me faire face. Mais son corps vacille contre la porte, elle perd complètement l'équilibre et je la rattrape de justesse.

— J'ai... J'ai été touchée, lance-t-elle dans un souffle.

Je baisse les yeux vers son thorax, où, à travers son pull rose se trouve une marque de sang. Devant l'urgence de la situation, mon cerveau démarre au quart de tour. D'un coup de pied je défonce la porte, et l'aide à marcher puis s'asseoir sur le canapé, malgré les débris dispatcher dans le salon. J'attrape une bouteille de rhum, relève son pull malgré le regard noir dont elle m'affuble puis verse le liquide sur sa plaie.

— Direction l'hôpital. Tout de suite.

Elle m'attrape le bras au moment où je veux l'aider à se mettre debout. La respiration entre-coupée, la sueur perlant déjà sur son visage, elle dit d'une voix faible mais autoritaire.

— Attends. Si j'y reste... Si je dois crever, dis à mon grand-père, Handy, que je l'aime et de ne pas... et de ne pas s'en faire pour moi, d'accord ?

Je fronce les sourcils en lui ordonnant de ne pas raconter de conneries. Le temps presse.

— Promets-le moi, Elvis. Allez !

Je remets son pull en place, les nerfs à vifs, puis lui fais cette maudite promesse. Dans tous les cas, il est hors de question de la laisser mourir de cette façon. Je l'embarque à mes côtés dans le pick-up et roule comme un dingue jusque vers l'hôpital le plus proche. 

*** 

Merci de votre lecture. Voilà j'espère que ces 3 premiers chap vous ont plu. Cette fois je vous dis à la semaine prochaine. À bientôt !

Fallen BrothersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant