Chapitre 9

13 2 0
                                    

Un grincement de porte m'enlève de ce sommeil qui m'avait emporté. Après avoir discuté avec ma mère, j'avais décidé de rester passer la semaine avec elle. Je ne bouge pas à mesure que j'entends les pas s'approcher de mon lit. Puis quand la personne se laisse tomber sur mon corps, je pousse un cri d'effroi en même temps qu'elle avant que nous ne nous taisions pour allumer nos téléphones.

- Qu'est-ce que tu fais là? demandons-nous en même temps.

J'arrive à peine à voir Emy qui se range de l'autre côté du lit, appuyée contre sa coude en face de moi. Je parviens quand même à noter ses yeux boursouflés, où semble se refléter tout un monde de tristesse.

- Tu ne m'avais pas dite que tu laisserais la maison aujourd'hui? s'interroge-t-elle, confuse.

Mince! J'avais oublié si je lui avais dit de revenir. De plus, ça veut donc dire qu'elle voulait que je parte? Bref, ça n'a plus d'importance.

- J'étais sur le point de le faire mais ma mère...

- J'espère qu'on ne l'a pas réveillée, me coupe-t-elle en riant.

- J'espère aussi, dis-je avec un sourire gêné.

J'hésite à lui demander ce qu'on fait maintenant qu'elle est là. Est-ce que je dois aller dormir au salon ou par terre? Est-ce qu'elle va devoir s'en aller?

Elle se couche de manière plus confortable en me disant dans un bâillement:

- Le lit est assez grand, bonne nuit.

Je n'ose pas répondre, même pas pour lui retourner le souhait. Elle dépose son téléphone sur la table de chevet alors que je vérifie l'heure dans le mien. Il est à peine onze heures. Au moment où j'allais éteindre l'écran, un message d'Anna s'affiche:

Désolée d'avoir raté ton appel cet après-midi, j'étais très prise à l'hôpital. On se parle demain, bonne nuit.

Je crois juste qu'elle a fait exprès de ne pas décrocher. J'ai bien vu qu'elle était en ligne sur WhatsApp en passant l'appel. J'avais pensé qu'elle n'avait pas décroché parce qu'elle ne savait pas qui c'est mais ma photo de profil est accessible à tout le monde.

Le sommeil ne m'emportera pas si facilement à cause de comment je me suis réveillé et aussi avoir Emy près de moi, disons le, me met mal à l'aise. Je ne sais même pas trop comment me tenir sur le lit. Je respire à peine, ne bouge pas comme si je voulais qu'elle ne s'aperçoive pas de ma présence. Je choisis, par contre, de répondre à Anna:

Pourquoi je ne te crois pas?

Je dépose le téléphone à côté de moi alors que je me couche sur le dos, fixant l'obscurité. Une minute après, il vibre, annonçant un nouveau message. Emy bourgonne quelque chose mais je ne fais pas attention. 

Les coupables sont toujours suspects, écrit Anna.

Je souris bêtement en réfléchissant à ma prochaine réponse:

Un dîner pour me faire pardonner?

En vrai, je ne sais pas ce que j'ai fait. Ah! Les femmes.

Essaie encore, répond-t-elle.

- Tu pourrais éteindre ton téléphone? m'interrompt Emy d'une voix paresseuse. J'essaie de dormir.

- Je croyais que tu t'étais déjà endormie, dis-je.

Elle ne réplique pas mais je l'entends en train de chuchoter à mesure que je continue de texter.

Emy [Tome II: Eternellement]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant